Note individuelle
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Fils de messire Louis de BANNE, écuyer, sgr de Montregard, au diocèse du Puy, et de dame Isabeau de LUZY-PELLISSAC, du dicoèse du Puy.
Leurs armes, enregistrées en 1696 par Louis et Annet de Banne, de gueule, un cerf passant d'or, chef cousu d'azur, trois croissants, sont visibles au "manoir de Banne" au Chambon, sous le porche.
Les de Banne de Boissy s'installent à La Voulte (s/Rhône) au début du XVIème (tandis que les de Banne d'Avejan semblent s'étendre vers le sud). Gaspard de Banne de Boissy est châtelain de La Voulte jusqu'à sa mort en 1559, un parent est chanoine de Viviers à la même époque (et laisse de célèbres Mémoires). Les de Banne de Boissy de Montregard sont sans doute issus d'un cadet des châtelains de La Voulte. A noter que La Voulte tout comme Montregard appartenait au duc de Lévis-Ventadour.
En septembre 1580, Etienne Faure de Marnas partage entre ses quatre filles la seigneurie de Montregard dont il avait fait l'acquisition en 1563. Parmi les quatre beaux-frères qui transmettrons leurs parts à leur lignée, nous trouvons Jean de Colomb (époux de Françoise, la cadette, en 1557), Charles de Figon (époux de Flaurie en 1559, de son vrai nom Carlo Figoni, Florentin devenu, grâce à son beau-père, seigneur de Flachon-Figon en 1571), Mathieu de Chabannes (époux de Marguerite, en 1568), et Charles de la Valette (époux d'une autre Marguerite en 1583) qui cède la place (peut-être en 1599) à Gilbert de Banne, seigneur de Boissy, nouveau mari de la veuve. Dès 1574 Gilbert de Banne est cité parmi les participants à une réunion des divers seigneurs de la région convoquée par François Clermont de Chaste, baron de La Brosse, pour envisager les actions à mener contre les protestants (présents aussi : Jean de Colomb ou encore les seigneurs de Joux). En mai 1590, on le retrouve messager du baron de la Brosse lors de la guerre civile, dans le camp royaliste donc (tout comme son futur beau-frère Colomb ou les La Franchière de Girodon et du Cros, mais à l'inverse de Fleury de Baud de Mercoux).
Le fils aîné de Gilbert, Louis, a épousé en 1623 Isabeau Bayle des Hermens (récente veuve de Guillaume de Fay, avec trois enfants) de la famille des seigneurs de Chantemule, baillis du monastère de La Séauve (son père Pierre est "conseiller du roi, juge du baillage du Velay au siège de Montfaucon", seigneur de la Bâtie et Pouzols). Son oncle Louis de Boissy, seigneur de Banne (frère cadet de Gilbert ?) remplace Gilbert décédé, le marié étant mineur. Un certain Gaspard de Banne, seigneur de St Montan habitant à La Voulte, est témoin au mariage aux côtés de Jean de La Franchière et d'Aymard de Gazelles. La mariée apporte 7 500 livres de dot (dont 500 en libéralité de son oncle Charles Bayle de Lyon) et obtient le domaine de la Roche (St Didier) en cas de veuvage et 300 livres pour "bagues et joyaux" de sa belle-famille ; Louis obtient alors la moitié des biens de sa mère. En 1626 Louis habite le château de Montregard ; devenu veuf, il se remarie en 1628 avec Isabeau de Luzy de Pelissac, veuve de Philibert de la Tour de Varan depuis 1623 (elle décède en 1670). En février 1631 Louis de Banne, se rend propriétaire de la moitié de la seigneurie de Montregard par l'achat du quart des de Chabannes, par l'intermédiaire de Jean de La Franchière. Il meurt en 1674.
La branche aînée se poursuit avec Annet de Banne, seigneur de Montregard né vers 1631 et mort en 1701 qui épouse Claire de Sanhard de Marminhac (en 1664, décédée en 1683), son frère François meurt en 1670, son autre frère, Melchior, fait une carrière militaire et s'établit à Firminy, Anne devient religieuse à Annonay et sa sœur Jeanne épouse vers 1650 Christophe de Ferrapie, seigneur de la Croze, dont le fils et l'arrière petite-fille se lie aux Le More. Les biens 'nobles' d'Annet (rentes, censives, droits seigneuriaux et toutes justices) sont estimés à 260 livres en 1691, et la taille 'roturière' qu'il paye est la plus forte du mandement.
Annet a légué la seigneurie à son fils ainé Louis (1670-1732) qui épouse en 1705 sa cousine Louise de Banne (1679-1712), puis en 1713 Françoise de Pinha de Fours (dont la dot s'élevait à 12 000 livres, née en 1678, décédée en 1765) ; son autre fils Antoine (1676-1704) mène une carrière militaire (finissant lieutenant au régiment de Toulouse) et ses deux filles, Marie Thérèse et Charlotte, épousent respectivement Pons de la Rochette et Claude de Fornier, seigneur de la Peyrouse.
