L'assassinat du docteur Aimé Guinard

Chirurgien des Hôpitaux de Paris

(1856-1911)

Cet article a été imprimé en un exemplaire est déposé au service des Archives de L'Assistance Publique des Hôpitaux de paris


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Le Docteur Aimé Guinard, chirurgien en chef de l’Hôtel-Dieu, est mort le 17 juin 1911, à l’âge de 55 ans, des suites de ses blessures, reçues quelques jours plus tôt sur son lieu de travail, à l’Hôtel-Dieu, alors qu’il devait présider en septembre de cette même année 1911, la section chirurgicale du Congrès  de la tuberculose de Rome. Que s’est-il passé ???

Avant de dérouler le film des événements qui aboutirent à la mort de ce médecin réputé, estimé de ses confrères, et apprécié de ses élèves, nous allons étudier un peu la vie et la carrière de cet homme, puis nous verrons les faits proprement dits.

le docteur Aimé Guinard

Le docteur Guinard

Marie Aimé Désiré Guinard naît le jeudi 8 mai 1856 à Saint-Etienne (42), à 17h00, au domicile parental sis 5 rue de Foy. Il est le fils de Victor Jean Guinard, pharmacien à Saint-Etienne, et de Jeanne Mélanie Prost. Sa famille était originaire de Saint-Laurent-en-Royans (26). Peu avant la Révolution, elle quittait le Dauphiné et s’installait à Montbrison (42), et Saint-Bonnet-le-Château (42), où l’arrière-grand-père d’Aimé se mariait en 1786. Au début du XIXème siècle, la branche de Saint-Bonnet s’installe à Saint-Etienne. Son père, Victor, fils d’André Guinard, marchand drapier, et de Marguerite Bessy, fit ses études de pharmacie à Paris, où il fut interne des docteurs Roux, Guersant et Chomel, à l’Hôtel-Dieu, avant de retourner se fixer en 1849 à Saint-Etienne, sa ville natale. Il y avait épousé Mélanie Prost, une jeune fille issue d’une ancienne famille du Forez, qui avait des liens de parenté avec Pascal.     Selon la transcription d’une lettre du docteur Guillaume (dont Aimé fut témoin de mariage en 1895 et adressée le 11 juin 1959 au docteur Urbain Guinard, de Saint-Etienne), à son arrivée à Paris, Victor trouve, pour l'accueillir, les amis de son père, dont le docteur Louis Ducour, qui l'aida de ses conseils, les familles Prost, parents de sa femme, et Daqreel-Courras, où son couvert l'attendait souvent pour le dîner. Selon ce que disait le docteur Rochard de Victor : « d’une probité professionnelle scrupuleuse, il fut vite apprécié et estimé de ses concitoyens. Il a laissé parmi eux la réputation d’un homme instruit, cultivé, mais se faisant remarquer surtout par sa bonté, sa simplicité, sa modestie, qualités qu’il sut léguer à son fils ». Cette même lettre du docteur Guillaume parle d'une anecdote de la Révolution Française. Un ancêtre d'Aimé, malheureusement non nommé dans la lettre, ramassé par le Comité Révolutionnaire, était conduit au Tribunal de Montbrison, lorsqu'un garde de la colonne l'entendant appelé Guinard, lui demande s'il n'était pas du Dauphiné. Ce Guinard répondant par l’affirmative, ce compatriote le fit évader la nuit suivante, et ainsi éviter "l'abbaye de monte à regret", comme on appelait la guillotine ! Le docteur Guillaume précisait : J'ai connu ce détail dans les souvenirs de Victor Guinard, le père d’Aimé.

