Fiches individuelles


CHAINARD Marcel
Naissance : 1910 à Montchanin 71

Père : CHAINARD Claude ( 1860 - ? )
Mère : CERSOT Madeleine ( 1872 - ? )

Union : MATHIEU Gabrielle Marie ( 1910 - ? )
Enfant : CHAINARD Monique ( ? - ? )
CHAINARD Marcel
CHAINARD Claude
CHAINARD Gabriel
DAUBARD Jeanne
CERSOT Madeleine
 
 




CHAINARD Monique
Père : CHAINARD Marcel ( 1910 - ? )
Mère : MATHIEU Gabrielle Marie ( 1910 - ? )

Union : LACHAL Daniel ( ? - ? )
Enfants : LACHAL Sophie ( ? - ? )
LACHAL Véronique ( ? - ? )
CHAINARD Monique
CHAINARD Marcel
CHAINARD Claude
CERSOT Madeleine
MATHIEU Gabrielle Marie
 
 




CHAINET Jean
Union : JABRIN Jeanne ( ? - ? )
Mariage religieux : 17 février 1789 à Marlhes 42
Note individuelle : Fils de feu Jean CHAINET, et de feue Antoinette LINOSSIER.





CHAIS Auguste
Procureur général, président en la Cour royale de Lyon, président du Conseil Général des Basses-Alpes - Officier de la Légion d'Honneur

Naissance : 26 octobre 1793 à Riez 04
(Source : voir fichier Geneanet de Françoise Etard-Monneteau).
Décès : 11 novembre 1870 à Riez 04
(Source : LH/469/7).