Le successeur de Louis à la tête de la seigneurie de Montregard est son fils Claude-Joseph né en 1718, il épouse en 1739 Clémence, fille de Joachim de Trémolet, et meurt en 1761.La fille de Louis, Eleonore (née en 1719), semble marquer la fin de la branche aînée presque en même temps que s'éteignait la branche cadette.
Celle-ci est issue du second fils de Gilbert, Annet de Banne de Boissy qui épouse en 1641 Louise de Romezin, veuve d'Etienne de la Franchière. Il en a quatre fils :
- Antoine l'aîné (né en 1642), seigneur de Verne. Il a épousé Marie-Louise de Courtial en 1676 dont il a Louis(e) en 1682 (son demi-frère Louis de La Franchière en est le parrain au côté d'Isabelle de Courtial de Villelonges). Taxé aux compoix de Montregard à 11 (1688), 20 (1713) puis 25 livres( 1731), habitant à Pailhec, il est aussi enregistré comme noble pour un bien dans la paroisse de Vastres (taxé à 20 livres).
- Louis (1644-1710), le cadet, épouse le 13 juillet 1671 Suzanne de Baud, fille d'Imbert de Baud, qui apporte les seigneuries de Maisonnettes, où le couple vit en 1693, et de Merlat ; pour sa part, Louis reçoit (avec difficulté) 4 200 livres de sa mère ; en 1693 il est nommé "maire" de Montregard et plaide la cause des habitants auprès des autorités fiscales : la communauté a du emprunter pour acheter des 'bleds' en raison de la pénurie et de la famine (1694).
- Annet, né en 1652, seigneur "des Molins", a eu une carrière militaire qui l'a notamment conduit sur "les côtes océanes" aux côtés du vice-amiral de Tourville lors de la guerre de la Ligue d'Augsbourg (1688-1697), il semble être resté célibataire ;
- Jacques, seigneur de la Bastie (décédé avant 1679).
Le couple a également deux filles :
- l'aînée Anna épouse Jacques Vey, sans héritier connu ;
- Jeanne la cadette épouse le 22 mai 1669 Claude de Chave. Il est seigneur de Chave, de Chazelet près de la Chapelle d'Aurec, du Mas près de Tence (où une chapelle est fondée par Pierre-Balthazar et Louis-Raphaël de Chave en 1737, leur domaine de Jamillon sert de garantie à son entretien en 1743, voir le passage sur les Teyssier). Jeanne avait été la marraine d'une des 3 cloches de l'église de Tence en 1668 (au côté de Jean Durranc de Joux le parrain). C'est chez elle que se retire sa mère Louise de Romezin en 1687, qui y meurt en 1705. Ces Chave de Chazelet sont parents d'Alexandre-Bernardin de Chave d'Ay qui hérite de Marcoux en 1763.
Louis a eu 13 enfants dont Imbert-Joseph qui hérite est devient "seigneur de Boissy et des Maisonnettes". En 1713, il est taxé pour 168 livres, ce qui fait de lui une des trois plus gros contribuables du mandement, assez loin derrière son cousin de la branche aîné, Louis de Banne ; la taille de 1731 le maintient à cette place (141 livres). Celui-ci a eu 8 enfants de ses deux mariages (dont le second avec Jeanne de Pinha de Fours en 1717) et c'est son fils Louis-Joseph qui lui succède.
A la suite de son mariage en 1742 avec Marguerite de Figon (1711-1791), Louis-Joseph a eu une fille Marguerite (1743-1825), "dame de Figon" (seigneurie tenue de sa mère), qui épouse en 1766 Jacques Louis de Fraix du Vernet (famille liée aux Chave de Chazelet), puis un fils, Louis-Régis (1744-1811). Louis-Joseph meurt prématurément en 1746, son père se charge de la tutelle des enfants jusqu'à sa mort en 1754 puis leur mère assure la charge jusqu'en 1758 avant de faire désigner un curateur pour son fils. En 1767 elle épouse P.Joucerand, capitaine au Royal comtois, dont elle a eu une fille (Catherine) longtemps avant la 'régularisation' (le baptême date de 1759) et alors qu'elle était engagée dans une procédure judiciaire 'contre son fils' sur la gestion de l'héritage paternel (elle demande 1836 livres dus à elle par son fils). Marguerite de Figon a fait deux testaments. Dans celui de 1746, alors qu'elle est "bien avancée dans sa grossesse" après la mort de son mari, elle donne pour les Recollets d'Annonay et les Capucins de Monistrol ainsi que la chapelle Notre Dame à Montregard (la fondation des Lhermuzières, seigneurs de Marcoux, dont elle descend) et pense surtout au repos de son âme. Dans celui de 1775, elle consacre 100 livres à des messes et 10 setiers de blé aux pauvres mais, surtout, donne à son fils Louis-Régis le quart de seigneurie de Montregard hérité des Figon (dont elle ne semble pas très assurée). Ainsi la branche cadette des de Banne se retrouve à son tour "co-seigneur de Montregard". En 1793, Catherine Joucerand, « fille illégitime de sa mère », revendique une auprès de J.L. de Fraix du Vernet une part de la succession de Marguerite de Figon.