Mais revenons à Aimé qui, après de brillantes études à Saint-Etienne, où il obtient son baccalauréat, et aussi la médaille d’or de dessin de la ville, effectue deux ans de stage dans la pharmacie paternelle. Un ami de son père, le docteur Riembaut, chirurgien de l’hôpital de Saint-Etienne, qui se faisait aider par Aimé qui suivait le service, avait remarqué ses aptitudes médicales. Ce médecin conseilla à la famille d’envoyer ce jeune étudier à Paris. Le docteur Ducom, pharmacien de l’hôpital Lariboisière à Paris, encouragea la famille dans cette voie. Il "monte" donc à Paris en 1875, à 22 ans, pour étudier la Médecine. Selon le docteur Rochard, qui fit une éloge du docteur Aimé Guinard dans la France Médicale, sur le quai de la gare sa famille attendait très émue le départ du train, Aimé prit une feuille de son carnet et la leur jeta après y avoir écrit « voici mon adresse dans 30 ans : Docteur Guinard, chirurgien de l’Hôtel-Dieu à Paris ». A l’occasion de la leçon d’ouverture de son cour de clinique annexe, Aimé, devenu chirurgien racontait cette anecdote en disant « il y a tout juste 30 ans que se passait cette petite scène de famille, et voilà réalisé le rêve fou de ma jeunesse ».
Il est reçu au concours d’externe des hôpitaux en 1877 et, travaillant avec acharnement, il n’aura besoin que de deux années d’externat pour être reçu au concours d’interne des Hôpitaux de Paris en 1879. De 1880 à 1883, Aimé effectue son internat dans les services du docteur Verneuil, à l’hôpital de La Pitié, puis dans ceux du docteur Tillaux, à l’hôpital Beaujon, deux chirurgiens qui eurent une très forte influence sur lui, et dont il parlait toujours avec respect et admiration. En 1881, il est aussi aide d’anatomie à la Faculté. Il soutient sa thèse de doctorat sur "le traitement de la pleurésie pulmonaire", en 1884. Son internat terminé, on le retrouve de nouveau à La Pitié pour son clinicat, en tant que chef de clinique chirurgicale à la Faculté en 1885, puis de nouveau dans les services du docteur Verneuil en 1886.
Ayant pris l’habitude d’écrire toutes les semaines à ses parents, depuis qu’il était à Paris, Aimé leur écrit vers cette époque : Quel métier que celui de médecin, comme on entre dans le cœur des familles ! Comme il faut être honnête et comme on pourrait faire du mal si l’on n’était pas invulnérable quant à la conscience ! Ah ! je vous assure, mon cher père, que les principes sévères que vous nous avez inculqués ne sont pas de trop, pas plus que la droiture dont vous nous avez imbibés ! Cette façon de penser nous donne une idée de la très haute opinion qu’il se faisait de son métier de médecin.
Cette même année 1886, il épouse le vendredi 7 mai, à 13h30 à Paris (6ème), Marie Eugénie Augustine Sénac, sans profession, fille du docteur Hippolyte SÉNAC, ancien interne des Hôpitaux de Paris, et de Perrette Marie Antoinette Joséphine Tixier. On retrouve d’ailleurs, parmi les témoins de ce mariage, Aristide Verneuil, docteur en médecine, officier de la Légion d'honneur, et André Chantemesse, docteur en médecine. De cette union naîtront quatre enfants (Jeanne Marie Joséphine, en 1887, Paul Aimé Joseph, en 1889, Jean Paul Eugène, en 1891, et Germaine Julie Henriette, en 1894). Mais seules ses deux filles vécurent et devinrent toutes deux religieuses.
En 1889, Aimé Guinard termine son clinicat. Bien qu’il ait entendu un des membres du jury du concours dire de lui celui-là ne sera  jamais chirurgien des Hôpitaux, il s’obstine dans son travail et, en 1892, il est nommé chirurgien des hôpitaux, comme assistant du docteur Peyrot. Il est en service à l'hôpital Saint-Louis où, malgré tous ses efforts, il ne parvint à sauver une des victimes, du cyclone qui, pendant une minute, a terrifié la population de la place Saint-Sulpice à la place de la République, et fit 5 morts et 70 blessés le 10 septembre 1896. A partir de 1899, il dirige successivement les services de chirurgie des hôpitaux d'Ivry, de Bicêtre en 1900, de la Maison Municipale de Santé Dubois à Paris en 1901, de Tenon en 1903, de l'hôpital Saint-Louis en 1904, puis enfin en 1906 le service de chirurgie de l'Hôtel-Dieu. Selon la lettre du docteur Guillaume, c’est là qu'il donna sa première leçon du cours annexe de propédeutique (signifiant préparatoire) chirurgicale.
En décembre 1911, lors de la séance annuelle de l'Académie de Médecine, qui se tint le 12 décembre, les prix pour l'année 1911 étaient décernés, et le docteur Guinard avait obtenu le prix Laborie, pour ses travaux sur les affections chirurgicales de l'abdomen.
l'Hôtel-Dieu depuis le pont au double

Aimé Guinard était un esprit novateur et n’hésitait pas à aborder les domaines les plus délicats de la chirurgie, mettant même une certaine "coquetterie" à enlever un fibrome en quelques minutes, afin de diminuer les risques d’infection. Il fut aussi un précurseur de le pylorectomie en France (la pylorectomie est l’ablation partielle ou totale du pylore, orifice de sortie de l'estomac), et publia ses travaux sur le traitement des anévrismes du cou par la méthode de Brasdor (l’anévrisme est la dilatation localisée de la paroi d'une artère provoquant l'apparition d'une hernie, et Pierre Brasdor était un chirurgien français du XVIIIème siècle qui inventa une méthode de traitement des anévrismes qui porte son nom), ou la ligature de la carotide primitive. Par la suite, il s’intéressa à la chirurgie abdominale, et fit paraître un volume sur le sujet, dans le traité de Le Dentu et Delbet, empreint d’une certaine originalité, dans lequel il attribuait certaines fausses-couches et grossesses extra-utérines à l’inflammation de l’appendice, ce qui pour l’époque paraissait impensable. On ne peut oublier ses travaux sur les pancréatites, qui sont à l’origine de la connaissance, du traitement et du diagnostic de ces maladies. On peut dire aussi qu’il est à l’origine de la vulgarisation de la chirurgie de l’estomac en France.
Aimé publia d’importants travaux tels : Comparaison des organes génitaux de l’homme et de la femme (en 1866), du meilleur mode de traitement de la pleurésie purulente (en 1884), un traité chirurgical du cancer de l’estomac, gastrectomie, gastro-entérostomie, opérations diverses (en 1892, suite à une séjour en Autriche et en Suisse en 1890, où il étudia cette maladie avec les médecins locaux), les hernies gangrenées, les anévrismes de la base du cou, le traitement du cancer utérin par le carbure de calcium. Il fait en outre de nombreuses communications au Congrès de Chirurgie, notamment sur le cancer de l’estomac, et les ligatures artérielles dans les anévrismes.
Mais les dernières années de sa vie, ce qui semblait le motiver le plus, c’était l’enseignement qu’il apportait à ses élèves tous les matins. Ses cours attiraient de nombreux auditeurs, à qui il disait il faut traiter les malades avec une douceur et une patience de mère. Le chirurgien bourru et brutal ne doit plus exister et ajoutait je ne vous ferai pas l’injure de parler de dévouement, de bienveillance, de charité, de bonté.
Le docteur Aimé Guinard, outre son métier de chirurgien, fut Président du Syndicat des Médecins de la Seine, Vice-Président de la Société Anatomique (en 1896), Secrétaire Général de le Société Française de Chirurgie, Secrétaire de Rédaction du Bulletin Général de Thérapeutique où il publia de nombreux articles. Il était aussi médecin-major de 1ère classe de l'Armée Territoriale.
Yvette Guilbert, chanteuse de café-concert assez célèbre à la fin du XIXème et au début du XXème, qui fut atteinte à partir de 1900 d'une grave maladie rénale, en parle ainsi  dans ses mémoires, la Chanson de ma vie, parues chez Grasset : le brave, l'adorable chirurgien Guinard, qui mourut terriblement assassiné par un fou, à l'hôpital de l'Hôtel-Dieu, m'appelait l'enfant du miracle. Fut-elle opérée, ou seulement soignée par le docteur Guinard ?...
Par décret présidentiel en date du 8 août 1907, sur rapport du ministre de l'Intérieur, Aimé Guinard est fait chevalier de la Légion d'honneur.


