Cette biographie est volontairement incomplète, pour ne pas ennuyer le lecteur avec de trop longs écrits. Si vous rencontrez des erreurs, n’hésitez pas à m’écrire, et je corrigerais avec plaisir.
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Le duc de PERSIGNY, qui est né Jean
Gilbert Victor FIALIN, voit le jour le 11 janvier 1808, à
Saint-Germain-Lespinasse, un gros bourg de la Loire au nord de Roanne,
sur la route de Paris, d’une longue lignée
d’honorables bouchers, selliers ou hôtes, devenus notaires
puis procureurs de Crémeaux, aussi dans la Loire.
La généalogie qui est donnée par
Gaston de RIVOIRE de LA BATIE, dans l’Armorial de
Dauphiné apparaît comme peu sérieuse, et celle
dressée par les « Amis de Napoléon
III » comme fantaisiste. La généalogie de
cette famille fait l’objet d’un document
déposé à la Bibliothèque Municipale de
Roanne en 1882.
A sa naissance, son père est absent car, ruiné après de malheureuses spéculations, il s’est engagé dans l’armée et combat en Espagne. Il sera tué à la bataille de Salamanque en 1812 et ne verra jamais son fils. L’enfant est élevé par un de ses oncles monarchiste convaincu.
En 1823, grâce à un de ses oncles maternels, il est
admis comme boursier au collège royal de Limoges, en
Haute-Vienne. Le 25 juillet 1826, il entre à
l’école de cavalerie de Saumur et en sort 2 ans plus tard
major de promotion. Il est affecté en 1828 au 4ème
régiment de Hussards à Pontivy, dans le Morbihan, avec le
grade de Maréchal des Logis. En 1830, il entraîne, avec
KERSAUSIE, une partie de leur régiment à Vannes où
ils font arborer le drapeau tricolore. Cette équipée lui
vaut d’être rayé des cadres pour indiscipline en
octobre 1830.
Ainsi renvoyé de l’armée pour son
républicanisme, il décide de monter à Paris et se
lance dans le journalisme et écrit dans plusieurs journaux, tels
Le Temps, Le Courrier Français, Le Spectateur Militaire.
C’est à cette époque qu’il prend le nom de
FIALIN de PERSIGNY. Il se titra lui-même, vers 1832
vicomte, puis comte de PERSIGNY,
"Comte motu proprio", du nom d’une terre
noble située qu’avait possédé son
grand-père près de Crémeaux dans la Loire, et
titre que ses ancêtres auraient selon lui porté autrefois.
Alors qu’il est en voyage pour son journal dans le pays de
Bade, en 1834, il fait une rencontre inattendue. En effet, sa voiture
croise une calèche où se trouve le roi de Westphalie,
frère de Napoléon 1er. Le cocher de Persigny
s’écrie : « Vive
Napoléon ! », ce qui est pour notre homme une
révélation. Devenu dès lors bonapartiste, il fonde
la revue L’Occident Français, qui n’aura
qu’un seul numéro. L’année suivante, il est
à Arenemberg, près du lac de Constance, où
réside la reine Hortense, et devient rapidement, par sa foi
bonapartiste, l’ami du prince Louis-Napoléon. Il sera
dès lors son compagnon et aide de camp.
Lors d'un séjour en
Angleterre, il fait la connaissance d'un homme dont les idées
politiques sont très éloignées des siennes, de même que le tempérament.
Cela n'empêchera pas qu'ils deviennent amis comme le prouve
l'importance de leur correspondance.
Cet homme c'est Alfred Frédéric de FALLOUX, légitimiste et catholique
libéral, qui sera ministre de l'Instruction Publique et des Cultes sous
la 2ème République.
PERSIGNY et ainsi l’un des principaux organisateurs du
complot de Strasbourg, où Louis-Napoléon BONAPARTE essaye
de soulever la garnison, qui l’acclame aux cris de
« Vive l’Empereur ! » pendant
qu’il arrête le préfet. Louis-Napoléon est
arrêté et envoyé aux Etats-Unis, pendant que
PERSIGNY, qui a pu s’enfuir, gagne le pays de Bade, puis passe en
Angleterre. Il s’y affairera pour relancer la propagande
bonapartiste et il y est rejoint en 1838, par le prince.
