Fiches individuelles


BESSY Jean-Pierre
Baptême : 6 octobre 1758 à Saint-Romain-en-Jarez 42 ( Source )
Né la veille, il eut pour parrain Jean-Pierre BESSY, oncle à l'enfant, qui signe, et pour marraine Claudine BOURDON, grand-mère à l'enfant, qui ne sait signer, en présence de Jean-Baptiste BESSY, oncle à l'enfant, qui signe, et de Jean-Baptiste MARINOTS, qui ne sait signer.

Père : BISSY Jean-Marie ( ? - ? )
Mère : AUBERT Marguertie ( ? - ? )

BESSY Jean-Pierre
BISSY Jean-Marie
BISSY Etienne
BOURDON Claudine
AUBERT Marguertie
 
 




BESSY Jeanne
Naissance : 28 mai 1853 à Valbenoite 42 au domicile parental, au Mont ( Source )

Père : BESSY Vital ( 1817 - 1888 )
Mère : MATHEVET Jeanne-Marie ( 1824 - 1876 )

BESSY Jeanne
BESSY Vital
BESSY Jean-Baptiste
CHOVET Magdelaine
MATHEVET Jeanne-Marie
MATHEVET Claude
BESSY Marie




BESSY Jeanne Thérèse
Baptême : 1761 à Saint-Etienne 42

Père : BESSY Etienne ( 1726 - > 1790 )
Mère : BERAUD Louise ( ~ 1737 - 1773 )

Union : MALLET Denis ( ~ 1756 - ? )
Mariage religieux : 22 janvier 1789 à Saint-Etienne 42 paroisse Notre-Dame
(Source : voir fichier Genanet d'Antoine Jacqmarcq).
BESSY Jeanne Thérèse
BESSY Etienne
BISSY Etienne
BOURDON Claudine
BERAUD Louise
BERAUD Antoine
SOVICHE Laurence




BESSY Joseph
Compagnon fermier

Père : BESSY Jean-Baptiste ( 1714 - > 1773 )
Mère : JACQUEMET Jeanne ( ? - < 1773 )

Union : MERLIN Jeanne ( ? - ? )
Mariage religieux : 4 mai 1773 à Saint-Romain-en-Jarez 42 ( Source )
BESSY Joseph
BESSY Jean-Baptiste
BISSY Etienne
BOURDON Claudine
JACQUEMET Jeanne
 
 




BESSY Joseph Etienne Marcellin
Maître de forges, négociant, caissier de l'Hôtel des Monnaies de Lyon, agent de change à Paris

Baptême : 28 septembre 1791 à Saint-Etienne 42 paroisse Notre-Dame ( Source )
Né la veille, il eut pour parrain sieur Joseph Gabriel CELLE, son oncle maternel, et pour marraine demoiselle Marcelline BERAUD, sa grand-tante paternelle, qui signent.
Témoins : BERAUD Marcelline ( ? - > 1791 )
/ CELLE Joseph Gabriel ( 1762 - 1827 )

Décès : 7 août 1825 à Saint-Julien-en-Jarez 42 au lieu de la Réclusière ( Source )
Témoin : BESSY Charles Laurent ( 1793 - 1871 )


Père : BESSY Mathieu Etienne ( 1762 - <> 1823 & 1837 )
Mère : CELLE Catherine ( 1769 - 1837 )

Union : CELLE Catherine Marie ( 1792 - ? )
Mariage : 23 juillet 1823 à Saint-Etienne 42 ( Source )
Témoin : BESSY Charles Laurent ( 1793 - 1871 )

Enfants : BESSY Joseph Gabriel Marcellin ( 1824 - 1824 )
BESSY Jules Joseph ( ? - ? )
Note individuelle : Maître de forges demeurant à Saint-Julien en-Jarrez, à son mariage en 07/1823.
Maître de forge à la forge du Garat à Saint-Julien-en-Jarez, en voyage, en 7/1824.
Selon Bruno-François ROUGIER sur Geneanet il fut caissier à l'Hôtel des Monnaies de Lyon, puis agent de change à Paris.