La tragédie

Vers 12h30, le 12 juin 1911, le professeur Guinard vient de terminer la visite quotidienne de ses malades à l’Hôtel-Dieu, où il est depuis cinq ans directeur de la clinique chirurgicale. Accompagné de ses deux internes, messieurs Séguinot et Miginiac (Jean Gabriel Miginiac, interne en 1909, deviendra à son tour chirurgien, très actif pendant la Grande Guerre. Chevalier de la Légion d'honneur par décret du 20 juillet 1932, il sera professeur de chirurgie à la Faculté de Médecine de Toulouse. En août 1963, il écrira au dos d'un faire-part de mariage ce qu'il avait fait pour sauver le docteur Guinard : page 1, page 2), il descend tranquillement l’escalier qui donne accès à la cour d’honneur. Miginiac se trouve à la gauche du docteur Guinard, et Séguinot à sa droite. Une sage-femme, Madame Fremendity, vient l’aborder pour lui demander quelques conseils d’ordre professionnel, et lui recommander une malade de son service, à laquelle elle s’intéresse particulièrement. Le professeur Guinard s’arrête quelques instants et lui répond, lui promettant de s’occuper de cette patiente. Le médecin et ses assistants repartent et longent la colonnade qui aboutit à la porte donnant sur le parvis de Notre-Dame, où se trouve la voiture du docteur Guinard. De derrière une des colonnes surgit un homme, qui vient à la rencontre du groupe. Celui-ci brandi soudain un revolver ! Une détonation retentit, aussitôt suivie de quatre autres. Le docteur Guinard, touché à bout portant, chancelle…, puis s’écroule, grièvement blessé ! L'interne Miginiac se jette sans réfléchir sur le tireur, se tenant derrière lui et l'ayant attrapé par les épaules pour le terrasser. Grâce à ce geste héroïque, les balles tirées se perdirent, dont une dans le pantalon de l'interne Séguinot, sans le blesser heureusement. Seule la première balla avait atteint le docteur Guinard, au nieau de la région lombaire droite, et était ressorti par la région de l'ombilic.