Union : MONTGOLFIER (de ) Louise Simone ( 1813 - 1890 )
Mariage : 17 novembre 1844 à Marmagne 21
(Source : voir fichier Geneanet de Françoise Etard-Monneteau).
Enfants : CHAIS Maxime ( 1845 - 1870 )
CHAIS Maurice ( 1847 - 1921 )
CHAIS Gabrielle ( 1849 - ? )
CHAIS Hélène ( 1851 - 1892 )
CHAIS Elie ( 1855 - 1922 )
Note individuelle : Officier de la Légion d'honneur, par décret du 25août 1943, en qualité de président de Chambre honoraire à laCour d'Appel de Lyon.
(Source : LH/469/7).
Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés : Deuxième République, Assemblée nationale constituante, du 23 avril 1848 au 26 mai 1849, département des Basses-Alpes, groupe droite.
Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny) :
Représentant du peuple à l’Assemblée constituante de 1848, né à Riez (Basses-Alpes), le 26 octobre 1793, mort à Riez, le 11 novembre 1870, il fut le condisciple de THIERS et de MIGNET à la Faculté de droit d'Aix.
Substitut à Digne en 1818, procureur du roi à Tarbes en 1824, avocat général à Grenoble en 1827, puis à Lyon en 1829, il fut appelé aux fonctions de procureur général près le tribunal supérieur d'Alger en 1838, et près la cour de Bastia en 1840.
Nommé président de chambre à la Cour de Montpellier eu 1842, il donna sa démission, et fit plusieurs tentatives infructueuses pour entrer à la Chambre des députés. Il avait échoué le 9 juillet 1842, à Digne, avec 58 voix contre 155 accordées à l'élu, M. GRAVIER, député sortant, puis le 1er août 1846, avec 49 voix contre 204 à l'élu, M. d'ORAISON, et 70 à M. du CHAFFAULT; mais il fut plus heureux, le 23 avril 1848, aux élections pour l'Assemblée constituante.
Propriétaire, et conseiller général des Basses-Alpes, M. CHAIS fut élu représentant de ce département, le 4e et dernier, par 16,577 voix (38,425 votants. 45,994 inscrits.) Il fit partie de plusieurs commissions importantes, notamment de celles de la presse, des chemins de fer, du système pénitentiaire, des incompatibilités, de la législation de l'Algérie, et vota avec la majorité de droite : pour le rétablissement du cautionnement, pour les poursuites contre Louis BLANC et CAUSSIDIÈRE, pour le rétablissement de la contrainte par corps, contre l'abolition de la peine de mort, contre l'amendement GRÉVY, contre le droit au travail, pour l'ordre du jour en l'honneur du général CAVAIGNAC, pour la proposition RATEAU, pour l'expédition de Rome, contre l'amnistie des transportés. Il n'a pas fait partie d'autres législatures. Officier de la Légion d'honneur, du 24 août 1843.
(Source : Assemblée Nationale).
Une belle Figure bas-alpine, Le Président Auguste CHAIS (1793-1870)
Le 11 novembre 1870, s'éteignait à Riez, son pays natal, à l'âge de 77 ans, M. Auguste CAIS, ancien magistrat et ancien député. Les malheurs de la France, qui depuis quelques mois essuyait de si terribles défaites, n'étaient pas étrangers à la mort de cet ardent patriote dont le noble cœur se révèle dans les pages intimes, datées de 1846 et de 1852, et pieusement conservées par sa famille. Nous exprimons toute notre reconnaissance à sa fille Mme de Clavière, d'avoir bien voulu nous communiquer ces souvenirs, ces racontè, ainsi que MISTRAL appelle les simples et véridiques récits qu'un ami n'écrit que pour ses amis, « un père que pour ses enfants ». Ceux qui
aiment le passé de notre cher pays ne manqueront pas de goûter les extraits choisis que nous sommes autorisés à publier dans ce Bulletin. Mais, au préalable, qu'il nous soit permis, soixante ans après sa mort, de rappeler à grands traits la vie si honorable et si bien remplie dé M. Auguste CHAIS, en présentant cette belle figure, dans un modeste et fidèle médaillon.
La famille de M. Auguste CHAIS, « avec, son vernis d'ancienneté, si flatteur, même pour les familles bourgeoises », est une des premières de Riez, ancienne ville épiscopale. Ses aïeux s'étaient distingués dans l'administration et dans les armes. Son grand-père, Marc-Antoine
