Note individuelle
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Canonnier, Saint-Etienne (Loire), XIXe siècle. Il devint contrôleur à la manufacture des armes de guerre, puis éprouveur des armes bourgeoises, en 1856 (source : Dictionnaire des Artistes et Ouvriers d'Art du Lyonnais, par Marius AUDIN et Eugène VIAL, 1919, tome II, page 34).
Il contribua beaucoup au progrès de l'armurerie. Il excella dans la partie du canon double à rubans acier, et dans l'art de forger les canons damassés. Son nom était avantageusement connu dans le commerce des armes, et les personnes de distinction qui venaient à Saint-Etienne ne manquaient pas de visiter son atelier.
En 1834, le duc d'ORLEANS, accompagné du maréchal SOULT, ministre de la guerre, de plusieurs généraux, d'officiers supérieurs et de préfets, se rendit dans l'atelier de MERLEY qui éxécuta les opérations de forge les plus difficiles du canon damassé.
A la même époque, la société française de Statistique Universelle, dont M. le duc de MONTMORENCY était président, lui offrit le titre de membre honoraire; mais MERLEY ne se trouvait pas digne de faire partie d'une société d'élite dans les sciences et les arts, refusa l'honneur qu'on lui faisait.
Un capitaine russe, le prince Théodore de LIEVEN vint à Saint-Etienne, au commencement de 1837, pour visiter la manufacture d'armes, où MERLEY-TIVET lui fut signalé pour l'un des canonniers les plus habiles. Durant son séjour, MERLEY l'accompagna dans les diverses manufactures, surtout dans les ateliers qui se rattachaient à l'industrie des armes de guerre et de commerce. Au moment de son départ, le prince offrit à Mme MERLEY plusieurs pièces d'or - "Ne prond pas quelous lias", dit son mari. "Y lou prendra", repartit le prince. La surprise qu'éprouva MERLEY en entendant ces paroles sortir de la bouche dun étranger, fut remarquée par M. de LIEVEN, qui expliqua alors qu'il connaissait une partie des langues des principaux états d'Europe, et que peu de jours lui suffisaient pour comprendre un idiôme.
Il commanda à MERLEY plusieurs beaux et bons canons damassés, pour lui et pour ses frères, dont l'un était colonel et aide-de-camp de l'Empereur de Russie, grand amateur de la chasse et connaisseur en même temps.
Le 9 décembre 1838, le prince de LIEVEN écrivait à MERLEY de Francfort-sur-le-Mein :
"Je viens vous exprimer ma reconnaissance pour les beaux canons que vous m'avez envoyés. Ils sont vraiment un chef-d'oeuvre, tant par la beauté du damas que pour la confection entière des canons. Ils ont excité l'admiration de tous ceux qui les ont vus, et l'arquebusier auquel je les ai remis et qui est un homme âgé et de beaucoup d'expérience, m'a avoué qu'il n'avait jamais vu d'aussi beaux canons.
Je suis non seulement content, je suis heureux de les posséder et je ne m'en déferais pour rien au monde."
Par une lettre du 22 mars 1840, il se plaignait de ce qu'on n'avait pas fait incruster sur la bande des canons, en lettres d'or, le nom de MERLEY, comme cela avait été convenu et lui recommandait expressément de le faire sur le canon que M. le baron G. de LIPHARD lui avait demandé.
La réputation de MERLEY se répandit en Russie et en Allemagne, parmi les amateurs des belles armes, auxquels il adressa un certain nombre de canons qui lui étaient payés 200 francs, les platines qui accompagnaient les canons étaient de Jean MURAT, de la Tour-en-Jarez, et coûtaient de 120 à 130 francs.
Pendant son séjour en notre ville, le prince de LIEVEN presse vivement MERLEY de se rendre en Russie, lui promettant personnellement des avantages considérables et l'appui du gouvernement; mais il ne voulut pas quitter sa famille et son pays.
Admis à la manufacture d'armes au mois de mars 1833, comme réviseur, ensuite comme contrôleur de deuxième classe, il se retira après 22 ans de services et obtint une pension de retraite, le 1er mai 1855.
La chambre de commerce qui connaissait sa probité et sa capacité, le nomma éprouveur des armes bourgeoises, le 9 juillet 1856, et MERLEY mourut dans cet emploi.
Sébastien MERLEY-TIVET était cousin germain de Louis MERLEY, qui s'est fait un nom distingué dans la sculpture et la gravure en médaille.
La famille MERLEY-TIVET était alliée à celle de MONTAGNY, graveur, par le mariage d'Antoine MERLAY, oncle de MERLEY-TIVET, avec Jeanne-Marie MONTAGNY, fille de Philibert et de Marie BROUAT, lequel eut lieu le 7 janvier 1788.
(Source : Notices Biographiques Stéphanoises, par M. DESCREUX, page 245).
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