le lieu du drame

L'interne Miginiac réussit à désarmer le tireur qui réussit à s'enfuir, mais fut rattrapé et capturé sur la parvis de Notre-Dame, car le concierge (Il reçut plus tard une médaille) de l'hôpital avait donné l'alerte. Il était 13h00, et à ce moment-là arrivèrent 8 professeurs et agrégés de chirurgie de 2 jurys du 5ème examen de clinique chirurgicale. Parmi eux, deux chirurgiens éminents étaient présents, le professeur Rochard, de l’Hôpital Saint-Louis, ami du docteur Guinard, et le professeur agrégé Pierre Duval, de l’Hôtel-Dieu
Le malheureux docteur Guinard est transporté dans la salle d’opération de son service de chirurgie, la salle Saint-Côme, où les premiers soins lui sont prodigués. Aussitôt, l’état du blessé est jugé très grave. Les coups de feu l’avaient en effet atteint au niveau de l’abdomen et aux reins, selon le rapport de Police, le bulletin des médecins intervenants notant des plaies pénétrantes multiples à l’abdomen.
Immédiatement avisés du drame qui venait de se produire, les membres du jury de l'épreuve qui devait se dérouler à l'Hôtel-Dieu accourent au chevet du blessé et, assistés du docteur Ombredanne, peuvent pratiquer les opérations nécessaires, bien que très délicates, une heure plus tard à peine, et donc avant qu’une grave infection n’ait pu se développer.
Doté d’un grand sens clinique, le docteur Guinard s’était fait une idée exacte de son état. Il se savait les reins malades et l’avait d’ailleurs confié à son ami le professeur Rochard, qu’il avait lui-même désigné pour l’opérer, lui disant Fais-moi une grande incision, explore bien tout l’intestin et souviens-toi que les perforations intestinales sont toujours en nombre pair. Puis, tout à fait conscient de la gravité de son état, il ajoutait C’est toi qui me remplacera dans mon service de l’Hôtel-Dieu.
Assisté du professeur Duval, le docteur Rochard pratique une laparotomie (opération qui consiste à ouvrir l’abdomen. Son but est le diagnostic ou la thérapie.). L’intestin grêle est perforé en cinq endroits. Une intervention permet de suturer ces blessures et de lier des vaisseaux importants telle l’artère colique (qui se rapporte au colon) droite supérieure. Mais une balle a littéralement "labouré" un des reins, et une anurie (diminution du volume urinaire en dessous de 100 ml par jour chez l'adulte, entraînant donc un empoisonnement progressif par les toxines qui ne sont plus éliminées) survint immédiatement après l’opération. Les médecins et ses internes ne quittèrent pas le docteur Guinard d’une minute et tentèrent tout ce qui était humainement possible pour sauver leur ami ou leur maître. Seul le patient restait sceptique, et on le voyait de temps en temps se tâter le pouls. Le lendemain de son opération, il disait à ses internes qui se trouvaient à son chevet Mes pauvres enfants, je vais vous ennuyer pendant trois jours et le quatrième je m’en irai. L’anurie restant complète, ses forces déclinent petit à petit. Voyant la fin proche, il fit demander un prêtre de ses amis à son chevet. Après avoir reçu les derniers sacrements il déclara pardonner à son meurtrier, puis sombra dans le coma.
Le docteur Guinard meurt des suites de ses blessures à l’Hôtel-Dieu, le 17 juin 1911, à 1h45, entouré de sa famille, de ses amis, et de ses élèves. La déclaration de ce décès est faite à la mairie du 4ème arrondissement de Paris le même jour à 15h00, par Jean Grange et Baptiste Lefeuvre, employés de l’hôpital. Aimé Guinard est mort avec beaucoup de stoïcisme, sans se plaindre de son sort, ni de la douleur, disant simplement : Moi qui croyais ne pas avoir un seul ennemi.
Son corps, une fois l'autopsie ordonnée par le juge d'instruction, et pratiquée par le docteur Balthazard, fut exposé dans une chapelle ardente dans la cour d'honneur de l'hôtel-Dieu, et veillé par un interne.
L'autopsie pratiquée révèlera 2 découvertes :
1° Le rein gauche était énorme, polykystique en grappe de raisin, quasi détruit. Cela impliquait que le docteur Guinard ne vivait qu'avec le rein droit.
2° Le rein droit avait était perforé par la balle qui avait atteint le docteur Guinard, et un fragment de l'organe
bouchait l'uretère comme un bouchon dans un goulot. C'est ce qui avait provoqué l'anurie, puis la mort.

entrée chapelle de l'Hôtel-Dieu

Le 21 juin 1911, un long cortège de parents, amis, élèves, et personnes de toutes qualités, suivirent le convoi funèbre, depuis la chapelle de l’Hôtel-Dieu (aujourd’hui l’amphithéâtre Trousseau), jusqu’à Notre-Dame pour assister aux funérailles solennelles, non sans avoir fait le tour du parvis, selon une vieille tradition parisienne. Seules les personnes munies d'invitations officielles furent admises à entrer à l'Hôtel-Dieu pour la levée du corps à 10h00, la famille n'ayant pas envoyé de lettres. La messe fut célébrée par l'abbé Cabanoux, curé de Saint-Thomas-d'Aquin, assisté de l'abbé Courras, premier vicaire de la basilique Sant-Denis, et ami d'enfance du défunt. l'absoute a été donné par l'archidiacre Thomas, représentant Monseigneur Amette, archvêque de Paris. La dépouille fut ensuite dirigée sur la commune de Saint-Marcellin, dans la Loire, lieu où le docteur Guinard possédait une vieille propriété familiale. Les paysans de ce village sollicitèrent la faveur de le porter eux-mêmes en terre, lors d'une cérémonie célébrée le 20 juillet 1911 en l'église paroisiale de Saint-Marcellin.

Mais qui était donc l’assassin ? 

Cet homme, d’origine espagnole mais habitant depuis longtemps en France, que l’on considère comme un déséquilibré, était un ancien patient que le docteur Guinard avait soigné quelques mois auparavant (vers 1909 selon l'interne Miginiac). Quelques jours plus tôt, il avait d’ailleurs déjà tenté sans succès de perpétrer son acte.

