Note individuelle
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Il siègea aux Etats du Velay en 1734.
Ayant hérité de Queyrières au décès de sa femme, il légua ce fief, vers 1758, à sa seconde épouse.
De LA FAGE, sgrs de Ribbes, de La Combe, d'Aulhac, de Fournols, de Gizac, de La Veyssinet, de Cheylane, de Talizat, etc. (Auvergne), d'esplaéntas, de Beauregard près Saugues (Gévaudan), cosgrs de Glavens (1732-1771), barons de Queyrières et des Etats u Velay.
Noblesse de la Haute-Auvergne. Filaition depuis Guiot de LA FAGE, commis aux finances de la haute Auvergne (1366). Confirmée dans sa noblesse (1668), en la personne de Jean de LA FAGE, sgr de ribbes, domicilié en l'élection de brioude, sur titres filiatifs remontant à Etienne de LA FAGE, son trisaïeul (1545). Un gentilhomme de la chambre du Roi (1620); des capitaines de cavalerie; un chevalier des ordres de St-Lazare et de N.D. du Mont-Carmel (1669); deux pages des grandes écuries du Roi (1733-1772). Preuves pour l'école militaire en 1781. Charles de LA FAGE de RIBBES, sgr d'Esplantas, épousa en 1732, Marguerite de SAIGNARD, laquelle lui laissa en mourant la baronnie de queyrières qu'il transmit à son tour vers 1758, à Henriette de FILLèRE du CHARROUIL, sa seconde femme. Un membre de cette famille est inscrit sur la liste des émigrés de la Haute-Loire.
Armes : d'azur, à deux lances d'or, passées en sautoir, ferrées d'argent et virolées de gueules aux deux extrimités, le fer de chaque lance recourbé en dehors; à un chef d'or.
Alias : d'argent, à deux lances écotées de gueules, posées en sautoir; au chevron de sable brochant, accompagné en chef de deux palmes de sinople.
(Source : Armorial Général du Velay, par Georges PAUL, Marseille Reprints, 1975, pages 169-170).
Reconnaissance de fief par Antoine MONTAVID, habitant Esplantas (près Saugues), en faveur de Charles de La FAGE de RIBES, sieur d'Esplantas (1748).
(Source : AD 63 Fonds, Franck Imberdis 4J526).
Le Velay dans la première moitié du XVIIIe siècle : Les mandements vellaves et l'enquête de 1734 sur la capitation, par Jean MERLEY.
Extrait abrégé des procès-verbaux faits par Mr de montels commissaire subdélégué dans les communautés du Dicoèze du Puy, concernant la capitation.
144.-- QUEYRIERE. Mre Charles de La Faige de Ribes ("en quallitté de marry de dame Marguerite de Sagnard de Queyrière, rézidant au Puy où il paye sa capitation") seigneur du lieu capité dans l'Etat de main forte.
4 de ses domestiques... 4, Fermiers, métayers ou ménagers ("dont environ 12 qui vivent commodement ; les autres ont quelque bien qu'ils cultivent, mais n'estant pas suffizant pour leur donner à vivre, ils vont à la journée dans le plat pays pour ayder à leur subcistance".)... 50, Valets de labour et petits bergers... 3, Veuves de journaliers mandiant leur pain ("dont la plupart mendient leur pain".)... 12. (Total)...69.
Cette communauté est compozée de 93 feux et chaque feu de quatre personnes. Elle paye de capitation année commune 99 L 18 s. Il n'y a point de commerce ni d'autre industrie que celle de la dentelle et la production conciste en seigle et avoine.
(Source : Cahiers de la Haute-Loire, année 1965, page 123).