CHAIS— les mêmes prénoms que ceux de son père—, avocat, fut subdélégué de l'Intendant de Provence, « place qui constituait une grande dignité dans un petit pays », et son grand-oncle, le chanoine Pierre CHAIS, fut le dernier archidiacre du diocèse de Riez et de son dernier Evêque, Mgr de GLUGHY, qui, réfugié à Autun, avant de s'exiler, remplaça quelque temps, dans ses fonctions épiscopales le fameux TALLEYRAND. Dans la suite, on verra de quelle trempe de pur acier étaient ces deux hommes de robe et d'église : le subdélégué et l'archidiacre. Leur sœur, Françoise, « misé dé Chaïs », Mademoiselle de CHAIS, comme dans leur vénération les bonnes gens du faubourg Saint-Sébastien aimaient à l'appeler, avait le même tempérament, riche de finesse et surtout de bonté. Quelques instants avant sa mort, dans le courant d'avril 1815, elle sortit de son coma pour demander si Napoléon 1er, échappé à l'île d'Elbe, n'était pas encore arrivé à Paris. Cette curiosité d'une moribonde, étrangère à la politique, quel coup de sonde dans la popularité du grand Empereur ! Le père d'Auguste CHAIS avait deux frères, Honoré et Gaspard, « têtes destinées à la couronne de chanoine », suivant les termes spirituellement révérencieux du neveu : l'un, en effet, fut bénéficier du Chapitre et l'autre curé de Riez et, après la Révolution, d'Esparron. Un peu avant Thermidor, qui ouvrit les portes du couvent des Ursulines de Digne, transformé en prison, ces têtes, blanchies au service des âmes, furent menacées par la Terreur, dont le chef, le pourvoyeur, à Riez, était un apostat, l'ex-abbé MILLE,
qui finit terriblement, puisque son squelette vers 1816 fut découvert et reconnu dans les anciens remparts où ses amis révolutionnaires l'avaient muré, peut-être vivant, craignant ses compromettantes dénonciations. Nous tenons ce témoignage macabre et intéressant de la bouche même de Mgr JORDANY, ancien évêque de Fréjus, (1797-1887). « Dans l'antique salon de notre maison, lisons-nous dans les Souvenirs, j'ai vu réunis autour de mon père et de ma mère, les vénérables débris d'un autre temps et d'une autre fortune. Ils parlaient de leurs dignités, de leur opulence, de leur " haute position, comme des voyageurs parlent des belles
contrées lointaines parcourues avec plaisir et quittées sans regrets… »
Tous se sentaient heureux de vivre, d'avoir échappé à l'orage révolutionnaire qui avait causé tant de ruines et emporté tant de vies. « Riez avait alors trois mille âmes. Les bourgeois, — les nobles avaient tous émigré — les principaux artisans dansaient, faisaient des repas, affluaient sur les promenades. C'était souvent au bal que l'on apprenait les exploits terribles des brigands et l'on
dansait encore, sans se préoccuper des dangers... » Cette frénésie de danse semble suivre tous les cataclysmes sociaux : on dirait que ce vent de plaisir, comme le mistral après l'orage, se lève pour emporter nos sombres deuils et nos lugubres souvenirs...
Au collège de Riez, l'ex-oratorien HELLIEZ et, après le départ de ce savant religieux, à ALLEMAGNE, le chanoine GAYMARD, furent les premiers professeurs du jeune Auguste. Le terrible ex-chanoine était, parait-il, « à la tête d'une espèce de pensionnat où il donnait la science avec sobriété, les pommes de terre, avec abondance, surtout quand elles avaient delà barbe, et
les coups de bâton, à tout propos et hors de propos. » Aussi, de très bonne heure, lorsqu'Auguste CHAIS eut perdu son père et sa mère (1806) — sa mère Marie-Anne
COGORDAN, fille du notaire de Riez — son tuteur, le chanoine Joseph-Pierre CHAIS, frère cadet de l'Archidiacre, qui, à tout prix, et non sans visées ambitieuses, voulait « le sortir de Riez », l'envoya-t-il comme clerc de notaire à Digne, chez Me Pierre AILLAUD, « l'homme d'affaires le plus réputé du département ». Pour achever ses classes bien négligées jusque-là, faire son droit et obtenir sa licence, il ne tarda pas à se rendre à Aix. Là, il eut pour camarades THIERS et MIGNET avec lesquels il conserva toute sa vie des relations cordiales. Il s'en faut, cependant, que le calme des études fut alors favorisé par les événements ! 1815 ! C'est le temps où les étrangers, les Autrichiens, commandés par NIEGPERG, « général borgne et d'une laideur repoussante », futur époux de l'impératrice Marie-Louise, envahissaient le midi de la Provence ;
le temps où les jeunes — et les vieux — étudiants manifestaient tumultueusement contre les BOURBON, en promenant : le drapeau tricolore et nos paysans contre NAPOLÉON, en brandissant leurs fourches. Un des chefs, des boute-en-train de cette jeunesse aixoise était l'avocat MANUEL, un des plus turbulents amis de CHAIS ; il fut plus tard député, et le scandale de son expulsion manu militari de la Chambre, en 1823, devait lui acquérir plus de célébrité que l'éloquence de tous ses discours.
