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En effectuant des recherches sur la déportation de la Commune, j’ai découvert qu’un Marmorat originaire de Saône-et-Loire, et plus précisément du Charolais, faisait partie des déportés. Or il se trouve que mon arrière-grand-mère paternelle est aussi originaire du Charolais et que, ayant fait d’importantes recherches généalogiques dans cette région, j’ai rencontré ce patronyme très souvent. Il n’y a pas de lien direct entre Jean-Hugues Marmorat et ma généalogie, mais il n’en pas moins aiguisé ma curiosité, et j’ai donc décidé de lui consacrer un article.
Jean-Hugues Marmorat est né à Charolles, en Saône-et-Loire, le 2 janvier 1834 à 10 heures du matin. Ses parents, Jean Marmorat, manœuvre, et Claudine Tillier, y sont domicilié Faubourg du Calvaire. Une délibération de famille du 14 juillet 1820 avait autorisé leur mariage, qui fut célébré le 12 août 1820 à Charolles.
Au moment où éclate la guerre franco-prussienne, Jean Hugues, qui exerce la profession d’ouvrier menuisier-ébéniste, réside à Paris, 33 rue Traversière. Il est engagé pendant toute la durée de la guerre au 4ème régiment d’artillerie, jusqu’à l’armistice. Il est libéré le 9 mars 1871, avec le grade de maréchal-des-logis, et recommence à travailler chez un menuisier du nom de Porchon. Il est célibataire.
Le 8 avril 1871, il quitte son employeur, et se fait
incorporer le 8 à la 1ère batterie de la XIIème légion de
Les renseignements recueillis par les enquêteurs sur sa conduite et sa moralité sont bons, mais le 9ème Conseil de Guerre de la 1ère Division Militaire, siégeant à Sèvres, le condamne cependant le 17 octobre 1871 à la déportation simple, et à la privation de ses droits civiques, pour sa participation à l’insurrection parisienne comme lieutenant d’artillerie. Le jugement (page 1, page 2) qui a reçu un commencement d’exécution le 22 octobre fait état 1° d’attentat ayant pour but de changer ou de détruire le gouvernement, 2° d’attentat ayant pour but d’exciter à la guerre civile en armant ou en portant les citoyens à s’armer les uns contre les autres, soit de porter la dévastation, la massacre et le pillage dans la banlieue et la ville de Paris, 3° d’avoir exercé un commandement dans des bandes armées. Ce même document donne comme signalement : taille d’1m72, cheveux et sourcils bruns, front élevé, yeux gris, nez long, bouche moyenne, menton rond, visage ovale, teint clair, sans signe particulier, et stipule qu’il n’a pas eu de condamnations antérieures. Jean-Hugues formule un recours en grâce en date du 28 février 1872. Cette demande est appuyée par une supplique d’Edouard Descours, demeurant 21 rue de Chabrol à Paris. Mais un rapport (page 1, page 2) du général commandant la subdivision de Seine-et-Oise en date du 28 octobre émet un avis défavorable, et le recours est rejeté par décision du 28 novembre 1872.
Avant son transfert en Nouvelle-Calédonie, Jean Hugues est incarcéré au dépôt du bagne de Saint-Martin-de-Ré, en Charente-Maritime, le 22 juin 1872, comme le prouve son registre d'écrou (page 1, page 2). Selon Pierre Pirotte, autre communard y ayant séjourné, "la citadelle de Saint-Martin-de-Ré est, comparée à Fort-Boyard, un enchantement. Dans la journée, malgré les hauts murs, les barreaux, les écrous et les chemins de ronde, on perçoit le chant des oiseaux, le bruissement des frondaisons, des végétaux et des minéraux accrochent parfois le regard, les odeurs de foin et de purin se mêlent avantageusement aux effluves d'algues pourries, les cheminées colportent un délicieux parfum de feu de bois. La nuit, le faune s'agite, chante, s'appelle, se plaint, chasse et meurt. La vie, quoi." Cependant ce tableau presque idyllique que dépeint Pirotte n'empêche pas les prisonniers d'avoir du pain "juste ce qu'il faut pour ne pas mourir de faim", et nombreux sont ceux qui s'affaiblissent, et l'oisiveté pèse. Ceux qui ont un peu d'argent peuvent parfois améliorer l'ordinaire, malgré les vols perpétré par la chiourme. Certains peuvent ainsi acheter du vin ou du tabac. Pirotte, qui fabrique des cannes et les vend, arrive même à envoyer un peu d'argent pour sa femme et ses deux filles, au prix de douloureuses privations il faut le dire. Il vend d'ailleurs une de ses cannes à Rochefort qui, par solidarité, la lui achète un bon prix. Mais pour ceux qui n'ont rien, les jours sont difficiles.