En 1718, Charles de La FAIGE de RIBES n’a qu’une vingtaine d’années lorsqu’il reçoit le domaine en héritage, au décès de sa mère Marguerite DUPRÉ de CHÂTEAUNEUF. Cette dernière administrait Esplantas depuis 1701, date de la disparition du père, Pierre-Jean de la FAIGE de RIBES. Lorsqu’il entre en possession du château, propriété de la famille depuis le mariage, en 1657, de ses grands-parents Marie de LANGLADE et Jean de La FAIGE de RIBES, Charles est engagé dans une carrière militaire. Au service du prince de CONTI, duc de Mercoeur et seigneur de Saugues, il remplit durant de longues années les fonctions d’officier dans un régiment de cavalerie. Devenu capitaine puis enseigne des gardes, il termina sa carrière en 1733, date à laquelle il reçut une pension viagère de huit cents livres. De ce passé militaire, Esplantas conserve un imposant témoignage. Ainsi, c’est probablement au cours de la deuxième campagne de travaux qu’il conduisit au château à partir de1748 que Charles confia à Joseph-Bruno BUFFET, maître architecte du Puy, la réalisation du trumeau (panneau ornemental, le plus souvent en bois, placé au-dessus d’une cheminée) en plâtre qui chapeaute la cheminée du salon du rez-de-chaussée de l’aile est. Ce délicat bas-relief s’apparente à un tableau à la gloire du maître des lieux. La partie basse présente les tentes d’un camp militaire de campagne devant lesquelles s’amoncellent, au pied des étendards, les armes déposées ainsi que les instruments de musique qui rythment la marche du régiment. La partie haute, nettement plus onirique, propose une victoire ailée, d’inspiration antique, qui sonne le triomphe de la troupe victorieuse. De cet ensemble, se dégage une vision apaisée de la guerre, celle d’un officier pour lequel les armes sont déposées depuis plusieurs années déjà et qui ne souhaite laisser de son passé militaire que l’image d’un ordre victorieux.
S’il est une pièce majeure du château, ce trumeau n’est pourtant qu’un détail parmi les nombreux travaux menés par Charles de La FAIGE de RIBES entre 1738 et 1765. Au-delà de l’entretien nécessaire de la désormais vénérable demeure, c’est une véritable mise à jour qui s’opère durant près de trente années. Trois décennies jalonnées par trois mariages dont chacun fut suivi d’une importante campagne de travaux. Les dots des heureuses élues auraient-elles favorisé les desseins bâtisseurs du seigneur d’Esplantas ? Il est permis de l’envisager concernant son union, en 1732, avec Marguerite de SAIGNARD qui, de seize ans son aînée, vint enrichir de manière substantielle le patrimoine de son époux en lui apportant la baronnie de Queyrières et la seigneurie de Glavenas. C’est après le décès de cette première épouse survenu en 2736 que Charles engagea les premiers travaux d’importance. C’est le confort ainsi que le prestige des lieux qui semblaient avoir été privilégiés avec l’aménagement des pièces de réception. Rénovation des conduits de cheminée, réalisation de lambris afin de réchauffer les murs, percement de nouvelles fenêtres sur la façade est du château, apportent aux salons l’essentiel de leur apparence actuelle. Ces transformations initiales se poursuivirent en 1742 par la construction de nouvelles écuries occupant un bâtiment appuyé, à l’est, contre le donjon et qui apparaît encore sur le cadastre de 1830.
C’est cependant la deuxième union de Charles qui donna lieu aux travaux qui modifièrent le plus durablement l’édifice.
A cinquante et un ans, douze ans après le décès de sa première épouse, le visiblement toujours fringant seigneur d’Esplantas s’éprit d’une jeune femme, Marie-Françoise de LANGLADE, qu’il épousa en juin 1748. La correspondance de Charles montre que c’est en janvier de cette même année qu’il entreprit la rénovation complète des appartements du château. Les pièces privées du logis témoignent en particulier d’une quête de confort mais également d’intimité. C’est particulièrement le cas de la « chambre jaune » dont les peintures actuelles ont été refaites à partir de la description précise de la pièce réalisée à l’occasion d’un inventaire judiciaire daté de 1765. Cette chambre répond aux codes caractéristiques des châteaux d’agrément du XVIIe siècle. Une alcôve à la mesure du lit offre un refuge chaleureux dans cet espace aux dimensions imposantes que la cheminée parvient difficilement à chauffer. La lumière, largement invitée par les hautes fenêtres, est amplifiée par la saisissante clarté des peintures. En entrant dans cette chambre, comment ne pas imaginer que Charles ait pu concevoir un écrin à la mesure des sentiments que lui inspirait sa nouvelle compagne ? Si l’Histoire n’autorise pas à l’affirmer, rien n’interdit au visiteur de voir dans la fraîcheur de ces lieux l’expression de l’élan d’un renouveau affectif.
