Saint-Bonnet-le-Château |
La Collégiale |
Elle est
surtout connue pour ses peintures murales du XVème
siècle, et pour sa bibliothèque renfermant de nombreux
incunables. Elle comporte en outre la plus riche collection d'ornements
religieux anciens du département de la Loire, et une vingtaine
de caveau très bien conservés. Elle est construite au point le plus haut du promontoire sur lequel est bâtie la ville, juste à côté du site de l'ancien château. Son architecture évolue entre les styles gothique, ogival mais trapu au début, et renaissance. Elle dépendait du diocèse de Lyon, avant la création, assez récente de celui de Saint-Etienne. L'église primitive est mentionnée dès 1225, dans un pouillé du diocèse de Lyon, sous l'appellation de Capella, dépendant alors de la paroisse de Saint-Nizier-de-Fornas, toute proche. Elle est érigée en paroisse entre 1351 et 1361, cette dernière date étant la première mention du nom d'un curé, Mathieu BOLLE. Nous connaissons avec précision la date de début de construction de cet édifice, puisque son acte de naissance est inscrit dans la chapelle basse. Cette date semble cependant être plus une date d'une cérémonie officielle, peut-être de pose de la première pierre?..., que celle, réelle, de début de construction. En 1372, un don est fait à l'œuvre de l'église. Par son testament de 1399, Guillaume TAILLEFER, marchand drapier, fait un don de 2000 (ou 3000 livres tournois selon les sources). Son exécuteur testamentaire, le marchand de fer Bonnet GREYSET, entreprend avec cet argent la construction de l'église : "L'an de Notre Seigneur 1400, le 8 mai, fut commencée cette présente église, avec le bien de Guillaume Taillefer, donateur, pour cette œuvre, d'environ 2000 livres tournois, lesquelles furent employées par Bonnet Greysset; ledit Bonnet fonda et dota cette chapelle en l'honneur de Dieu, de la bienheureuse Vierge Marie, du bienheureux Michel et de tous les saints. Que leurs âmes reposent en paix. Amen.". Bernard DUCOURET, Conservateur du patrimoine pour la région Rhône-Alpes donnait en 2002 une description de l'ouvrage initial : "L'église se compose alors d’une nef de quatre travées à trois vaisseaux, celui du centre étant légèrement plus haut que les collatéraux, d’un chœur simple à abside à trois pans. La déclivité du terrain s’accentuant vers l’est, un étage de soubassement qui contient une chapelle, est aménagé sous le chœur. Deux tours reliées par une terrasse s’élèvent au-dessus de la première travée de la nef. Le tout est très influencé par l’église abbatiale de La Chaise-Dieu (1344-1355) : absence de transept, trois vaisseaux à peu près d’égale hauteur, colonnes polygonales recevant directement les nervures sans l’intermédiaire de chapiteaux, hautes fenêtres de l’abside.". En 1418, le plus gros des travaux paraissent terminés, mais jusqu'au XVIIIème siècle, il y aura des remaniements. Ainsi trois chapelles sont élevées, au milieu du XVème siècle au sud de la nef, puis peu après, une sacristie est accolée à la travée sud du chœur, et la nef est agrandie de deux travée sur son flanc ouest. Au début du XVIème siècle, une chapelle est construite à droite de l'entrée nord, puis au milieu de ce même siècle, est ajoutée la chapelle Sainte-Cécile. Et dans le premier quart du XVIIIème, c'est enfin la bibliothèque qui est construite. On enregistre plusieurs legs, concernant les ventaux d'un portail et la fonte d'une cloche. En 1450, d'après le dessin de Guillaume REVEL, mentionné plus haut, l'église semble parfaitement achevée. La voûte est soutenue par de massifs piliers sans ornement ni chapiteau, et l'abside n'est éclairée que par trois hautes verrières situées dans le chœur. La nef n'est quant à elle éclairée que par la grande rosace de sa façade. Les vitraux originaux ont disparus après le passage du baron des ADRETS, puis ceux qui les ont remplacés à la Révolution. Ceux en place actuellement datent de la fin du XIXème siècle, dont certains sont de Lucien BÉGULE (voir le site de Thierry WAGNER, son arrière-petit-fils sur les vitraux), peintre et maître verrier lyonnais. Elle eut même des orgues, au XVIIème siècle. Le vitrail central du chœur rappelle le passage en 722, du corps de Saint-Bonnet, ancien évêque de Clermont. Les piliers portent une croix de Malte, ce qui semble indiquer une consécration, mais il n'existe aucune archive attestant ce fait. Deux tours s'élèvent au-dessus de la première travée de la nef