Note individuelle
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Restée célibataire, Fanny Balaÿ, très soucieuse du sort des jeunes ouvrières, participe à diverses maisons de secours, notamment le Pieux secours et le Refuge confiées aux sœurs de Saint-Joseph.
Des filles et des femmes de fabricants de rubans participèrent aussi activement aux œuvres de charité chrétienne. Fanny Balaÿ (1783-1844), fille aînée de Jean-François Balaÿ, aida les jeunes ouvrières pauvres qui travaillaient pour le commerce de son père et fit partie des dames patronnesses qui permirent l'installation à Saint-Etienne de la Providence.
(Source : voir fichier Geneanet de Jean Colin de Verdière).
M. Jean-François BALAŸ fonda à Saint-Etienne un commerce de fabricant de rubans, qui acquit rapidement une grande importance et qui fut brillamment continué par ses fils. Mlle Fanny BALAŸ contribua, dans une certaine mesure, au succès de la maison de son père, par les soins assidus et intelligents qu'elle donnait à l'intérieur du magasin : petite de taille et faible de corps, elle avait reçu de la nature un esprit actif et ferme et une âme pieuse et vraiment charitable. Constamment en rapport avec les nombreuses ouvrières qui travaillaient pour le commerce de son père, elle avait appris de bonne heure à connaître les besoins de cette classe intéressante, et elle s'appliqua toute sa vie à en soulager les misères.
Il n'existe peut-être pas à Saint-Etienne un seul établissement de bienfaisance créé de son temps, qui n'ait été l'objet de ses soins et de ses libéralités. Mais sa sollicitude eut surtout pour objet les jeunes filles d'ouvriers pauvres, les orphelines et celles que l'extrême dénuement de leurs parents laissait sans moyen d'existence et d'éducation.
Ainsi elle concourut successivement à l'établissement de la Providence, au quartier de la Croix ; du Pieux Secours, sur l'emplacement de l'ancien couvent des capucins, rue de la Paix; et du Refuge, dans l'ancienne maison des marquis de Saint-Priest, à Tardy.
La Maison de la Providence, commencée vers 1812 dans un bâtiment des hospices, rue Valbenoîte, fut transférée en 1825 dans son local actuel (Plusieurs dames de Saint-Etienne s'occupèrent activement de cette maison. Nous citerons entr'autres madame NEYRON née ROYET de MÉONS, Madame JOVIN-DESHAYES née JOURJON, madame THIOLLIÈRE-LASSAGNE née JOVIN et madame PEYRET-DAVID).
Le Pieux Secours surtout fut l'œuvre de Mlle BALAŸ et d'une pauvre et admirable fille, Reine FRANÇON, dont nous esquisserons aussi la vie. Il commença dans un petit appartement d'une maison particulière, rue de la Loire, en 1822.
Ces deux maisons, dont la direction fut remise aux sœurs de Saint-Joseph, furent autorisées par ordonnance royale du 30 juillet 1828 ; leur but était de recueillir de très-jeunes filles orphelines ou absolument pauvres, de les élever et de leur apprendre un état.
C'est encore Mlle Fanny BALAŸ qui prit la part la plus active à l'établissement du Refuge, autorisé par ordonnance royale du 26 novembre 1840, et confié aussi aux sœurs de l'ordre de Saint-Joseph
Mlle BALAŸ eut la satisfaction de voir ces maisons charitables prospérer et rendre de grands services à nos familles pauvres. A sa mort, en 1844, il y avait dans ces trois établissements, qui devaient tant à son esprit bienfaisant et organisateur, près de quatre cents jeunes filles, occupées pour la plupart à des travaux sur la soie et arrachées à la misère (Quatre ans plus tard, dans la soirée du 14 avril 1848, ces trois maisons furent dévastées par la populace ; le mobilier et surtout les dévidoirs et autres ustensiles pour la préparation de la soie furent brisés et brûlés. La ville de Saint-Etienne fut condamnée judiciairement à des indemnités. Mais ces établissements, réduits à des travaux de lingerie, n'ont pas retrouvé leur ancienne prospérité.).
L'expérience que Mlle BALAŸ avait acquise dans la fondation de ces œuvres, fut très-utilement invoquée lors de la création en 1843, d'une Providence pour les petits garçons orphelins ou pauvres, établie d'abord au Coin, sur l'ancienne route de Montbrison, et transportée depuis peu sur la commune de Saint-Genest-Lerpt, dans la maison des frères de l'ordre de Saint-Joseph.
Cet ordre nouveau a pour but de recueillir et de former à une profession, les jeunes garçons dont la conduite a donné des sujets de plainte ou d'inquiétude. Il est encore dirigé par son fondateur, le vénérable abbé REY, né dans le département de la Loire, près de Feurs. La maison principale de l'ordre est dans l'ancienne et célèbre abbaye de Cîteaux (Côte-d'Or).
Mlle Fanny BALAŸ avait, comme nous l'avons dit, beaucoup d'intelligence, de piété et de charité; mais ce qui la distinguait surtout, c'était un esprit actif, pénétrant dans les détails et embrassant l'ensemble, et une rare aptitude pour l'organisation et l'administration; c'est grâce à ces qualités réunies que les œuvres dont elle s'est occupée lui ont survécu : personne n'a travaillé plus efficacement qu'elle au soulagement réel des pauvres et surtout des enfants.
Elle était la sœur de M. Jules BALAŸ de La BERTRANDIÈRE, qui a été député de Saint-Etienne au Corps législatif de 1852 à 1862, et la tante de M. Francisque BALAŸ, député actuel.
Sur la fin de sa vie, Mlle BALAŸ passait la plus grande partie de l'année dans sa maison de campagne, près de la Fouillouse, et là continuait à faire le bien, comme elle l'avait fait à Saint-Etienne; elle concourut par un don généreux à la fondation d'un hôpital. Elle fit dans sa propriété de nombreuses plantations de mûriers; dirigea elle-même, pendant plusieurs années, des éducations de vers à soie dont le succès lui valut, en 1840, une médaille d'argent de 1re classe, que lui décerna la Société industrielle et agricole de Saint-Etienne.
A l'âge de 55 ans, le 16 mars 1844, elle fut enlevée par une courte maladie à l'affection de sa famille et à la reconnaissance des pauvres, qui n'ont point encore oublié sa mémoire.
(Source : Notices Biographiques Stéphanoise, par M. DESCREUX, Saint-Etienne, Librairie Constantin, 1868, pages 23-26).
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