Substitut à Digne. (1818), Auguste CHAIS, par sa nature sémillante et ses manières distinguées, eut bientôt ses entrées habituelles auprès de l'austère et apostolique Mgr MIOLLIS qui l'invitait quelquefois à sa table frugale, quitte à notre jeune magistrat de prendre un complément de déjeuner chez, son patron, maître AAILLAUD. — L'ancien évêque constitutionnel, Mgr CHAMPSAUR, « modèle de mansuétude et de simplicité », « l'ami de ses deux oncles chanoines », l'attire et l'intéresse en lui montrant, près de ses piles d'In-folios théologiques, les reliquaires artistiques que ses vieilles mains qui ne bénissent plus fabriquent pour le consoler de l'oubli de sa vie retirée. — M, le Préfet, DUPELOUX, populaire malgré sa poigne, éprouve de vives sympathies pour notre substitut, « dont les opinions libérales rendent assez long — trop long —
son stage à Digne ». Mais après tout, pourquoi s'en plaindre ? Le chef-lieu manque-t-il tant de distractions ? « La société, — Auguste CHAIS le reconnaît joyeusement, — m'indemnisait de l'oubli et de l’injustice du gouvernement. Je ne puis dire de combien d'agréments elle m'entourait.
On se réunissait beaucoup à Digne, et de plus, un cercle d'hommes y était un centre où chaque jour plus de 90 personnes venaient aboutir. Que d'originaux, que de bigarrures, que de physionomies introuvables s'offraient à mes joies facétieuses, à mes imitations burlesques !...
Et les rires ne fâchaient personne, ne brouillaient qui que ce fut... » Heureux les fonctionnaires accrochés, qui ont une telle philosophie et surtout de telles occasions pour l’exercer !
A trente-un an (1824), l'éclat de ses talents et de ses services lui valent d'être nommé Procureur du Roi à Tarbes. Là, comme à Digne, il s'applique à pourchasser « les loups-cerviers de l'usure », et à remettre de l'ordre dans une région bouleversée par la guerre d'Espagne. Sévère et impitoyable, comme la loi, dont il est l'organe, il requiert en son nom, sans jamais transiger avec sa conscience. Son activité, son zèle ne reculent devant aucun obstacle, même ceux qui lui viennent de son entourage. De loin en loin, Auguste CHAIS, il est vrai, retourne au pays natal refaire ses forces. Mais au foyer de famille, hélas ! le cercle s'est bien rétréci I Le père de sa pieuse mère, « ange de charité », le grand-père GOGORDAN, notaire, est mort depuis longtemps. Il a trouvé un successeur dans son frère le chanoine GOGORDAN, le grand-oncle
d'Auguste. Figure curieuse ! « Par suite d'autorisations qu'il avait reçues, il disait la messe, était notaire, et le plus recherché — l'autre notaire était M. RABBE, père de l'historien, Alphonse RABBE — et portait l'écharpe de maire, cette écharpe tricolore qui était sur sa personne un véritable arc-en-ciel, un signe de paix et de réconciliation. » Un chanoine, à la fois notaire et maire !... et à quel moment? Au lendemain de la Révolution... Avouez que cela vaut certes d'être noté. Rarement, si belle alliance de panonceaux, de camail, d'écharpe et nous pourrions ajouter de lyre, car le savant chanoine, entre un testament et un acte de vente, avait encore assez
d'inspiration pour composer des hymnes en latin, en l'honneur de nos saints !
En. 1827, Auguste CHAIS passe avec le même grade d'avocat général à la Cour de Grenoble. Comme premier président il a la bonne fortune d'y trouver M. de GUERNON-RANVILLE qui l'a bientôt pris en amitié. « D'une haute taille, ce Président semblait porter avec un certain orgueil sa
belle tête qui rappelait les traits que l'on prête à Achille ». Charles X ne tarda pas à faire un garde des sceaux de ce nouvel Achille, « qui, au dire de son ami, avait l'art d'élever la justice, de la faire craindre, de faire respecter les lois et — autant qu'il le pouvait — les ministres », en un temps
où les chansonniers et les journalistes ne les épargnaient guère. C'est chez GUERON-RANVILLE, le plus libéral et le moins compromis des collègues de POLIGNAC, l'homme des fatales Ordonnances, rue des Saints-Pères, que se trouvait l'avocat général de Grenoble, quand, en 1830, éclatèrent les tragiques événements des journées de Juillet. « des Trois Glorieuses ». Il les a décrits pour ses enfants d'une main émue. Avec son jeune compatriote de RÉGUSSE, il exposa sa vie pour secourir ses frères et il contribua à sauver le trésor de la Caisse d'amortissement. Mais il s'en fallut de peu que la Révolution, avec tant d'autres choses, avec un