Très jeune, il montra d'heureuses dispositions, un caractère décidé, ferme et constant dans ses résolutions, capable de mettre un jour de grand projets à exécution.
Il fut d'abord placé dans le commerce, où il fut remarqué par son intelligence et son activité. Puis il entra à l'Hôtel des Monnaies de Lyon, et fut chargé peu de temps après des fonctions de caissier.Il partit ensuite pour Paris, se plaça chez un agent de change et obtint rapidement sa confiance par sa probité , son aptitude au travail et ses ambitions commerciales.
Une compagnie, qui s'était établi à Firminy pour y établir des hauts-fourneaux, fit apel à lui, afin d'aller en Angleterre recueillir tous les renseignements nécessaires. Dans ce pays, ne bornant pas ses recherches au travail de la fonte, il visita tous les établissements métallurgiques et acquit ainsi de nombreuses connaissances. Il fut étonné de la rapidité du traitement du fer et décida d'en importer en France la méthode du fer à l'anglaise. De retour dans son pays, il fit part de ses projets à la compagnie, mais celle-ci fut dissoute avant d'avoir entrepris la moindre chose.
Il s'accocia alors avec Joseph Gabriel CELLE-DUBY, son parent, qui mourut six mois après, et fut remplacé par Monsieur ARDAILLON.
Les travaux commençaient le 20 août 1820, toutes les machines et le personnel nécessaire à la mise en activité arrivant d'Angleterre, pendant que s'élevait la maçonnerie. Cette usine produisait dès l'année suivante sur les communes de Saint-Rambert et Saint-Julien.
Joseph Etienne BESSY fut donc de ceux ayant le plus contribué à répandre en france cette industrie en France et fut le premier à l'avoir implantée avec succès dans l'arrondissement de Saint-Etienne.
Il projetait d'autres implantations, quand, au retour d'un nouveau voyage d'étude en Angleterre, il fut soudainement mporté.
Son frère Charles, dépositaire de ses projets, acheva en 1827 avec Messieurs ARDAILLON, ses associés, des hauts-fourneaux pour le traitement du fer par le coke, dont la construction avait été entreprise par Joseph Etienne BESSY après son retour d'Angleterre.
Le 20 septembre 1831, Messieurs ARDAILLON, BESSY et Cie obtenaient un brevet d'invention de dix ans pour procédé de fabrication de canons de fusil au moyen du laminoir.
(Source : Notices Biographiques Stéphanoise, par M. DESCREUX, Saint-Etienne, Librairie Constantin, 1868, pages 49 et suivantes).
A introduit le premier dans le Forez la fabrication du fer à l'Anglaise.
(Source : Le Forez Pittoresque, par F. THIOLLIER, volume textes, page 434).
En 1818, les projets de M. GALLOIS, dont beaucopu de personnnes avaient eu connaissance, excitaient les imaginations. On ne rêvait plus que hauts-fourneaux, et des associations se formaeint pour en installer à Rive-de-Gier, à Saint-Chamond, à Côte-Thiollière et à Firminy.
Au milieu de ces spéculations, se révéla un homme, qui n'était encore connu que par son entente des affaires, et par les qualités de probité et d'intelligence, qu'il avait déployées dans diverses maison de commerce et dans un bureau d'agnet de change à Paris. Nous voulons parler de Joseph BESSY, originaire de Saint-Etienne. La société, qui avait porté ses vues sur Firminy pour l'installation de hauts-fourneaux, réclama le concours de BESSY, et l'envoya en Angleterre en 1819 pour faire les études de l'installaion et de l'exploitation de l'usine.
BESSY, guidé par sa perspicacité naturelle et sa précoce expérience, fut surtout frappé de la rapidité et de la facilité avec lesquelles la fonte se transformait en fer, dans les fours à réverbères chauffés à la houille. Il vit là les plus sûrs éléments de succès. Il rapporta un projet de forge à l'anglaise à ceux qui l'avaient envoyé en Angleterre, et qui ne se soucièrent point d'oborder la voie nouvelle, où il leur proposait d'entrer. BESSY s'adressa à son oncle M. ARDAILLON de Saint-Chamond. Il lui exposant quels grands bénéfices devait offrir la fabrication du fer, et le convainquit sans trop de peine. Une société fut formée entre M. ARDAILLON, Joseph BESSY, et son frère Charles BESSY. Elle se mit à l'oeuvre aussitôt. Les travaux de construction commencèrent à Saint-Julien-en-Jarrêt le 20 août 1820, et vers la fin de l'année 1821, la forge fut mise en marche avec des ouvriers, qu'on avait fait venir d'Angleterre. L'usine comprenait quinze fours à réverbère avec marteaux et laminoirs. Elle tratait les fonte de la Bourgogne et de la Franche-Comté. Le succès fut complet dès le début.
(Source : Historique des mines de houille du Département de la Loire, par E. Leseure, Théolier éditeur, 1901, p 149-150, et Monographie et histoire de la ville de Saint-Etienne, par Victor Jannesson (Lieutenant),1891, pages 228-229).
Dans la commune de Saint-Julien-en-Jarret, canton de Saint-Chamond, est située, sur la rive du Gier, une forge à l'anglaise établie en 1820 par M. Joseph BESSY, l'un des industriels les plus ditingués du département : c'est la première usine de ce genre construtie en France sur un grand modèle. Le succès accueillit promptement cette entreprise : avant la fin de l'année suivante, la réduction de la fonte en fer y était en pleine activité. Vers 1827, MM. Charles BESSY et ARDAILLON, afin d'alimenter la forge de Saint-Julien, mirent en feu les deux hauts fourneaux de l'Orme, sur le territoire de la même commune. Ces deux exploitations, en combinant leurs opérations, constituent aujourd'hui l'une des principales usines de l'arrondissement. C'est dans les ateliers de l'Orme que l'on fabrique une partie des machines dont on se sert dans le pays; une autre partie de la fonte sortant des hauts fourneaux de l'Orme est employé en projectiles creux et pleins : ce dernier genre de fabrication, établi en 1832, peut fournir au département de la guerre 5 à 600,000 kilogrammes par an de bombes, de boulets et d'obus., au prix moyen de 28 francs le quintal métrique. (Source : La France historique, pittoresque et biographique, par G. Touchard-Lafosse, tome 1, page 284).
De la S.A. des Fonderies et Forges de L'Horme à la friche Pasteur