Candido Luis Jacinto HERRERO

Son nom était Candido Luis Jacinto Herrero. Il était né le 7 septembre 1874 à Barcelone (Espagne), d'un père tailleur d'habits. Il était ouvrier tailleur de profession (coupeur), marié à Jeannette Dolorès Llopès, l'une de ses compatriotes, qu'il avait épousée à Alger le 20 février 1904, et père d'une fillette de 6 ans. Après son mariage en Algérie, il avait séjourné en Tunisie, avant de venir en France.
Selon la Presse, Herrero ne semblait pas jouir de toutes ses facultés mentales.
Pendant plusieurs années, il fut employé dans l'atelier de deux tailleurs à Perpignan, les atliers Balène et Boy. Monsieur Balène, son premier patron, raconte au Procureur que lui aussi avait faillit être une victime d'Herrero. Monsieur Balène lui ayant en effet fait une observation sur son travail, l'employé s'était jeté sur lui et, armé d'un ciseau de coupe, lui avait porté plusieurs coups. Monsieur Balène ne fut heureusement que blessé sans trop de gravité.
En 1911, il habitait 28 allée du Moulin-Joli à la Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine), un petit appartement qu'il louait depuis avril, au 2ème étage d'une villa d'apparence coquette, perdue dans la verdure. Ce logement comportait deux pièces somairement meublées, et une cuisine. Il y vivait seul, et sortait peu, sauf pour aller matin et soir dans une épicerie voisine, chercher trois litres de lait, ce qui composait l'essentiel de son alimentation. Il se rendait de temps en temps à Paris, pour prendre ou rapporter l'ouvrage confier par des tailleurs pour dame de la capitale. La maison où Herrero louait son logement appartient à une madame Marquilly, dont le mari est employé à l'imprimerie Chaix. Ses colocataires sont Madame Hannequin, couturière et Madame Fourchotte. Toute deux font l'éloge du travail d'Herrero, surtout Madame Hannequin, qui venait souvent dans son atelier. Selon ces dames, lorsqu'il souffrait, c'était horrible. Des jours entiers, on l'entendait gémir, hurler en marchant dans sa chambre, heurter les murs de la tête. Et lorsque après des luttes pareilles contre la douleur on le voyait aller à ses provisions, triste et lamentable, sa longue moustache noire tombante, chaussé de savates éculées, vêtu d'un veston râpé et d'un sordide pantalon effrangé au bas des jambes, on pouvait lui trouver triste mine.
La veille de son crime, contrairement à ses habitudes, il était allé avec un ami dans un café proche de son domicile, et avait consommé une absinthe.
Il avait d'abord été soigné à la Charité et à Beaujon, avant de se présenter, sur les conseils d'un autre malade, à l'Hôtel-Dieu, au service du docteur Guinard, en vue de son opération. Il avait souvent déclaré qu'il avait subi une grave opération que le chirurgien n'avait pas réussie. Son opération avait necessité des soins très délicats, et comportait des suites pénibles. Il dut s'imaginer des choses extraordinaires et ainsi nourrir une haine envers le médecin qui l'avait pourtant très bien soigné.
Ce 12 juin 1911, ayant certainement prémédité son acte, il s'habilla avec grand soin, allant même jusqu'à se parfumer. Il monta chez Madame Hannequin, sa voisine, pour lui rapporter des fers à repasserqu'il lui avait empruntés. Avant de partir pour Paris, il ferma les volets de son appartement et ses portes à double tour. Ceux qui l'ont croisé ce jour là, déclarent qu'il lui ont trouvé son air habituel, et qu'il ne montrait aucune exaltation.

Aussitôt interpellé, comme nous l'avons vu plus haut, il est conduit au commissariat du Quai aux Fleurs. Lors de son interrogatoire, il aurait déclaré : Sans raison le docteur Guinard m’a coupé le rectum, et je n’ai pu lui pardonner cette mutilation. J’avais juré de me venger. J’ai tenu parole, je suis content. Il aurait également déclaré qu'après l'opération, je ramarquai que tout le monde souriait dans la salle d'opération. Je crus comprendre qu'on se moquait de moi.
D'après le registre de main-courante du commissariat, il ressort que Candido Herrero s'était rendu à l'Hôtel-Dieu, ce 12 juin 1911, dans le but d'attendre le docteur Guinard, qui l'avait opéré plusieurs mois auparavant, à la sortie de sa consultation. Il avait au préalable acheté un revolver de marque Browning's, de calibre 7,65 mm. Il a tiré à bout portant sur le docteur Guinard sous la galerie couverte de la cour, au moment où celui-ci sortait de l'Hôtel-Dieu, l'atteignant à l'abdomen et aux reins. Les témoins ont déclaré qu'ils avaient bien vu Herrero stationner sous la voûte, mais que rien ne paraissait suspect dans son attitude, qu'il n'a prononcé aucun mot, et qu'il était impossible de prévoir son geste.


Main-courante recto Main-courante verso

Selon les relations des faits dans la Presse, il semble que Candido Herrero souffrait d'un abcès situé à l'anus, une fistule. Il s'était fait soigner à l'hôpital de la Charité, puis à Beaujon, où il fut traité par l'application de pointes de feu. Ses souffrances furent tellement atroces, qu'il suivi les conseils d'un patient qui lui vantait les mérites du docteur Guinard, alla le consulter à son cabinet, et ce dernier lui donna un rendez-vous dans son service. Après l'opération pratiquée par le docteur Guinard, il semblerait que Candido Herrero soit devenu impuissant, ou bien incontinent, on ne sait exactement, d’où cette envie de vengeance. Il estimait avoir été opéré inutilement, et se disait estropié et dans l'impossibilité de se livrer à un travail régulier.
Il avait d'ailleurs déclaré, qu'il tuerait le docteur Guinard, et s'était déjà présenté, quelques jours auparavant au domicile du praticien, rue Godot de Mauroy, et avait tiré un coup de révolver sur lui,
comme le rapporte le Gaulois du 13 juin 1911 page 4. Mais l'intervention rapide d'un domestique, qui fut blessé au visage, avait sauvé le médecin. Par piétié pour son patient, le docteur Guinard n'avait pas voulu déposé plainte.
L'après-midi même du 12 juin, il est écroué, à disposition de Monsieur Beer, juge d’instruction chargé de l’enquête, qui doit l’auditionner le lendemain.
Lors de son audition devant le juge d'instruction, Monsieur Beer, le lendemain des faits, il aurait demandé au juge l'ai-je tué ? et, devant la réponse du juge signalant des blessures mortelles, paraissant plein de remords, il aurait dit Qu'ai-je fais? en sanglotant. Trois médecins spécialistes, les docteurs Ballet, Vallon et Claude, furent nommés par le juge afin de procéder à l'analyse psychiatrique de Candido Herrero.
Lors d'une comparution devant le Juge d'Instruction, selon les dires de son avocat qui lui avait été commis d'office, Maître Paul Reynaud, lorsqu'il apprit la mort du docteur Guinard,  Candido Herrero paru très affecté… et pleura.