trône dix fois séculaire, n'emportât aussi le dernier témoignage d'amitié de GUERNON-RANVILLE à son égard : sa toque galonnée d'avocat général près la Cour de Lyon. Cette nomination avait été faite quelques mois seulement avant la chute des BOURBON et l'emprisonnement à Ham de son puissant protecteur. Heureusement le libéralisme connu et la loyauté naturelle d'Auguste CHAIS lui firent vite pardonner la faveur du régime déchu, en lui conciliant l'estime de ses nouveaux chefs, MADIER de MONTJAU et DUPONT de l'EURE. Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'un parti politique, une fois maître du pouvoir, s'empresse d'appliquer le premier article brutal de son programme social : à nous toutes les places !...
A Lyon, ses réquisitoires, soigneusement élaborés, portaient l'empreinte d'un savoir profond, d'une raison calme et haute, et surtout de cette conviction forte qui prête toujours à la parole tant d'entraînement et d'autorité morale. Il y eut des amis dévoués et distingués, entre autres CHANTALAUZE, MÉRILHON et SAUZET, futur président de la Chambre des députés. C'est sans doute en pensant à ces hautes et fidèles amitiés et à la brillante carrière de tels collègues que, dans ses Souvenirs, il fait cette réflexion si juste et si flatteuse : « On juge avec raison des hommes, non pas seulement par leurs actes, mais aussi par ceux des compagnons, des soutiens, des émules, des protecteurs qu'ils ont rencontrés dans leur vie. » Si l'on juge des
hommes par les amis qu'ils méritent, ils se jugent surtout par la compagne qu'ils se choisissent. En 1833, Auguste CHAIS épousa à Lyon, Mlle Elisabeth d'AUFERVILLE, d'une famille originaire de Chartres, qui lui donna un fils, Auguste ; mais le tombeau ne devait pas-tarder à s'ouvrir, à la fois, pour la mère et pour l'enfant, arrachant à l'infortuné père cette plainte, d'autant plus émouvante qu'elle lui monte du cœur avec le souvenir de ses joies si tôt envolées : « J'ai marché à Lyon sur les fleurs et sur les ronces de la vie ; j'y ai fait l'apprentissage du bonheur
intime et de la douleur amère. »
Un des premiers Procureurs généraux à Alger, après la conquête, fut notre éminent compatriote, M. Auguste CHAIS. On devine sans peine le désordre qui devait régner dans notre colonie toujours sous la fumée des combats. A cette heure si décisive de notre histoire, « nos gouvernants, a-t-on dit avec raison, avaient l'instinct et non le dessein de ce qu'ils faisaient » (Pierre de Lagorce, — Charles X, p. 258). Quoi qu'il en soit, dans le choix du Procureur général d'Alger, il faut reconnaître que le gouvernement de Louis-Philippe eût la main heureuse.
La justice active et sévère de M. CHAIS fit cesser une infinité d'abus. Elle lui valut les éloges de son ministre, la haute estime du gouverneur général dont la probité égalait la gloire militaire, le Maréchal VALLÉE, et l'affection des populations algériennes. Il y passa deux ans. Ce ne fut pas sans une tristesse mêlée de crainte qu'il dit adieu à cette Algérie, « dont l'avenir ne lui apparut
qu'entouré de nuages et de tempêtes ». Sans doute, en ces deux années (1838-1810), les procès avaient fait passer sous ses yeux trop de boue et de sang, pour résister au pessimisme et ne pas ajouter : « tous les vices de la France viendront se réfugier ici ! » Cette sombre prophétie ne s'est heureusement pas réalisée. Cent ans se sont écoulés depuis, et nous avons la joie de
constater que l'Algérie n'est que le prolongement de notre Patrie et que, par-delà la mer — la dernière guerre nous l'a bien montré, — c'est le même amour pour là même France. Comme le dit un de nos meilleurs historiens, « l'affaire d'Alger était destinée sans qu'aucun des contemporains en eût sur l'heure la vue claire, à transformer tout un continent » (Pierre de Lagorce, — Charles X, p. 223).
Après un séjour de plusieurs mois dans les Basses-Alpes, M. Auguste CHAIS est mis à la tête du parquet de Bastia (1840), où l'attendent de rudes travaux et des épreuves périlleuses. Toutefois, ici comme partout, l'amitié lui réservait ses consolations. « Je fus heureux, écrit-il, de revoir en Corse le général DESMICHELS (1779-1845), mon compatriote dignois et mon ami, cet illustre militaire, un des hommes les plus brillants des armées impériales, commandait la division avec les mêmes principes et les mêmes tendances que ceux dont j'étais animé, mais avec des