Au tout début du XIXe siècle, L'Horme n'est qu'un hameau de Saint-Julien-en-Jarez, qu'on localiserait aujourd'hui autour de la place de la Mairie. Le travail du fer y est déjà implanté, artisanalement, sur les hauteurs de la vallée, mais aucun établissement industriel n'y existe alors. En 1821, le premier établissement industriel majeur consistant en une forge à l'anglaise est implanté par un ingénieur, Joseph Bessy, dans le secteur du Garat. Elle emploie 167 ouvriers en 1823 dont 17 étrangers, la plupart anglais. Les pièces sont importées d'Angleterre et la forge est alimentée par la houille locale. On rappellera qu'une forge à l'anglaise consiste principalement en un laminoir qui remplace peu à peu les martinets ainsi qu'un four à puddler. Ce lieu-dit a aujourd'hui disparu, mais on peut le localiser à l'emplacement actuel de la station d'épuration de la Maladière, à l'extrémité Ouest de la commune.
A la mort de Joseph Bessy, son frère Charles le remplace et fait construire deux hauts fourneaux à proximité immédiate en 1825, dans les premiers de France historiquement. Ils sont mis à feu en 1827 pour alimenter les forges.
Bessy s'associe en 1829 à Ardaillon et les deux ingénieurs obtiennent la concession des mines de fer de Saint-Chamond pour l'approvisionnement de leurs hauts fourneaux. En 1832, Ardaillon devient le seul propriétaire des «Forges de Saint-Julien» et des hauts fourneaux. Il obtient la concession des mines de Doizieux, Saint-Paul-en-Jarez et surtout de Veyras en Ardèche en 1843, qui fournira l'essentiel du minerai de fer pendant de longues années.
Plus tard, Girardet et Ardaillon s'associent et fondent la Société Anonyme des Fonderies et Forges de L'Horme avec un capital de 5 millions de francs, autorisée par ordonnance royale le 2 juillet 1847. La même année, des ateliers de constructions sont créés. Il est noté que l'exportation de l'entreprise vers Lyon, Paris ou le Sud de la France est à cette époque de plus en plus facilitée par la ligne ferroviaire Saint-Etienne-Andrézieux (puis par le fleuve Loire) et surtout la ligne Saint-Etienne-lyon. On supposera alors que déjà à cette époque, les usines bénéficiaient d'un embranchement ferroviaire personnel. Il devait comporter de nombreuses ramifications à l'intérieur même du site pour amener et collecter les matériaux et les pièces entre les différents ateliers.
Nicolas-Léonce Marin, maître de forge, devient directeur de la compagnie en 1849 malgré la fragilité économique de la société. Il entraîne l'installation de nouvelles machines d'extraction pour les mines de Privas et de la Péronnière. L'outillage des hauts fourneaux, de la forge et de la fonderie à L'Horme, fut amélioré et augmenté. Malgré l'augmentation du prix du fer en 1852, Marin agrandit la forge, installe un train de rails et fer spéciaux, un train de tôlerie et une machine à vapeur. 6 fours à puddler neufs sont mis en en fonctionnement à la forge en 1853. Les voies ferrées sont également multipliées.
Alors que la production se situe à 11 000 tonnes de fonte et 3 500 tonnes de fer (puddlé sans doute) en 1850, nous lisons que vers la fin de cette décennie, elle peut atteindre jusqu'à 30 000 tonnes, et de 10 à 15 000 tonnes de fer fini grâce aux deux hauts fourneaux construits à son usine de L'Horme et aux cinq hauts fourneaux du Pouzin, en Ardèche (proches de ses mines de fer de Veyras et acquis en 1868). Un atelier d'ajustage et de construction est construit à L'Horme.
Malgré la crise de 1857, la compagnie continue son ascension et fait doter les forges et l'atelier de construction mécanique de nouveaux magasins et de nouveaux outils. Dans la décennie de 1860, de nouveaux terrains sont achetés aux alentours de l'usine pour permettre de nouveaux développements dans l'avenir.
Vers 1860, la société comporte une fonderie, des ateliers de construction, la «forge de L'Horme» et la «forge de Gier». Anciennement «forge de la Chapelle», cette dernière est datée de 1741 quand elle n'était qu'une fonderie de fer. Appartenant aux sieurs Targes et L'Hospital en 1840, ces derniers y construisent trois fours à puddler (processus produisant un fer supérieur à la fonte), et un four à réverbère, dont la production est en bonne partie vendue aux hauts fourneaux de L'Horme. Elle passe sous le contrôle total des Forges et Fonderies de L'Horme en 1862. Elle emploie 300 personnes en 1868.
Cette même année, la compagnie construit un vaste atelier de fonderie, contre les espaces de coulées des hauts fourneaux. Grâce à ses cubilots (fours à ferrailles), ses fours à réverbères et ses appareils de levage et de pesage, on peut y couler et y manœuvrer des poches de fusion de 10 tonnes et des pièces fondues de 60 tonnes, les plus grandes pièces de fonderie de l'usine. Grande halle la plus ancienne du bassin, elle possédait surtout une charpente métallique et des pylônes métalliques soutenant sa structure. Les murs étaient faits de pierres cimentées recouverts par endroits d'un crépi ocre très délabré, les angles et le contour des arches étant construits en briques d'argiles. Le toit était en bois et recouvert de tuiles plates. Deux petits lanterneaux s'élevaient au-dessus du toit. En l'absence de poteaux porteurs, les grues pouvaient librement pivoter sur elle-même et faire une rotation complète. Aucun équivalent de cette halle n'existait en France, dont la disposition précède le développement de l'usage du pont roulant dans la décennie suivante. La fonderie et les trois halles adjacentes forment ainsi un ensemble contigu de 3800 mètres carrés. 300 personnes y sont employées à cette époque.
En 1873, les hauts fourneaux produisent 50 000 tonnes, et la forge 22 000 tonnes. Cette année-là, Marin quitte la direction de l'entreprise. En plus d'avoir œuvré à son développement, il fut maire de Saint-Julien-en-Jarez de 1856 à 1869 et œuvra à l'édification de L'Horme comme paroisse, et à la construction de l'église et de l'école de filles. Des bâtiments pour accueillir les ouvriers furent également construits sur des terrains acquis par la société. Une importante rue de L'Horme, parallèle à la rue principale, porte aujourd'hui son nom en sa mémoire.