En 1840, Louis-Napoléon tente une seconde fois avec son
ami de s’emparer du pouvoir, au moment où le retour des
cendres de l’Empereur réveille la ferveur bonapartiste. Le
prince et une cinquantaine de compagnons, parmi lesquels on retrouve le
général de MONTHOLON, qui avait été le
compagnon de Napoléon à Sainte-Hélène.
C’est un nouvel échec et la plupart des conspirateurs sont
arrêtés. Ils sont alors jugés et
Louis-Napoléon est condamné à la prison à
perpétuité et il sera enfermé au fort de Ham,
d’où il s’évadera d’une façon
rocambolesque en 1846. Quant à PERSIGNY, qui a bravé ses
juges avec insolence, il est condamné à vingt ans de
détention, et est enfermé dans la forteresse de
Doullens, au nord d’Amiens, dans la Somme.
En 1843, gravement malade des yeux, il est
transféré à l’Hospice Royal de Versailles,
dans les Yvelines, où il jouit d’une semi-liberté.
Il peut en effet sortir la journée en ville, à condition
qu’il rentre le soir, et obtient même la permission
d’aller une fois par semaine à Paris. Son mémoire
sur les pyramides est alors présenté à
l’Académie. L’intérêt avec lequel ce
document est discuté le comble, et l’année suivante
il est publié. Ses yeux guéris, il regagne sa prison de
Doullens, mais une rechute le ramène à Versailles en
1846. En juin, on apprend que Louis
Napoléon s'était évadé du fort de Ham, le
25 mai 1846, et a pu gagner l'Angleterre. Le père de ce dernier,
l'ex-roi Louis de HOLLANDE, meurt la même année à
Livourne (Italie). C'est à ce moment que l'abbé THOMAS,
aumônier de l'hôpital de Versailles écrit à
l'insu de Persigny, pour demander sa grâce, mais il faudrait
faire une démarche officielle auprès du roi
LOUIS-PHILIPPE, et PERSIGNY s’y refuse. Il regagne donc une
nouvelle fois sa prison de Doullens, d’où il ne sera
libéré que par la Révolution du 24 février
1848, et dès le 27 il est à Paris, où il rejoint
le prince Louis-Napoléon.
PERSIGNY dirige la campagne qui amène
l’élection du prince à la présidence en
décembre 1848, et devient ainsi un personnage important.
Secrétaire des commandements du président de la
République, il est aussi élu en mai 1849 à
l’Assemblée législative dans les
départements du Nord et de la Loire, optant pour le premier,
où son score est le meilleur.
Son passage au Palais Bourbon est sans éclat, et le
prince-président lui confie en 1850 une mission. Il est en effet
envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire en
Prusse, dans le but de forger une entente franco-prussienne, pour
affaiblir l’Autriche.
De retour à Paris, il travaille activement au coup
d’état du 2 décembre 1851, où il est
chargé de la prise de possession du Palais Bourbon par la
troupe, avec le colonel ESPINASSE, et qui lui ouvre les portes du
pouvoir.
Il est alors ministre de l’Intérieur à deux reprises (22 janvier 1852-23 juin 54 et 24 novembre 1860-23 juin 1863), et en même temps ministre de l’Agriculture et du Commerce (25 janvier 1852-23 juin 1853), ambassadeur de France à Londres (de 1855 à 1858, et de 1859 à 1860), grand croix de la Légion d'honneur (16 juin 1856), il est aussi grand croix de Saint-Etienne de Hongrie, des saints Maurice et Lazare, d'Italie, du Danebrog au Danemark, Constantinien de Naples, du Medjidie de Turquie, etc... Comblé de faveur par l’Empereur pour les services qu’il lui avait rendus, ce fut encore lui qui lui fit épouser Albine Marie Napoléone Eglé NEY de LA MOSKOWA, en 1852. Lors de son premier mandat au Ministère de l'Intérieur, c'est lui qui est à l'origine de son installation place Beauvau, qui en est toujours le siège.