moyens bornés, car il ne pouvait sortir du cercle étroit que sa compétence militaire traçait autour de son influence.
« Pendant tout le temps que j'ai demeuré en Corse, je n'ai cessé de trouver en lui concours, sympathie, société affectueuse et aimable, et qui m'a délassé bien souvent des luttes que me suscitaient l'inquiétude, la jalousie, la faveur des SÉBASTIANI et de leur Préfet. Je dois un souvenir affectueux et reconnaissant à Mme la baronne DESMICHELS, Julie GRUSZEYNSKA, princesse polonaise, qui après avoir été une des personnes les plus belles de son temps, n'a pas cessé d'être des meilleures et des plus aimables. C'est elle qui, présente à Digne, quand NAPOLÉON Ier y passa, pour, faire cet héroïque et fabuleux voyage de l'île d'Elbe à Paris, l'aida,
par sa connaissance de notre département à y tracer sa direction jusqu'aux confins des Basses-Alpes ».
Le Procureur général CHAIS ne demeura que deux ans dans l’« île de beauté » (1840-1842). Voici néanmoins le jugement flatteur que ce haut magistrat eut le temps de porter sur
la Corsé : « Dans l'espace de quelques mois, je connus la terre, les mœurs, l'esprit, la force et la faiblesse du peuple dont je m'empresse de dire et de répéter qu'on peut en faire un des plus beaux fleurons de la couronne morale et intellectuelle de l'Empire français ». Il resterait à savoir
si tout ce qui, en 1840, pouvait et devait être fait a été réalisé depuis.
La brillante carrière de magistrat de M. CHAIS s'achève à Montpellier, où il est nommé président de Chambre, en 1842. Parmi les qualités qui le recommandèrent toujours, sont en première ligne l'austère et inflexible probité et l'indépendance, ces vertus qui rehaussent l'éclat de toutes les autres, et dont les autres, si éminentes qu'elles soient, ne sauraient tenir lieu. Après vingt-quatre ans de vie militante, Auguste CHAIS prit sa retraite à Riez où tant de souvenirs l'attiraient et où il rendit jusqu'à son dernier jour à ses compatriotes tant de services de toute sorte. Chaque après-midi, on pouvait voir M. le Président, nom que ses amis et familiers aimaient à lui donner, prodiguer ses soins à ses fleurs et à son verger, dans ce domaine des Colonnes, autrefois appelé les Arènes, devenu un vrai champ élysien, avec ses allées de noisetiers et sa ceinture
de peupliers, au confluent du Golostre et de l’Auvestre. Sa stature élancée et son profil énergique, anguleux et lamartinien inspiraient une certaine crainte vite dissipée par sa grâce accueillante et cette « bonne humeur, dont il disait, qu'elle ne le quittait jamais, bien que la gravité de sa position se fut répandue sur ses allures ».
En 1844, M. Auguste CHAIS épousa, en secondes noces, Louise de MONTGOLFIER, veuve BERGER, belle-sœur du célèbre ingénieur Marc SEGUIN, auteur du chemin de fer de Vienne à Lyon, inventeur des ponts en fer, des chaudières tubulaires qui ont fait une véritable révolution dans la vapeur et par suite dans l'industrie et la marine. De ce mariage qui comblait tous ses vœux naquirent trois garçons : 'Maxime, 1845-1870 ; Maurice, 1847-1921 ; Elie, 1855-
1922, tous trois morts sans laisser de postérité, et deux filles : Gabrielle, 1849, aujourd'hui Mme de CLAVIÈRE, résidant à Riez avec sa fille et Hélène, 1851-1892, épouse TRUCY, mère de MM. Louis et Robert TRUCY, de Toulon.
M. Auguste CHAIS fut élu député des Basses-Alpes à l'Assemblée Constituante de 1848; mais, soumis l'année suivante à la réélection, il échoua. Les mœurs électorales, depuis lors, ont radicalement changé. Habitués à toutes les maladies de la démocratie, au « n'importequisme », à la « comitardite », comme les a baptisées M. Charles BENOIST, nous avons quelque peine à comprendre les raisons que M. CHAIS nous donne de cet insuccès, si regrettable, en songeant aux sympathies qu'il s'était acquises à la Chambre, dans son rapide passage.
« N'ayant voulu faire aucune demande, aucune démarche pour ma réélection, nous avoue notre trop confiant compatriote, et pour cela me sentant une souveraine aversion, il a manqué à mon nom quelques voix, pour être membre de l'Assemblée législative (déc. 1849) ». Et M. CHAIS,
non sans une légitime fierté, d'ajouter : « Le flot rouge qui parcourt les différentes zones de la population française a tellement monté d'ans les Basses-Alpes, que je regarde ce nombre de suffrages qui a presque atteint la majorité, et vers lequel je n'ai pas fait un pas, comme le plus beau témoignage d'estime et de reconnaissance qu'il me fut possible d'obtenir. »