Nous ne possédons malheureusement que peu de renseignements, la procédure judiciaire concernant cette affaire n'ayant pas été conservée aux Archives de la Préfecture de Police, et le dossier d'instruction n'a pas été non plus conservé aux Archives de Paris. Dans les registres d'autopsie de la Préfecture de Police, aucune mention concernant l'autopsie du docteur Guinard n'apparaît. Selon la main-courante, seule pièce judiciaire officielle conservée aux Archives de la Préfecture de Police, la procédure policière comportait 9 procès-verbaux, 2 scellés et un plan. Selon le Gaulois du 15 juin 1918, page 1, la folie du meurtrier fut nettement établie et l'instrcution aboutit à l'internement.

L’Hommage

L’un des premiers hommages à la mémoire de cet éminent chirurgien, fut que, dès la nouvelle connue, un grand nombre de personnalités du monde médical et du monde politique soient venus à l'Hôtel-Dieu pour tenter de voir ou d'avoir des nouvelles du blessé. Ils ne furent cependant pas admis à la visite, compte tenu de l'état du patient. Cette affaire fut largement relatée dans de la Presse : l'Echo de Paris , le Figaro, le Gaulois, l'Intransigeant, le journal du 13 juin 1911 page 1, page 4, et du 22 juin 1911 page 2, le Matin, le Petit Journal, le Petit Parisien, la Presse, le Stéphanois du 14 juin 1911 page 3, du 15 juin 1911 page 2, du 19 juin 1911 page 2, du 23 juin 1911 page 2.
D'autre part, le Président du Conseil Municipal de Paris a fait prendre de ses nouvelles. Un certain nombre de Sénateurs ont pris en plus l'initiative d'une pétition, à destination du Ministre de l'Intérieur, dans laquelle ils demandent la croix d'officier de la Légion d'honneur pour le docteur Guinard. La Ville de Paris, à l'annonce du décès, décida de prendre à sa charge les funérailles. Le Gaulois du 17 juin 1911, page 5, rapporte que le président du conseil a envoyé, heir soir, le docteur Le Moignier, chef de son secrétariat, prendre des nouvelles du docteur Guinard et annoncer à la famille de ce dernier qu'aujourd'hui il ferait signer le décret nommant l'éminent chirurgien officier de la Légion d'honneur. Ce décret ne fut cependant pas signé, du fait de la mort du docteur Guinard, comme le mentionne le Gaulois du 18 juin, page 2.
Dès octobre 1911 s'est constitué, sous la présidence de M. Mesureur, un comité pour élever un monument à la mémoire du docteur Guinard. Avec la plus grande partie des souscriptions déjà recueillies en novembre, il est décidé de fonder un prix qui sera décerné chaque année, par l'Académie de Médecine, l'Institut ou la Préfecture de la Seine, à une victime du devoir. Il est également envisagé de baptiser une des salles de l'Hôtel-Dieu et un bastion-hôpitalau nomdu docteur Guinard.
Le Gaulois du 21 juin 1912, relate la célébration, en l'église de Saint-Marcellin (Loire), d'une messe anniversaire de la mort du docteur Guinard, à laquelle une nombreuse assistance s'est jointe à la famille "voulant ainsi donner à celui qui fut le bienfaiteur des humbles un nouveau témoignage de reconnaissance".
Le 15 janvier 1913, lors de la séance annuelle de la Société de Chirurgie, le docteur E. Rochard prononçait devant cette assemblée une éloge du docteur Guinard.  Ce discours fut par la suite édité sous forme d’un fascicule, que l'on peut consulter notamment aux Archives des l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris. 
Le mardi 24 juin 1913, à 11h00, dans la cour d'honneur de l'Hôtel-Dieu, est inauguré le monument érigé à la mémoire du docteur Guinard. Ses amis et ses élèves pour commémorer ce triste événement et perpétuer le souvenir de ce savant et de cet homme de bien avaient constitué un Comité, dont le président fut Monsieur G. Mesureur, membre de l’Académie de Médecine et Directeur de l’Assistance Publique. Le Comité avait décidé l’érection de ce monument à quelques pas de l’endroit même où le docteur Guinard était tombé, victime de son devoir professionnel. Ce monument se trouve dans la cour d’honneur de l’Hôtel-Dieu, contre le mur, à gauche de l’entrée, faisant le pendant au monument consacré aux internes victimes de leur dévouement, lui-même érigé en 1902.
La réalisation du monument avait été confiée au sculpteur Henri Couteilhas. Il est en pierre, avec un médaillon en marbre blanc,  et représente une femme figurant le souvenir, assise sur le socle et tendant une palme vers l’image du docteur Guinard, dont le portrait est reproduit dans le médaillon. Une simple inscription est gravée : "Au docteur Guinard (1856-1911) ".