Si l’intérieur du château gagne en confort, c’est à l’extérieur que des bouleversements majeurs modifièrent profondément l’allure du site.
Il s’agit d’abord de la création d’une nouvelle façade destinée à agrandir autant qu’à isoler le logis à l’ouest. Construite parallèlement à la façade du XVIe siècle désormais intégrée au bâtiment, elle propose de larges ouvertures aux lignes sobres, dépourvues s’ornements particuliers. Logis et donjon se trouvant désormais plus proches, un pont de pierre, aujourd’hui disparu et remplacé par une structure en bois, fut conçu afin de relier commodément les étages des deux bâtiments.
Le nouvel espace intérieur ainsi créé, élargissant considérablement le logis, permit au maître des lieux de commander la construction d’un monumental escalier à l’italienne conduisant aux appartements privés. Le château se vit ainsi agrémenté d’une large entrée, haute et lumineuse, qui tranchait avec les pièces aux dimensions relativement modestes du logis.
Sile fait d’ouvrir ainsi l’espace habité du site constituait une évolution nécessaire aussi bien en terme de confort que d’apparat, il aurait été incohérent de réaliser de tels bouleversements au sein d’un bâtiment encore engoncé dans les limites étroites d’une ancienne muraille devenu inutile et toujours précédée de profonds fossés. C’est ainsi que Charles de La FAIGE de RIBES tourna définitivement le dos aux fonctions défensives de son château pour l’ouvrir bien plus largement sur l’espace environnant.
Dans cette optique, la courtine ouest fut abattue permettant le comblement des fossés et la création de terrasses d’agrément face au soleil couchant. Leurs fonctions ont varié depuis leur mise en place. En effet, selon les périodes, elles purent accueillir aussi bien des écuries que des jardins potagers et autres vergers. La plus proche du château, longeant le pignon nord, fut plantée de tilleuls afin d’offrir, aux heures chaudes de l’été, la fraîcheur de ce que l’on qualifiait alors de « salle d’ombrage ». Pour achever cette structure nouvelle, un imposant mur de soutènement percé d’une ouverture voûtée destinée à l’évacuation des eaux fut construit et retient toujours aujourd’hui la terre venue combler les fossés.
En quelques mois, c’est le caractère même du site qui fut ainsi modifié ouvrant la forteresse endormie sur le village autant que sur son temps.
Cependant, c’est à nouveau un événement tragique qui vint ternir l’horizon du château et de son propriétaire. Moins d’une année après son mariage, Marie-Françoise de LANGLADE mourut le 14 mai 1749, une semaine après avoir mis au monde la première fille de Charles prénommée Marianne Josèphe Ursule. Après ce drame, ce n’est qu’à la suite d’un troisième mariage, contracté en août 1758 avec Madeleine Henriette de FILLÈRE de CHARROUIL, de trente ans sa cadette et dont il eut une seconde fille, Joséphine Henriette Pauline, née en 1762, que le seigneur d’Esplantas acheva de façonner sa demeure. L’essentiel de ces derniers travaux semble avoir été commandé quelques semaines avant le décès de Charles survenu le 15 juillet 1765. Une partie fut donc réalisée après sa mort, ses biens étant alors gérés par sa dernière épouse.
Cette ultime campagne permit principalement de surélever la façade ouest ce qui autorisa la création de trois ouvertures sous les combles. Cette extension en hauteur fut également l’occasion de reprendre la charpente du logis qui fut non seulement rehaussée mais également élargie afin de prendre correctement en compte la création, quelques années plus tôt, de la nouvelle façade.
Charles de La FAIGE de RIBES fur probablement, parmi les propriétaires d’Esplantas, celui qui séjourna le plus longuement dans les murs et certainement celui qui apporta à l’édifice les modifications les plus marquantes. Le fait qu’il ait choisi d’être inhumé dans la chapelle d’Esplantas et non dans l’église Saint-Médard de Saugues, comme le furent ses parents, illustre l’attachement de cet homme à un bâtiment qu’il aura façonné, inscrivant dans la pierre un héritage parvenu jusqu’à nous.
(Source : Esplantas un château en Gévaudan, par Luc Bergougnoux, éditions du Roure, Yssingeaux, 2019, pages 18 à 23).
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