Riez du moins lui demeura fidèle : il y fut sans interruption conseiller général de 1833 à 1860. L'assemblée départementale le choisit deux fois pour secrétaire et quatre fois pour président. Ami des pauvres et des ouvriers, Auguste CHAIS favorisa de toutes ses forces toutes les
initiatives en vue de l'amélioration du sort du peuple. Il ne cessa de se dévouer — les procès-verbaux en font foi — surtout à la création et au bon fonctionnement des écoles primaires et des salles d'asile.
Celui qui si passionnément cultiva les fleurs de son jardin des Colonnes prit aussi un doux plaisir à donner ses soins à la fleur tendre et délicate de son souvenir. « C'est dans le calme d'une existence à laquelle le passé n'a point attaché de remords », qu'il écrit ces pages intimes et souvent exquises, ces « impressions » et ces « réminiscences », afin que, après lui, « ses fils aient tout ou partie de sa vie sous leurs yeux ».
Quelle âme haute et sereine nous apparaît dans ces confidences qui honorent non seulement un homme, non seulement une famille, mais encore un pays ! — « Quand je reçus officiellement l'investiture de ma nouvelle fonction, écrit-il en 1818, il me sembla que je sentais, comme
une grâce inattendue, le caractère noble du magistrat descendre sur moi et ouvrir mon esprit à une lumière, à des devoirs et à des considérations que je n'avais jamais aperçus. Je frémissais à l'idée que moi qui, hier, encore, était si peu compté..., j'allais être chargé de prononcer
sur la liberté, l'honneur, la fortune et la vie de tant de justiciables. Ma vanité s'éclipsait devant les scrupules et la religion du mandat qui m'était confié... »
Et quel père pour donner à ses enfants les conseils, marqués au coin d'une sagesse si pure I « Ne soyez pas solliciteurs de faveurs, mais mettez-vous en position de pouvoir demander un acte de bienveillante justice. Si vous prenez une profession libre, il faut que votre mérite vous attire la confiance que beaucoup cherchent par l'hypocrisie et l'intrigue. Si vous entrez dans les fonctions
publiques, que ce soit en vous faisant remarquer par la distinction de votre aptitude et de votre capacité... Ne soyez pas trop fiers, jamais outrecuidants, mais ne cessez d'être dignes même en demandant quand vous croirez avoir le droit de le faire. » Et cette règle de morale, digne de Marc-Aurèle : « Pour qu'une demande n'humilie jamais celui qui la forme, il faut, avant qu'elle naisse de la bouche ou de la plume, qu'il ait pris soin de la justifier par des titres véritables et faciles à prouver. »
Nul mieux que lui ne savait harmoniser les gestes avec les paroles. Sous les honneurs, son âme délicate sentait le besoin de se mettre en garde contre « l'éclat trop plein de tentation des grandeurs humaines ». Aussi, en 1843, à Lyon, quand la croix d'Officier de la Légion d'honneur
lui fut remise, toutes cours réunies, « j'allais, sans désemparer, confie-t-il à ses enfants, la mettre en contact avec la terre de la tombe, pour que la stérile vanité n'eut point de part à son inauguration ».
En ce monde, la seule gloire à laquelle aspirait ce magistrat d'une si haute conscience et d'un rayonnement si bienfaisant, devait venir du témoignage de ses enfants. Mais à ce témoignage filial qu'il mérita s'est ajouté celui de tous ceux qui purent approcher et connaître cet homme,
vraiment de la race des natures supérieures dont on peut dire que l'on devient meilleur rien qu'en pensant à leur existence, rien qu'en entendant l'écho de leur voix qui nous apporte des paroles comme celles-ci :
« Heureux celui dont le fils peut écrire dans ses annales privées que son père vécut honnête, aimant Dieu, servant loyalement son pays, sans autre prétention que celle de faire son devoir et de laisser de bons exemples ».
H. JEANGLER.
(Source : Annales des Basses-Alpes, tome XXII, année 1929, pages 209 à 220).





CHAIS Elie
Naissance : 1855
(Source : Annales des Basses-Alpes, tome XXII, année 1929, page 218).
Décès : 1922
(Source : Annales des Basses-Alpes, tome XXII, année 1929, page 218).

Père : CHAIS Auguste ( 1793 - 1870 )
Mère : MONTGOLFIER (de ) Louise Simone ( 1813 - 1890 )

CHAIS Elie
CHAIS Auguste
 
 
MONTGOLFIER (de ) Louise Simone
MONTGOLFIER (de ) Louis Simon Elie Ascension
DURET Pauline Claudine


                     


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