La Compagnie des Fonderies et Forges de l'Horme acquiert en 1877 les Chantiers de la Buire à Lyon, spécialisés en particulier dans le domaine ferroviaire. A L'Horme, la compagnie fabrique alors des machines à vapeur, des machines d'extractions et du matériel pour les mines de charbons, des machines soufflantes et du matériel divers pour les forges, les hauts fourneaux et les chemins de fer. La forge de L'Horme produit ainsi beaucoup de rails de chemin de fer, jusque dans les années 1880 où elle arrête complètement cette production à cause de l'arrivée des aciers lorrains, plus compétitifs grâce à l'utilisation de la minette lorraine. A cette époque, la forge de L'Horme comprend 14 fours à puddler, 2 trains de laminoirs pour la fabrication de fer en barres et 2 fours Martin pour la production d'acier, qui remplaceront peu à peu les fours à puddler. Une aciérie est construite en 1883.
En termes d'employés, les ateliers de construction de L'Horme, à proprement parler, emploient 390 personnes en 1887. En 1889, la compagnie n'a cependant plus son siège social dans la Loire mais à Lyon, avec un capital de 5 500 000 francs. Elle emploie alors jusqu'à 4000 hommes en tout.
En 1895, elle produit aussi des marteaux pilons, des trains de laminoirs, des moulages allant jusqu'à 80 tonnes, des presses et autres pompes. Il est à noter que l'usine est équipée de machines à vapeur actionnant des grues de manutention.
Pendant la période 1860-1895, en plus de la fonderie et des ateliers adjacents datant de 1868, des ateliers sont construits dans la partie est du site, à des dates et pour des utilisations précises inconnues. Deux des bâtiments sont encore debout aujourd'hui. Des habitations sont construites le long de la rue principale, pour la plupart encore existantes aujourd'hui. Le Gier qui formait un coude dans la partie Nord-est du site est dévié et atteint un trajet plus rectiligne, l'ancien lit fut ensuite remblayé et la surface du site fut ainsi agrandie.
La compagnie fait pourtant faillite, en grande partie à cause des Chantiers de la Buire, en important déficit. Elle renaît très vite sous le nom de Société nouvelle des établissements de L'Horme et de la Buire. Les hauts fourneaux de L'Horme n'existent déjà plus depuis quelques années et la société se concentre sur la grosse métallurgie, le chemin de fer et la construction.
La société fait construire de nombreux bâtiments et de nombreuses halles autour de 1900, formant peu à peu un ensemble contigu de 15 000 à 20 000 mètres carrés environ, englobant les quatre ateliers de fonderie. Les petits ateliers de construction disséminés dans le site sont ainsi détruits et remplacés.
Un atelier de mécanique et de peinture est construit dans l'angle sud le long de la rue principale. D'autres bâtiments plus modestes sont construits dans la partie est toujours le long de la rue, servant de lieu de dépôt voir d'habitation. Une halle de forge est aussi créée dans la partie est du site, à l'écart de l'ensemble contigu. La halle de 1898 (aujourd'hui conservée) est édifiée dans la partie centrale de l'ensemble, abritant une remarquable série de poteaux doubles en fontes (peints aujourd'hui en blanc), avec un atelier de contremaître entièrement vitré.
Le tènement est un gros ensemble de halles aux toitures diverses, des toits à redans exposés au Nord (en bois sur les côtés) recouverts de tôles, ailleurs des toitures classiques en tôles ou en tuiles plates. La charpente est le plus souvent métallique.
Avec la guerre, l'usine tourne à plein régime, fournissant du matériel de guerre divers à la France, alors que la Lorraine et le Nord-Pas-de-Calais, les autres cœurs industriels français, sont plus ou moins occupés ou sur les fronts. Le Pont de Boissieu, dit "Pont des boches", est ainsi un viaduc ferroviaire construit à cette époque. Ce sont en effet des prisonniers de guerre allemands qui l'ont bâti en 1917 afin de créer un embranchement moderne relié à la voie Saint-Etienne-Lyon. Les voies de chemin de fer actuelles serpentant sur le site et ses alentours sont donc certainement de cette époque, reliées à la voie principale et le gabarit mis aux normes françaises.
La reprise des activités dans le Nord-Pas-de-Calais et en Lorraine, surtout, à partir de 1920 met à mal les activités de l'entreprise, qui ferme ses portes en 1929.
Les Aciéries du Nord, important groupe de mécanique générale, rachètent le site immédiatement, lequel ne fera pas l'objet d'aménagements avant le milieu des années 1930. A cette époque, de nombreux changements s'opèrent dans l'usine, réorganisant son intérieur et opérant notamment quelques extensions dans la partie nord-ouest de l'ensemble contigu, la construction d'un bâtiment à l'Est et des démolitions de petits bâtiments, à l'Ouest surtout.
Entre 500 et 600 personnes travaillent alors dans l'établissement à L'Horme, et des villas sont construites par la société pour le personnel d'encadrement dans la commune, rue des Cités et rue des Villas (les "villas ADN"). Les bâtiments se présentent comme deux logements mitoyens avec une architecture dans le style lorrain. Des terrains sont mis à disposition et transformés en jardins ouvriers pour le personnel, dans toute la commune (notamment au Sud) et peut-être juste à côté du site à l'Ouest (la date de mise en jardin n'est pas connue). Le Gier y faisant un coude, il sera dévié vers le Nord pour adopter un lit rectiligne.
Avant la Deuxième guerre mondiale, l'usine a le monopole régional de la réparation de matériel roulant de la compagnie de chemin de fer du PLM (jusqu'en 1938). On supposera alors une utilisation intensive de l'embranchement ferroviaire, qui était sensiblement plus important que dans les années 1960 par exemple.
Avec la perte de ce marché important, l'entreprise s'oriente vers les machines-outils pour diversifier sa production. De 1938 à 1941, elle se dévoue en partie à l'effort de guerre et produit des ailes d'avion, des tourelles de char et des moyeux d'hélice.