Il fut cependant disgracié en 1863, sur l'insistance de
l'impératrice Eugénie, laquelle ne lui pardonnait pas
d'avoir combattu son mariage avec NAPOLEON III. C’est une
disgrâce dorée, mais disgrâce tout de même,
puisqu'il quitte le gouvernement. Il devient
ensuite sénateur, puis maire de Chamarande en Seine-et-Marne, où
il a acheté en 1858 le château du dernier marquis de
TALARU. Il est créé 1er duc
de Persigny, par titre héréditaire (NAPOLEON III ne
créa que 4 titres de duc pendant son règne),
conféré en vertu du décret du 9 novembre 1863, et
confirmé par lettres patentes datées de Saint-Cloud, du 7
novembre de la même année portant règlement
d’armoiries : Ecartelé, aux 1 et 4 d'azur semé
d'aigles au vol abaissé d'or empiétant sur un foudre du
même; aux 2 et 3 d'argent à la bande d'azur,
chargée de 3 coquilles d'argent (les dates de ces textes
diffèrent selon les sources). Ce titre fut le seul
régulier que PERSIGNY ait porté. Sa devise : "Je sers".
En 1862, il avait fondé à Montbrison, la Diana,
société historique et
archéologique du Forez, dont
il est le président, et qui aura pour mission de rassembler tous
les ouvrages et documents concernant l’histoire de la province.
La société historique s’installe dans la
salle dont
elle porte le nom, achetée par la ville de Montbrison à
l’initiative de PERSIGNY qui avance l’argent
nécessaire, et restaurée entre 1862 et 1866.
Passionné d’histoire, il publie peu après une
étude sur les blasons du Forez.
Président du
Conseil Général de la Loire, il se rend souvent dans son
département où son œuvre économique est
importante (creusement du canal du Forez, développement du
réseau ferroviaire,…). Il préside en 1864 à
Roanne, l’inauguration de l’église
Notre-Dame-des-Victoires et fait obtenir à cette ville une
Chambre de Commerce. Il est aussi à l’origine de
l’obtention par la ville de la croix de la Légion
d’Honneur. Un décret signé de Napoléon III, daté du 7 mai 1864,
autorise ainsi la ville de Roanne à ajouter à ses armoiries la croix de
la Légion d'honneur, décoration qui avait été accordée par Napoléon Ier
pour l'héroïque resistance de 1814 contre les autrichiens. PERSIGNY
permet en outre à la ville de Roanne
de récupérer, par décret, les archives du
duché de Roannais, actuellement conservées à la
médiathèque municipale.
PERSIGNY aurait aimé s'installer dans la région de Montbrison,
où il voulait se faire construire un château au milieu d'un domaine
(plus de 400 hectares) qu'il s'était constitué, en achetant 5 fermes
sur les communes de Chambéon, Mornans, et Poncins. Mais avec la guerre
et la chute de Sedan en 1870, provoquant la chute de
l’Empire, il ne réalise pas on rêve et gagne Londres avec ses enfants,
pendant que sa femme
poursuit une aventure en Egypte. Définitivement brouillé
avec l’impératrice, il ne reverra pas
Louis-Napoléon lorsque celui-ci, libéré
après Sedan, gagne à son tour l’Angleterre. En
1871, il rentre à Chamarande.
A demi paralysé par une attaque d’apoplexie, il
vend son château de Chamarande, et part à Nice, où
il meurt dans une grande solitude, le 12 janvier 1872, à 21h00,
à l’hôtel
du Luxembourg (actuel hôtel
Méridien), sur la Promenade des
Anglais (voir
son acte de décès). Le lendemain de sa mort,
une lettre de NAPOLEON III arrivait
en lui souhaitant un prompt rétablissement.
D’abord déposé dans une église de
Nice, son corps est inhumé à Saint-Germain-Lespinasse,
son village natal, en août 1872 (voir
sa tombe), en présence de son fils
Jean, deuxième duc de PERSIGNY, et de sa file Lyonnette, sa
femme étant déjà repartie en Egypte.
Homme courageux, assumant et revendiquant même tout
l’héritage de l’Empire, y compris celui du coup
d’état du 2 décembre, après cette vie
aventureuse, et malgré sa disgrâce, il ne renia
jamais son prince, et eut l’amertume d’assister à la
fin du rêve pour lequel il avait vécu et combattu.
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