Louis-Régis commence sa carrière militaire aux Gardes lorraines aux côtés du capitaine Pierre-Bernardin de Lhermuzières, celui-ci est chargé par Marguerite de Figon de remettre à Louis-Régis, débutant comme enseigne en avril 1760 (à 16 ans), 759 livres "pour son départ au service du roi"). Pendant ses campagnes, c'est son beau-frère de Fraix qui gère ses biens, ainsi apprend-on que sa scierie de Boissy, affermée en 1767 au meunier de Marcoux, lui rapporte 137 livres, 5 liasses de 24 toises de planches chacune, 80 écoins, 1 paire de poulet et 1 paire de chapon. Devenu capitaine en 1778, il épouse sept ans plus tard Marie Brigitte de Guilhon (né à Montbrison en 1752, morte en 1826). Au printemps 1793, après avoir abandonné son poste de maréchal de camp dans l'armée de la République (suivant son chef le général Dumouriez, aux côtés duquel il s'était mis en valeur à la bataille de Jemmapes comme lieutenant-colonel), il est considéré comme "émigré" par les autorités. Son épouse et son beau-frère s'arrangent pour sauver ce qui peut l'être : divorce "blanc" en 1794 qui préserve les intérêts financiers des enfants et de l'épouse, achat des biens par J.L. Fraix Duvernet (en un mot, révolution oblige !) : un ensemble sis à Merlat, aux Maisonnetttes et à Franc pesant 193 arpents avec un bâtiment d'exploitation en mauvais état, une maison avec grange, aisance et fournial, une maison couverte de paille et surtout une maison de maître avec cave, grange et fournial et enfin un abondant mobilier, le tout adjugé pour seulement 37 000 livres. Louis-Régis Boissy de Banne continue sa carrière dans l'armée autrichienne : obtenant un commandement sur les frontières orientales de l'empire des Habsbourg, il finit général. Revenu après la paix de 1801, il se rallie à Napoléon et retrouve son épouse, son fils et ses biens. Mais il meurt en Autriche en 1811 sans héritier : son fils Pierre-Auguste, "caporal fourrier des voltigeurs" étant mort le 21 mai 1807 à Cosenza (Calabre) à la suite d'une blessure reçue à Fiumefreddo, sans doute au service du roi de Naples, Joseph Bonaparte. Son épouse (pseudo-divorcée de 1794) vend alors les deux domaines de Maisonnettes (soit disant saisis et vendus en 1797) à J.L. de Fraix du Vernet (pseudo-acheteur de 1797) pour 20 000 francs et se retire au château de Peychard, acquis par le général vers Montfaucon.
Une autre branche des de Banne de Boissy est fondée par un autre fils d'Imbert-Joseph, Joseph de Banne de St Montan, qui épouse (sans doute pas en premières noces) le 6 juillet 1743 Anne Maisonnial, de Tence. Il semble installé à Flourdon, à 2 km au sud du château de Marcoux (dont le domaine s'étend jusque là).
A noter que, dans son testament, Pierre Bernardin de Lhermuzières lègue 10.000 francs à son ami le général de Boissy de Banne. Cette somme, prélevée sur le produit de la vente du domaine de Marcoux (1812), est finalement allée aux de Fraix de Figon ; J.L. Fraix Duvernet, habitant aux Maisonnettes, avait aussi bénéficié d'un legs de 10 000 francs (avait-il joué le même rôle protecteur pour les intérêts de Pierre-Bernardin lors de la Terreur ?). Les relations entre Figon, de Banne et Lhermuzières se continuent ainsi sur près de deux siècles, même si parfois les rapports de voisinage entre les Lhermuzières et les de Banne n'ont pas toujours été des plus faciles. Ainsi en 1632-1633 un conflit oppose Gaspard de Lhermuzières et Louis de Banne ; en 1715 leurs petits-fils respectifs s'affrontent de nouveau, Imbert accusant Louis de Banne d'avoir usurpé une partie (4 séterées) du domaine du Meynard et encore une fois en 1730 sur la banalité des moulins qu'Imbert contestait. Ces tensions ne l'empêche pas de louer, contre une rente annuelle de 33 livres 15 sols, un pré d'une valeur de 27 métanchés 1 boisseau valant 950 livres et appartenant à Antoine de Banne à la Suchère (Chambon).
(Source :http://chateaudemarcoux.free.fr/site/histo/fam/fam11.htm).
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