Les Allemands redonnent ensuite la priorité à la réparation de matériel ferroviaire. On supposera là encore des réorganisations successives de l'outil productif, des chaînes de montages ou de la fonction des ateliers par exemple. En 1943, des maquisards font sauter des compresseurs pour diminuer la capacité de production de l'usine.
Un plan des années 1940 indique un crassier de 43 030 mètres carrés à l'est du site au-delà du Gier ainsi que des jardins dans la partie sud de ce dit crassier. Les jardins ouvriers à l'Ouest totalisent 17 870 mètres carrés.
Une vue aérienne de 1942 permet de distinguer facilement le crassier et on y devine des tas de matériaux. Les produits de l'usine sont entreposés dans l'Est du site à la sortie des entrepôts, le long des voies ferrées. Le long de la rue principale s'étirent des dizaines de platanes bien alignés, dont beaucoup ont disparu aujourd'hui.
Un plan du site de 1944 (mis à jour en 1951) indique une surface couverte de 30 617 mètres carrés et une surface de cour de 46 132 mètres carrés, avec un total de 76 749 mètres carrés. Une quinzaine de voies ferrées le parcourent.
A la Libération, la société est mise sous séquestre pour avoir aidé les Allemands (une aide plus ou moins forcée ?) en réparant des locomotives par le biais de la SNCF. L'usine s'oriente alors vers les travaux publics, avec notamment des tracteurs chenillés pour ce domaine de travail ainsi que pour l'agriculture. 1000 personnes y sont employées; l'usine ne comporte pourtant pas de piste d'essai pour les véhicules, ni de bureau d'études.
La société étant en difficulté à cause des restrictions de ses activités, elle revend les actifs de plusieurs de ses sites et recentre les fabrications sur Maubeuge, Douzies et L'Horme : 10 tracteurs y sortent tous les mois, formant une bonne partie de la production. Seulement 60 000 heures par mois sont consacrées à la réparation des locomotives, et ce jusqu'à son extinction un peu plus tard.
La mise sous séquestre se termine en 1947. L'entreprise s'occupe de chercher des terrains pour en faire des jardins ouvriers dans toute la commune, en supervisant la "Société des jardins ouvriers".
Elle est ensuite réorganisée (1951), notamment les chaînes de production. L'Horme est alors la seule usine de France à construire des tracteurs lourds (130 chevaux pour 14 tonnes pour les plus lourds).
L'entreprise ferme en juin 1952.
L'usine rouvre presque immédiatement sous le nom de Société d'Exploitation de l'Usine de Tracteurs de l'Horme (SEUTH) mais ferme une nouvelle fois en novembre 1953. Richier, groupe industriel de 7000 employés, reprend alors l'usine en 1954 avec comme raison sociale "Mécalor". Dans une période plus ou moins stable économiquement, l'usine de L'Horme devient Nordest au lieu de Mécalor vers 1960. Vers 1962, une grande halle en béton et des bureaux sur deux étages (total de 4000 mètres carrés au sol) sont construits à l'Est du site. La construction rase à l'occasion une petite halle et s'accole à une autre petite halle plus à l'est, qui sera détruite après 2000. Cette construction est faite de béton préfabriqué, la halle ayant un toit en sheds avec certains murs et des grands portails en tôles.
Richier cède plus tard le site à Ford qui souhaite diversifier sa fabrication de machines agricoles et de travaux publics. Le groupe américain fait alors arrêter les productions de grues et de niveleuses et se concentre sur les pelles hydrauliques. Richier est abandonné par Ford en 1979, date à laquelle il entre dans de sérieuses difficultés. En 1983, Richier n'a plus que 800 employés dont 350 seulement à L'Horme. On y produit toujours des pelles hydrauliques sur roues et chenilles, des compacteurs, des niveleuses ou des rouleaux.
En 1983, le site est repris par la Société Rhône-Alpes de Construction (SRAC), une société "voulue par les Pouvoirs Publics" (CERPI, 2010) jusqu'en 1994, toujours dans la métallurgie.
Des plans et photographies aériennes témoignent aussi de cette époque et donnent les surfaces des possessions de l'entreprise. De nombreuses données sont ainsi fournies sur un plan cadastral de 1966, ainsi que les superficies. Elles montrent que les possessions de Richier Nordest font en tout 239 444 mètres carrés. Il y a 9650 mètres carrés de bâtiments culminant à plus de 9 mètres de haut, 10 800 mètres carrés de bâtiments culminants entre 6 et 9 mètres et 9100 mètres carrés de bâtiments en dessous des 6 mètres. La société possède alors également 2 km 200 de voies ferrées. L'embranchement total possède 8 voies d'aiguillage et 2 quais.
Une photo aérienne de 1983 montre que l'ancien crassier semble complètement abandonné et envahi par la friche, ainsi que la voie ferrée. On ne distingue pas de destructions de bâtiments mais avec la réduction des activités de l'usine, on aperçoit facilement qu'il y a beaucoup moins d'activités, de produits et de machines dans l'espace extérieur du site. A la place des anciens jardins ouvriers à l'Ouest, il y a un espace vierge peu à peu envahi par la friche. Le parc actuel y sera construit peu après.
En 1994 les bâtiments sont partagés en de multiples propriétaires et notamment la société immobilière Pascal qui achète le tènement principal. Cette société loua alors des espaces de travail ou de stockage très variables, suivant la demande du client. Il y eut des artisans, des petits industriels ainsi que des transporteurs, parfois au nombre de 25 en même temps. L'endroit est nommé "ZAC Pasteur" sur le mur d'enceinte à l'entrée principale qui ne sera détruit que vers 2010. De 2007 à 2009 (Epora indiquant 2007 mais la société Pascal indiquant 2009, il s'agit sans doute d'achats fonciers au fur et à mesure), le terrain est cédé par la société Pascal à Epora. L'organisme se charge de la requalification foncière et détruit environ la moitié du tènement dans l'année 2012, laissant debout une petite moitié est, la fonderie de 1868 et un bâtiment dans l'angle sud-ouest qui héberge alors encore un distributeur en sanitaire et chauffage, Téréva.