et sont reliées par une terrasse. La tour nord ne possède qu'une balustrade à trèfles, tout comme la terrasse, et un seul niveau d'ouvertures. La tour sud, dit "clocher-vieux", ne possède pas cette balustrade, mais supporte une flèche, et a deux niveau de baies. La crypte, ou chapelle basse, appelée l'oratoire de la duchesse Anne-Dauphine, Dame de Saint-Bonnet, est dédiée à la Vierge et à Saint-Michel. Elle est ornée de 7 fresques représentant l'un des plus beaux ensembles du département, sous la forme de scènes qui représentent "l'Annonce faite aux bergers", "l'Enfer", "le Couronnement de la Vierge", "la Mise au tombeau", "la Crucifixion", "l'Apparition de Jésus à Magdeleine", "l'Annonciation", "la Nativité", "l'Adoration des Mages", "les Quatre Evangélistes". La voûte supporte "l'Assomption" entourée des dix "Anges musiciens", et des emblèmes de l'ordre de la "Ceinture d'espérance", fondé en 1370 par le duc Louis II de BOURBON, à l'occasion de son mariage. La date de création de ces fresques est inconnue, mais elles auraient été peintes en 1400 et 1420, peut-être par des peintres italiens. Sur les conseils de la Diana, ces fresques ont été restaurées en 1878 par Lucien BÉGULE, puis nettoyées et consolidées à l'initiative des Beaux Arts, en 1959. La bibliothèque s'est progressivement constituée, à partir du premier legs fait à la communauté des prêtres en 1379. Jean DUBESSET, prêtre de 1707 à 1727, lui fait un don important. Vers cette même époque, est créée une rente, instaurée pour son entretien. Cette rente devra être payée par chaque prêtre sociétaire, le jour de sa réception. Enfin, un bâtiment est construit, en 1716-1717, attenant au collatéral nord du chœur de la collégiale, pour abriter les collections, dont la plus importante est celle des 36 incunables, ouvrages imprimés avant 1500 (le plus ancien, la Biblia Latina, la première bible éditée en France, date de 1477). Cette bibliothèque expose entre autres, les chroniques de FROISSARD, datées d'avant 1558, de nombreux ouvrages religieux et des archives antérieures à la Révolution. |
Les prêtres sociétaires |
En même temps que la paroisse de
Saint-Bonnet-le-Chastel, est créée une communauté
de prêtres sociétaires, ou prêtres desserviteurs,
dont le rôle principal est d'assurer les fondations de
messes pour les défunts. Ces communautés étaient
fort courantes à la fin du Moyen-Âge dans le Forez, mais
celle de Saint-Bonnet est un cas à part et ce, dès sa
création. Dès 1520, elle est régie par des ordonnances, qui seront renouvelées et promulguées sous forme de statuts. Le groupe des prêtres, dirigé par le curé de la paroisse, peut ainsi s'assimiler à un véritable chapitre de chanoines. En effet, ils portent un habit particulier qui les distingue, plusieurs membres ont une fonction déterminée, et ils possèdent un quartier, appelé "le cloître". Ce quartier semble être situé dans l'îlot à l'ouest de l'église, où se trouve le presbytère avec son jardin et son verger qui montent jusqu'à l'église. Il comprend le logement du curé, plusieurs logements pour les prêtres et une grande salle commune appelée "le cénacle", utilisée pour les grands repas de la communauté ou des confréries. Pour faire partie de cette communauté, le religieux devait être né et avoir été baptisé à Saint-Bonnet-le-Château. Il devait en outre être diplômé des meilleures universités du royaume. Les prêtres sociétaires formaient un foyer culturel important dans la province de Forez, possédant une bibliothèque, et fondèrent dès le XIVème siècle une école, qui acquiert vite une certaine renommée, puisque ses élèves viennent d'une centaine de kilomètres à la ronde. Mais la célébrité régionale de ces religieux, du XVème au XVIIIème siècle, est due à la qualité de leur pratique de la musique, à l'étude de laquelle ils attachaient une grande importance Outre leur participation aux tâches paroissiales, ils enseignaient la philosophie, la théologie, le latin, l'étude des Saintes Ecritures, l'histoire religieuse et profane, le droit, etc... et la musique vocale instrumentale, dans les écoles de Saint-Bonnet. Pour l'anecdote, mon ancêtre Marie FAURE (n° Sosa 65, à la 7ème génération) avait un frère, Arnould Scipion Urbain, qui a été prêtre sociétaire de l'église collégiale de Saint-Bonnet-le-Château. Il était docteur en théologie et bachelier de l'université de Valence (voir sa fiche). |
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