Jean-Hugues fait partie du 6ème convoi sur le
Calvados, et embarque le 8 mai 1873 à Quélern selon l’un des registres
matricule, le 16 mai de Saint-Martin-de-Ré selon un autre et selon son registre d'écrou. Sa conduite avant
l’embarquement est bonne. Le Calvados arrive à Nouméa le 27 septembre 1873. Jean
Hugues est débarqué à l’île des Pins le 3 octobre, avec le numéro matricule
2345. Le 25 octobre 1874, il embarque sur le Cher à destination de Nouméa, où il
débarque deux jours plus tard pour « venir en témoignage », et est
placé en subsistance à la presqu’île Ducos. Il rembarque sur le Cher le 17
novembre pour revenir à l’île des Pins. Le 30 janvier 1876, il embarque de
nouveau pour Nouméa, en permission provisoire. Il est autorisé à résider à
Nouméa par une décision du 1er
février. Il est autorisé à travailler
chez un ébéniste de Nouméa. Le 17 octobre de la même année, il adresse
une
demande de recours en grâce auprès du Président de la République, qui
est transmis
le 24 novembre, et qui est appuyé d’un avis favorable du Gouverneur de
la
Nouvelle-Calédonie, au vue de son excellente conduite à la colonie.
cette demande est aussi appuyée par une
lettre d'Edouard Descours,
demeurant 21 rue de Chabrol à Paris, en date du 10 septembre 1876.
Un
jugement contradictoire de simple Police rendu par le
Tribunal de Nouméa en date du jeudi 23 novembre 1876, condamne Jean Hugues, qui
est domicilié à Nouméa, à une peine de un franc d’amende, et aux frais de
justice, pour ivresse manifeste. Le 13 janvier 1877, Jean Hugues embarque sur
la Seudre, renvoyé à l’île des Pins. Il avait en effet été jugé « déméritant »,
taxé d’inconduite par le Conseil d’Administration de
La peine de déportation simple de Jean Hugues Marmorat est commuée, par décision gracieuse rendue le 5 avril 1877, en 7 ans de détention à partir du jugement, mesure qui est notifiée à Jean-Hugues le 9 mai. Jean Hugues est rayé des contrôles de la Déportation le 4 juillet 1877, et est porté à celui des commués. Il embarque le 31 août 1877, sur la Loire, qui quitte la Nouvelle-Calédonie pour la France le 1er septembre 1877, afin d’y subir sa nouvelle peine. Il est rayé de tous les contrôles de la Déportation ce même jour.
Arrivé en France, il est incarcéré au fort de Belle-Ile. Il
adresse alors une demande
de remise
du reste de sa peine au Président de
Qu’est-il devenu par la suite ? L’état actuel de nos recherches ne nous permet pas de le dire. Mais la quête continue et nous finirons bien par trouver, ce qui fera l’objet de prochaines mises à jour…
Sources :
-- Service
Historique de la Défense au Fort de Vincennes (94), et notamment registres de
jugement du 9ème Conseil de Guerre.
-- Dossier de
demande de grâce au Caran, série BB24, cote BB24/758.
-- Archives Départementales de la Chrente-Maritime, cote 2Y78.
-- Dictionnaire
Biographique du Mouvement Ouvrier Français, sous la direction de Jean Maitron,
Les Editions Ouvrières, 1969.
-- Pierre Pirotte ou le destin d'un communard, par Jean-Luc Debry, Editions CNT, Paris, 2005.
Crédits
photographiques :
-- Numérisations
Bernard Guinard.
-- Des Galères au Bagne, par Pierre-Philippe Robert, collection Mémoire et Société, éditions CMD.
-- Cartes postales
anciennes.
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