La moitié est se compose alors principalement de la halle de 1898 et d'anciennes halles accolées, ainsi que la grande halle en béton et les bureaux récents. N'ayant aucun intérêt ni patrimonial ni architectural, elle est pourtant épargnée, sûrement pour sa fonctionnalité alors que près de la moitié du tènement datant de plus d'un siècle a été détruit. Pour le reste du tènement, on distingue aujourd'hui des murs en briques d'argiles parfois peintes qui forment l'essentiel des murs sur le côté ouest, ainsi que de la tôle et des moellons, sans doute récemment pour combler les trous dus à la destruction. Les pylônes et les poutres métalliques sont ainsi apparents, il y a également quelques verrières. Etrangement, la façade arrière de la grande halle de 1898 a été ravalée récemment avec du crépis.
En 2013, le reste des bâtiments isolés du site Pasteur est pour l'essentiel encore occupé à des usages divers : Dans l'angle nord-ouest, deux anciennes halles construites entre les années 1860 et 1895 ont fait l'objet d'une réhabilitation intéressante de 2010 à mi-2012 environ : le bâtiment le plus à l'ouest n'étant que peu orné d'arches ou de briques, sa reconversion en logements n'est pas flagrante quant à son utilisation industrielle postérieure. Relativement discret, l'aspect de ce bâtiment du côté du site Pasteur a été nivelé et il se présente en des logements en rez-de-chaussée avec un étage, mitoyens avec un petit jardin plus bas. Du côté du parc à l'ouest, on constate pourtant qu'il avait un très bel aspect de halle industrielle ancienne, ce côté-là ayant été traité différemment alors que l'aspect ancien a presque disparu de l'autre côté :
L'autre halle à l'ouest est tout à fait différente. Beaucoup plus massive, elle comporte de grandes arches et est ornée de briques apparentes. Son ancien aspect a été largement respecté, les fenêtres prenant place à la place des arches, très peu d'ouvertures ont été percées et la couleur des façades est restée d'origine. Les appartements se situent sur 2 étages par lesquels on accède par un escalier extérieur. Le rez-de-chaussée sert soit de garage pour quelques rares appartements, une porte de garage se situant dans l'arche, soit de cave sans doute, l'arche étant alors comblée par un mur. Vingt-neuf appartements prennent place dans ces deux bâtiments.
L'enseigne de supermarché Aldi occupe un bâtiment qui forme l'angle sud-ouest du site depuis quelques temps. Construit dans la période 1895-1935, il ne présente pas un grand intérêt architectural à première vue, ayant été fortement remodelé. Juste à l'est le long de la route, l'enseigne Laurent Automobile occupe un bâtiment de belle qualité en pierres et en briques, un ornement indiquant sa construction en 1909. Il a été relativement peu aménagé au fil du temps, notamment l'arrière du bâtiment.
Les bâtiments plus loin, le long de la rue sont des logements à l'état extérieur relativement bon, dont l'occupation réelle est sans doute variable. En revanche, la dernière section est complètement abandonnée, les façades et la toiture en très mauvais état. Plus loin, une association pour jeunes a pris place dans un petit bâtiment un peu plus récent. Ensuite, un vieux bâtiment en grosses pierres apparentes et en briques est inoccupé. Un bâtiment adjacent de plusieurs étages a été bien rénové et accueille des logements. A côté, une station de lavage a été construite un peu après 2000. Le site Pasteur se termine au nord-est par des petites habitations d'un étage avec jardin. Construit vers 2000, ce lotissement sert d
e résidence pour les familles de gendarmes.
Une route a été tracée dans les années 2000 juste à la limite est du site. Empruntant l'ancien pont de la voie ferré, elle permet d'accéder à tout un lotissement de plus d'une quarantaine de maisons individuelles, construit vers 2000. Ces constructions prennent en fait place sur, d'une part, la voie ferrée ainsi qu'une petite voie de garage, mais surtout à la place de jardins et d'un grand espace de dépôt de déchets divers de l'usine : crassier et déchets de construction sans doute.
Comme ce qui était redouté, de la peinture au plomb est découverte dans la halle de 1868, sans surprise. Décision est prise vers le début de l'année 2014 de la démolir totalement, les frais de dépollution étant jugés trop lourds. Avec la démolition d'une grande partie du site, et notamment de sa halle la plus prestigieuse, se pose la question de la gestion du patrimoine.
On s'aperçoit qu'il ne tient qu'à un fil, et que les projets d'aménagement restent d'abord dictés par l'argent et la rentabilité, beaucoup moins par l'histoire et la sauvegarde du patrimoine. On retrouve encore quelques vestiges des anciennes voies ferrées en écartement normal utilisées encore dans les années 60-70. Mais on repère aussi un petit chemin de fer d'un écartement de seulement 80 cm qui n'a plus dû être utilisé depuis très longtemps, sortant des petites halles au sud-ouest de l'ancien tènement, aujourd'hui propriétés de Téréva. Elles sont aujourd'hui vouées à la destruction dans la seconde moitié 2015. Les gravats issus des démolitions ont été concassés et rassemblés derrière la fonderie. Derrière le tènement restant à l'est, des matériaux comme des tuiles sont encore entreposés. Avec les destructions et les grands vides créés, les halles ouvertes aux vents, le site Pasteur apparait encore plus délabré et dévasté. Quelques artistes muraux ont marqué leur empreinte sur ses murs.
Pour ce qui est de son aménagement et de son avenir, le site a été défini dans les années 2000 comme un site stratégique par Saint-Etienne Métropole. Le projet reste néanmoins essentiellement géré par la mairie de L'Horme, son rôle futur étant essentiel à la commune : situé en plein centre de la ville, le long de sa rue principale, il vise à établir un vrai centre de ville qui lui manque cruellement. En effet, sa vie commerciale s'est depuis quelques temps affaiblie et éparpillée ; la population autour de la Grand'rue et du cours Marin tend à se réduire et à s'évader sur les coteaux, sinon à se paupériser.
