Note individuelle
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Esprit d'une envergure exceptionnelle, Jean COURBON a mené deux carrières parallèles d'ingénieur et d'enseignant.
Après des études secondaires à Lyon couronnées par trois prix au Concours général, reçu brillamment à l'École normale supérieure puis après 1 an d'étude à l'École polytechnique, il intègre en 1935 les Ponts et Chaussées. Après un court passage au Service Ordinaire de la Haute-Marne, il rejoint à partir de 1940 et jusqu'en 1954, le service central d'études techniques du ministère des Travaux publics (ancêtre du SETRA), chargé des projets de reconstruction des ouvrages détruits pendant la guerre, il dirige des études concernant pratiquement tous les types de ponts, parmi lesquels le pont de Château-Thierry qui est un arc en béton armé à 3 articulations, le pont suspendu d'Ancenis, le pont levant de Brest…. Il apporte des solutions appropriées originales et toujours d'une grande simplicité aux problèmes concrets qui se posent aux constructeurs. La clarté de ses exposés et la rigueur de ses raisonnements le désignent naturellement pour enseigner à l'École des Ponts et Chaussées dès 1943. Il succède en 1951 à Albert CAQUOT comme professeur du cours de résistance de matériaux qu'il assurera jusqu'en 1978. En 1954, alors ingénieur en chef, il quitte l'Administration à la demande de Marcel CHALOS pour la société des Grands Travaux de Marseille afin d'en diriger les études et le service recherche et précontrainte. Il conçoit alors de grands ouvrages en béton précontraint tels que les premiers ponts en caisson construits en encorbellements et les caissons de tunnels sous-marins. Il devient également en 1962 administrateur de la Société d'équipements et d'entreprises où il restera jusqu'à sa retraite en 1978. En 1972, l'université de Paris VI (Institut de mécanique théorique et appliquée) lui demande d'assurer un cours sur les voiles minces et un autre sur les plaques minces élastiques. À côté du comportement élastique classique de la matière, il montre l'importance de son comportement plastique dans l'évaluation des coefficients de sécurité réels et énonce les conditions de pérennité des constructions, complétant ainsi les leçons d'Albert CAQUOT. Il introduisit dans le calcul des structures des méthodes précises d'intégration numérique, permettant une grande liberté dans le choix des formes, en particulier dans le calcul des arcs dont le tracé de la fibre moyenne et la loi d'inertie étaient choisis pour concourir à l'élégance et au bon comportement de l'ouvrage, et non plus pour permettre une intégration formelle. Connaissant toutes les possibilités du calcul matriciel, il n'hésita jamais à présenter des justifications fondées sur la géométrie élémentaire et les méthodes traditionnelles. Jean COURBON résumera sa pensée en ces mots : «Pour nous, ingénieurs, la résistance des matériaux n'est pas un prétexte à mathématiques, mais une technique qui utilise des outils mathématiques, presque toujours élémentaires, en vue d'obtenir des résultats numériques permettant de construire en sécurité». Il a reçu plusieurs prix de l'Académie des sciences : prix de Rivot (1935), Caméré (1946) et Saintour (1960). Il était docteur Honoris Causa de l'École Polytechnique fédérale de Lausanne et de l'Université de Salonique.
(Source : Ecole Nationale des ponts et Chaussées)..
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