Monument à la mémoire du docteur Guinard

Lors de cette inauguration, outre la présence de Madame veuve Guinard et ses deux filles, on pouvait remarquer celle de Messieurs Marcel Habert, Secrétaire du Conseil Municipal représentant la Ville de Paris, Paul Strauss, Sénateur de la Seine et Vice-président du Conseil de Surveillance de l’Assistance Publique, Massard, Conseiller Municipal, Aubanel, Secrétaire Général de la Préfecture de Police, le professeur Landouzy, Doyen de la Faculté de Médecine représentant la Société de Chirurgie. Dans l’assistance, on note celle de messieurs les professeurs Gilbert et Reclus, les docteurs Roger, Léon Labbé, Bath, Monod, Rochard, Lereboullet, Cayla, Rotillon, Potherat, le docteur Pécharmant, secrétaire du Comité, le docteur Di Chiara, élève du docteur Guinard, les docteurs Vimot et Tartourat représentant le Syndicat des Médecins de la Seine, le docteur Gascuel, etc…, ainsi que les membres du Comité, Monsieur Coq, directeur de l’Hôtel-Dieu, et tous les médecins, chirurgiens et internes de l’établissement.

Monsieur G. Mesureur prononçait un discours, offrant le monument à l'Assistance Publique. Monsieur Marcel Habert, représentant la Ville de Paris, prononçait un discours au nom de la municipalité. Puis Monsieur Paul Strauss, Sénateur de la Seine, et Vice-présidents du Conseil de Surveillance de l’Assistance Publique, prononçait une allocution, faisant ressortir la symbolique du voisinage du monument à la mémoire du docteur Guinard, avec celui à la mémoire des Internes des Hôpitaux victimes du devoir, honorant ainsi tout le personnel des hôpitaux, du plus humble au plus élevé. D’autres allocutions furent prononcées, notamment par Monsieur Landouzy, Doyen de la Faculté de Médecine, et par Monsieur Delorme, Médecin Inspecteur Général de l’Armée, au nom de la Société de Chirurgie.

Par une décision rendue le 16 janvier 1930, le Conseil de Surveillance de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris émet l’avis qu’il y a lieu de donner à l’une des salles non encore dénommées de l’Hôpital Saint-Louis le nom de salle Aimé-Guinard (Archives AP-HP, cote 1L65).
Ce même Conseil de Surveillance, par une décision en date du 20 octobre 1932, émet l’avis qu’il y a lieu de donner le nom de Guinard à la « salle Harvey prolongée » de l’Hospice d’Ivry (Archives AP-HP, cote 1L68).
Toujours ce même Conseil de Surveillance, par une décision en date du 24 novembre 1932, « émet l’avis qu’il y a lieu » d’attribuer le nom de Guinard à l’une des salles de chirurgie de l’hôpital Bichat (Archives AP-HP, cote 1L68).

Epilogue

Cet article a été écrit en hommage à cet éminent chirurgien, membre de ma famille, l’année 2006 étant le cent-cinquantenaire de sa naissance. Mais plutôt que de se lancer dans je ne sais quelle diatribe, laissons parler la Presse, et surtout ceux qui l’on connu, estimé et apprécié :
- C’était, dans toute la plénitude du terme, un maître, d’un savoir éprouvé, d’une conscience admirable. Sa bonté, enfin, était proverbiale parmi ceux qui avaient eu la fortune de l’approcher. Sa fin stoïque a été celle d’un héros, d’un martyr du devoir, dans un article de l’Illustration.
- Un homme du plus haut mérite, d’un grand savoir, d’une bonhomie délicieuse et d’une inépuisable bonté, dans le Figaro.
- Une vie où la bonté et la douceur tenaient une si large place. Guinard était, en effet, plein de sollicitudes pour ses malades ; il avait une très haute conscience de la lourde tâche qui incombe au médecin, et il s’en acquittait scrupuleusement, s’efforçant toujours de soulager le corps en réconfortant l’âme, par Albert Prieur.
- Il était bon, naturellement bon, comme si cette précieuse qualité était une jolie émanation de lui-même, et soit qu’elle se manifestât par une assistance matérielle, soit qu’elle prît la forme de consolations morales, sa bonté était inlassable. Tous ses élèves tous ses amis en savent quelque chose. Il avait la main qui secourt, la parole qui touche, le regard qui va au cœur, et tout cela était fait avec une modestie, une discrétion telles qu’on aurait pu croire que c’était lui qui était obligé ; il ne fallait du reste pas lui adresser de remerciements ; il vous aurait répondu que la bonté trouve en elle-même sa récompense, qu’il ne faut pas admirer ceux qui savent donner, mais plaindre ceux qui ignorent une des joies les plus pures de ce monde, par le docteur E. Rochard, secrétaire général de la Société de Chirurgie.
- Voilà plus de 20 ans que je connaissais Guinard. Il était chef de clinique de Verneuil quand j’en étais l’interne et j’avais conservé pour lui, depuis cette heure lointaine, une véritable affection que ne pouvaient pas ne pas ressentir tous ceux auxquels il avait été donné de l’approcher, par J.L. Faure. 