Le projet initial avait pour but d'ouvrir le site à la ville et de créer une centralité alors que la commune ne vit plus uniquement autour de sa rue principale, à l'instar d'autres villes de la vallée du Gier. Le projet se décompose en 2 parties : à l'est une construction de logements, environ 300, afin de ramener de la population dans l'espace urbain dense, et notamment des ménages de la classe moyenne qui font de plus en plus défauts. A l'ouest, l'opération est plus délicate et devait séduire des investissements plus lourds pour y établir un petit pôle commercial, sans plus de précision. On souhaite également ouvrir le site au Gier qui coule juste derrière, resté longtemps caché. Enfin, on envisage de créer une transversalité entre les quartiers centraux de la ville, spécialement sa grand-rue, avec les coteaux. Le site Pasteur ferait office de pont reliant ces 2 ensembles géographiques aujourd'hui trop coupés et isolés l'un de l'autre.
Dans les faits, cela s'avère plus compliqué que ce que prévoyait le projet initial et son calendrier. Après les acquisitions/démolitions menées par Epora, les avancées sont très timides. Les projets régionaux concurrents (agrandissements de centres commerciaux, projet du Pont de l'Ane) ainsi que la déprise économique, notamment en matière d'immobilier commercial, ne sont sans doute pas étrangers à cette stagnation. L'aménagement reste aujourd'hui assez risible : seul un petit établissement de football à 5 joueurs s'est installé au nord-est du site. Le panneau du projet s'est depuis réduit : n'est envisagé que la construction de 230 logements, maigre devenir par rapport au projet initial. Pour mieux rebondir quand la situation économique se rétablira ?
Ecrit par Romain Fréry
(Source : http://www.forez-info.com/encyclopedie/memoire-et-patrimoine/20834-de-la-sa-des-fonderies-et-forges-de-lhorme-a-la-friche-pasteur-en-2013.html).
Nécrologie :
L’arrondissement de Saint-Etienne vient de faire deux pertes douloureuses, dans la personne de M. de GALLOIS, ingénieur en chef au corps royal des mines, fondateur de l’établissement de Terrenoire, et celle de M. Joseph Bessy, maître de forges, fondateur de celui de Saint-Julien. Ils ont été enlevés tous deux, par une mort prématurée, à l’industrie à laquelle ils avaient consacré tous leurs soins. L’un réunissait à un vaste savoir une connaissance approfondie de la science du métallurgiste, que beaucoup d’observations et une longue expérience lui avaient acquises ; l’autre joignait à une grande activité la science du négociant, un coup d’œil juste et le tact des affaires.
…/…
M. BESSY, né à Saint-Etienne en 1791, annonça très jeune d’heureuses dispositions, un caractère décidé, ferme et constant dans ses résolutions, capable de mettre un jour de grands projets à exécution. Placé d’abord dans le commerce, il s’y fit toujours remarquer par son activité et son intelligence. Les circonstances ayant amené des changements dans sa position, il entra comme employé à l’hôtel des monnaies de Lyon, où peu de temps après il fut chargé de remplir les fonctions de caissier, dont il s’est toujours acquitté avec honneur. Mais ce genre d’occupations ne pouvaient convenir à son génie actif et entreprenant ; il partit pour Paris et s’y plaça chez un agent de change, dont il ne tarda pas à acquérir toute la confiance, que sa probité, son aptitude au travail et de grandes vues de commerce durent lui mériter.
Une compagnie qui s’était organisée à Firminy pour y établir des hauts-fourneaux, le choisit pour aller en Angleterre recueillir et prendre tous les renseignements nécessaires. Arrivé en Angleterre, il ne borna pas ses recherches au travail de la fonte, il parcourut tous les établissements métallurgiques et y recueillit de nombreux renseignements. Il fut frappé surtout de la promptitude avec laquelle on y travaillait le fer, et il conçut dès lors d’importer en France de genre d’industrie qui lui était encre inconnu, et qui était destiné à y opérer une grande révolution dans son commerce des fers.
De retour dans son pays, il communiqua à la compagnie son dessein ; mais celle-ci ayant eu le sort de beaucoup d’autres, fut dissoute avant d’avoir rien entrepris. M. BESSY, constant dans son projet, et pour ne pas laisser perdre le fruit de ses observations, s’associa à M. CELLES, son parent, qui mourut six mois après, et fut remplacé par M. ARDAILLON.
Leur plan arrêté, les travaux commencèrent le 20 août 1820 ; pendant que la maçonnerie s’élevait, toutes les machines et les ouvriers nécessaires à la mise en activité de l’établissement, arrivaient d’Angleterre. Les travaux avançaient comme par enchantement ; et chose incroyable et unique dans les fastes de l’industrie, un an ne s’était pas encore écoulé, que le bruit du marteau vint apprendre aux habitants étonnés de Saint-Chamond et de Saint-Julien, qu’ils possédaient un établissement nouveau, et à révéler à la France qu’il venait de s’ouvrir pour elle une nouvelle source d’industrie qui doit l’affranchir un jour du tribut qu’elle paie à l’étranger.
Quoi ! cette belle France, si riche en mines de toutes espèces, restera-t-elle toujours indifférente sur ses propres intérêts, et continuera-t-elle d’être tributaire de ses voisins ? Non, depuis plusieurs années, elle paraît se réveiller de sa longue léthargie, et commence à sentir enfin que le bonheur des peuples et la richesse des états résident entièrement dans le commerce des arts. L’accroissement des lumières fait naître l’industrie ; aussi voyons-nous chaque jour de toute part s’élever de nouveaux établissements. La métallurgie surtout, cette branche si importante du commerce, a pris un essor considérable, et bientôt, n’en doutons pas, nos fers rivaliseront avec ceux de Suède : nous en avons l’assurance dans l’aveu même des étrangers. Un habile ingénieur anglais, M. Alexandre GOLOWAY, qui est venu en 1823 visiter les produits de notre industrie, et qui a examiné surtout avec la plus grande attention ceux de la métallurgie, a avoué dans l’enquête faite per ordre du parlement d‘Angleterre, en 1824, qu’il n’avait jamais rien vu qui les surpassât. Combien cet aveu de la bouche d’un anglais doit flatter l’amour-propre de nos manufacturiers, et les exciter à se surpasser encore pour rivaliser et dépasser même la première nation commerçante du monde.
M. BESSY est un des hommes qui ont le plus contribué à répandre en France ce genre d’industrie ; et s’il n’est pas le premier qui ait conçu le projet d’y créer un établissement comme ceux dont l’Angleterre est couverte, il est au moins le premier qui l’ait mis à exécution et qui ait obtenu les premiers résultats. Son exemple n’a pas tardé à avoir la plus heureuse influence ; et nous avons successivement vu se former depuis les établissements de MM. BOIGUES, à Fourchambeau, du duc de RAGUSSE, à Châtillon ; de MM. FREREJEAN à Terrenoire ; de MM. NEYRAND, à Laurette, près Rive-de-Gier, etc. Enfin nous possédons actuellement huit établissements considérables de ce genre, et d’autres moins importants destinés au travail du fer en barres et en lames.
Le succès prodigieux de son entreprise avait dépassé ses espérances ; chaque jour il voyait augmenter ses relations, chaque jour il méditait de nouveaux projets d’établissement, lorsque de retour d’un nouveau voyage en Angleterre, d’où il revenait riche observations et de nouvelles connaissances, un trait imprévu de l’impitoyable mort vint enlever, au milieu des plus brillantes espérances, à cette époque précise de la vie où l’homme jouit de la plus grande force morale et physique, celui qui, sans fortune et par son seul génie, était parvenu, en surmontant tous les obstacles, à créer un de nos premiers établissements.
Tout a été anéanti en peu d’instants par une maladie cruelle, qui dès les premiers moments de son invasion, n’a pas laissé d’espoir aux soins les plus assidus. Il était atteint depuis longtemps au cœur de cette maladie mortelle, qui, au milieu de tout ce qu’il avait de plus cher, dans les bras de celle dont il devait encore longtemps faire le bonheur de la vie, s’est terminé par une mort tragique.
Les armes de ses parents et amis, et les regrets sincères de la foule immense, qui l’accompagnèrent vers cette barrière redoutable qui s’est à jamais fermée sur lui, et qui venaient lui dire un dernier et éternel adieu, furent le meilleur et le plus touchant éloge qu’on pût faire de ses vertus. Son souvenir, pour toujours gravé dans leur cœur, leur rappellera sans cesse les belles qualités de son âme, sa probité, sa loyauté dans les affaires qui lui avaient mérité l’estime générale.
Pourquoi ne lui a-t-il pas été donné de jouir encore quelques temps du bienfait de la vie ? il aurait vu naître un fils qui devait mettre le comble à son bonheur : ce fils peut seul alléger la vive douleur de sa mère, et l’aider à supporter son infortune. Il sera un jour, n’en doutons pas, le digne héritier des verts de son père : cette idée vient diminuer, s’il est possible, la vive douleur que sa perte a laissé dans les cœurs.
Sensible, humain et désintéressé, sa bienveillance envers les pauvres était extrême, et sa charité ne connaissait pas de bornes ; aussi modeste que généreux, il cachait avec soin tout le bien qu’il faisait. Père de ses ouvriers, ils étaient l’objet de sa plus tendre sollicitude ; il volait au-devant de leurs besoins.
Homme vertueux ! si du séjour des bienheureux, d’où tu contemples maintenant avec calme les vicissitudes humaines, tu peux entendre nos vœux, protège ton fils, qui nous donne l’espérance de te voir revivre un jour, et reçois, par mon faible organe, l’expression de nos regrets, qui ne cesseront qu’avec nous !!!
L’arrondissement de Saint-Etienne, le plus intéressant du royaume par la variété, l’importance et le nombre de ses manufactures, placé au centre de la France, entre le Rhône et la Loire, richement pourvu de mines de houille d’une excellente qualité, se trouvait éloigné des forges qui fournissent la matière première à ses fabriques d’armes, de coutellerie, de quincaillerie et de clouterie.
Ces dernières branches d’industrie qui consomment annuellement plusieurs millions de kilogrammes de fer, et qui reçoivent chaque jour plus d’accroissement, se procurent maintenant sur les lieux, à des prix inférieurs, la plus grande partie des fers qu’elles tiraient de la Bourgogne et autres provinces.
Si la tombe du génie créateur recouvre presque toujours avec lui le secret du bien et des améliorations qu’il pouvait faire encore, félicitons-nous de ce qu’il nous reste un frère, son ami intime et le confident de ses plus secrètes pensées : dépositaire de ses projets, il s’occupe, de concert avec MM. ARDAILLON, ses associés, de la construction des hauts-fourneaux pour le traitement du fer par le coke, qui avaient été commencés par M. BESSY, aussitôt son retour d’Angleterre. Les travaux se poussent avec activité, et bientôt nous verrons cette contrée animée d’une nouvelle vie.
TH. VIRLET, élève de l’Ecole des Mines de Saint-Etienne.
(Source : Bulletin d'industrie agricole et manufacturière, 1925, tome 3, pages 231 à 240).
Il semble que la société Ardaillon, Bessy et Cie ait eu des soucis avec la Justice. En effet, un arrêt de la Cour de Cassation, date du 23 janvier 1829, annule un jugement du Tribunal de Vesoul du 5 décembre 1828, et renvoi l’affaire devant la Chambre de s Appels de la Cour royale de Besançon, pour négligence aux conditions les autorisant à établir des lavoirs ou patouillets.
Un autre arrêt en date du 17 avril 1837, annule un jugement rendu par la Cour royale de Paris le 10 mai 1834, affaire concernant un prêt de 60000 francs par le sieur MASSILIAN et du paiement des intérêts.
Un autre arrêt en date du 2 décembre 1840, annule un arrêt de la Cour royale de Lyon du 9 février 1839, au sujet de la dissolution de la société et des indemnités dues suite à cette dissolution.

BESSY Joseph Etienne Marcellin
BESSY Mathieu Etienne
BESSY Etienne
BERAUD Louise
CELLE Catherine
CELLE Jean-Baptiste
PICHON Marguerite


                     


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