Ironie du sort, l'après-midi du Vendredi-Saint, 29 mars 1918, un obus allemand creva la voûte de l'église Saint-Gervais, en plein office religieux. Le bilan est lourd, puisqu'on relèvera des décombres 178 victimes, dont 89 tués et 90 blessés.Comme le raconte le docteur MIGINIAC en 1936, on porta soixante-quinze cadavres dans la cour de l'Hôte-Dieu. Un d'eux, celui d'une dame à cheveux blancs, fut déposé par hasard à l'endroit même où le docteur Guinard avait été assassiné sept ans plus tôt : c'était celui de la veuve.

La fin d'Herrero

L'interne Miginiac ayant revu Herrero au parquet, le décalrait demi-fou, persécuté, et ayant voulu se suicider à la prison de la Santé. Il disait aussi qu'Herrero avait été transféré à Fresnes, dans une cellule capitonnée.

Herrero fut interné à la prison de la Santé, en attente de comparaître pour son procès devant le Cour d'Assises. Par deux fois il essaya de se suicider, sans y parvenir. Plus tard, il se frappa la tête contre les murs de sa cellule et fut retrouvé évanoui, s'étant fait de graves blessures qui nécessitèrent son transport à l'infirmerie de la prison de Fresnes". A peine guéri, il chercha de nouveau à se suicider et, trompant la vigilance de ses gardiens, il confectionna, au moyen de petites bandelettes de toile qu'il avait découpées dans son caleçon, un lien solide avec lequel il se pendit à la fenêtre de sa cellule le 9 octobre 1911. Ce dénouement explique pourquoi on ne trouve aucune trace de procès dans les archives judiciaires...


Les suites de cet article

J’ai été contacté en 2021 par une journaliste qui était chargée d’écrire des articles pour l’été dans le journal Le Parisien. Cette journaliste souhaitait «m’interviewer» par rapport à l’article ci-dessus, en qualité de membre de la famille du docteur Guinard. Suite à ce contact,elle a réalisé un bel article intitulé Le crime de l’Hôtel-Dieu : et le patient «estropié» et «humilié» assassina son chirurgien, par Caroline Piquet, paru le 21 juillet 2021.


 

Sources :
-    Registres d’état civil de Saint-Etienne et Paris.
-    Archives privées.
-    Archives de la Préfecture de Police.
-    Bulletin Municipal Officiel de la Ville de Paris, n° 192 du 19 juillet 1913, aux Archives le l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris.
-    Procès-verbaux du Conseil de Surveillance, du 29 juin 1911, 16 janvier 1930, 20 octobre 1932 et 24 novembre 1932,  aux Archives le l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, cotes 1L46, 1L65, 1L68.
-    La Chronique Médicale, année 1913, aux Archives le l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, cote 93PER18.
-    La France Médicale, années 1911, 1913, aux Archives le l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, cote 132PER11 et 132PER13.
-    La Presse Médicale, juin 1911, n° 72 année 1939, n° 33 année 1950, aux Archives le l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, cotes 166PER18, 166PER66 et 166PER80.
-    Nos Docteurs, par J. Hirschler, 1898, 1902, et non daté, aux Archives le l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, cotes A1513, A1542, A2873.
-    Eloge de M. A. D. Guinard, par M. E. Rochard, prononcé à la Société de Chirurgie dans la séance annuelle du 15 janvier 1913, aux Archives le l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, cote B87912.
-    Qui êtes vous ? - Annuaire des Contemporains Français et Etrangers, Librairie Delagrave, Paris, 1909-1910.
-    Dictionnaire de Biographie Française, par Roman d'Amat, Paris, 1986, fascicule XCVII.
-    Journal "Le Matin" des 13, 14, 15, 18 et 22 juin 1911.
-    Journal "Le Figaro" des 13, 14, 17, 18 et 22 juin 1911.
-    Journal "L'Echo de Paris" des 13, 14, 16, 17, 18 et 22 juin 1911.
-    Journal "L'illustration" n° 3565 du 24 juin 1911.
-    Journal "le Gaulois" des 12 septembre 1896, 14, 17, 18 et 22 juin 1911, 1er et 10 octobre 1911, 13 décembre 1911, 21 juin 1912, 15 juin 1918.
-    Archives nationales LH/1244/53.
-    Courriel du professeur Alain Jardin du 15 septembre 2010.
-    Echanges avec Etienne Rogez et Catherine Chavanne-Miginiac.
-    Fichier Geneanet  et courriels de Catherine Chavanne-Miginiac (Ecrit du 3 août 1963 de Jean gabriel Miginiac).
-    Site de l'Association Amicale des Anciens Internes en Médecine des Hôpitaux de paris (AAIHP).
-    Base Leonore de la Légion d'honneur.
-    Le Stéphanois du 15 juin 1911 page 2.
 
Crédits photographiques :
-    Archives privées.
-    Photographies de Bernard Guinard pour les photos de l’Hôtel-Dieu et du monument à la mémoire du docteur Aimé Guinard, avec l’aimable autorisation de la Directrice de l’Hôtel-Dieu, Madame de Larochelambert.
-    Photographies de Bernard Guinard pour les Archives de la Préfecture de Police.
-    Le Matin des 13 juin et 22 juin 1911.
-    Wikipedia (photos d'Yvette Guilbert).
-    Gallica, le site de la Bibliothèque Nationale de France (BNF).
-    Fichier Geneanet de Catherine Chavanne-Miginiac (Jean Gabriel Miginiac).
-    Paris Médical : la semaine du clinicien, 1911, n° 04, partie paramédicale, et 1913, n° 12, partie paramédicale.
-    Bibliothèque Interuniversitaire de Santé, Paris.

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