Pierre Guinard, héros de guerre en 1918, prisonnier sans combattre en 1940
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Il
fait ses études à Saint-Etienne, et obtient son baccalauréat en latin-sciences-mathématiques. Faisant partie de la
classe 1914, il est inscrit sous le n° 203 de la liste du canton de Saint-Etienne
Nord-Est, classé dans la 5ème partie de la liste en 1914, avec la
mention faiblesse.
Ajourné en 1914, il a le n° 840 du registre. Il s’engage pour la durée
de la guerre le 8 décembre 1914 à Saint-Etienne, au titre du
54ème
régiment d’Artillerie de Campagne (dépêche ministérielle n°1166 du
16 novembre 1914) à Fontainebleau (77). Incorporé le même jour, il arrive au corps
le 10 décembre, avec le grade de canonnier de 2ème classe, matricule 6368.
Il mesurait 1m76, avait les cheveux blonds, les yeux gris-bleu, le front large,
le nez rectiligne.
Promu
sous-lieutenant à titre temporaire par décret du 2 janvier 1915, il
part au front le 29 août 1915. Il est détaché le 8 juillet à l’
Ecole militaire
d’Artillerie de Fontainebleau, et il est noté : Sérieux.
Très bonne tenue, très vigoureux. Monte très bien à cheval, un
peu mou. Arrivé avec 1 mois de retard aurait dû cependant avec plus de
travail mieux réussir. Fera un bon aspirant, le 30 septembre par le chef
d’escadron, président du Conseil d’Instruction. Ayant satisfait à
l’examen militaire, classé 4ème sur 6, avec 14345 points, il est
promu aspirant à titre temporaire, pour prendre rang au 1er octobre 1916
(Journal Officiel du
6 octobre 1916). Il est classé au 103ème RAC aux armées le 6 octobre, détaché dans l’aviation le
20 octobre 1916, en stage à la division observateurs en avion,
placé au Groupe des divisions d’entrainement du 25 octobre au 29 décembre, en
stage à l’Ecole de Tir de à Cazaux (33),
du 6 au 15 décembre. Il est affecté à l’
escadrille n° 16, le 29
décembre 1916, et dirigé sur Moreuil (80) au titre de la 10ème Armée. Il restera à l’escadrille n° 16
jusqu’au 15 mars 1919.
L’
escadrille n° 16 avait été créée
au camp de Châlons (51) en novembre 1913, et dotée de 6 avions Farman. Elle prend le nom de MF 16, sous les ordres du
capitaine MAUGER de VARENNES.
En 1914 elle est, dès le 2 août, mise à disposition de la IIIème Armée comme escadrille
d’observation, et rejoint Verdun le 7 août.
A partir du 8 août, les reconnaissances sans observateur se font quotidiennement. Des
fléchettes sont lancées sur les
troupes ennemies
qui sont repérées. Après le 15 août, ces projectiles sont remplacés par un
obus de 155 jeté par-dessus bord. Le 26 août 1914,
la MF 16 est rattachées à la VIème Armée et arrive à Compiègne (80) le 30.
A partir de mai 1915, l’escadrille est affectée à la Xème Armée et participe à la fin de la seconde bataille
de l’Artois. Fin décembre 1916, elle est rattachée à la 1ère Armée, puis à la IIIème Armé à partir du 28
janvier 1917. A partir du 28 mars 1917, elle est de nouveau rattachée à la Xème Armée, puis passe à la VIIème Armée en
juillet 1917, et se trouve à Fontaine (90), période au cours de laquelle elle se transforme et devient AR 16.
En octobre 1917, elle passe à la IVème Armée et s’installe dans la Marne, à l’est de Reims.
Au cours de l’hiver, l’escadrille change de matériel, dotée dorénavant de
Salmson 2A2. C’est en janvier 1918 que le
«point d’interrogation»
avec les ailes devient son insigne
officiel et qu’elle prend le nom de SAL 16, le 22 de ce mois. Les allemands ayant effectué une percée en Picardie,
la SAL 16 est rattachée à la Vème Armée et rejoint Amiens (80). Pendant cette bataille de Picardie l’escadrille 16
effectue de longs vols d’observation en arrière des lignes ennemies, sans aucune protection de chasse alliée. Après la
bataille de Picardie, l’escadrille est mise à la disposition du 2ème Corps italien, relevant de la Vème Armée,
et doit former les régiments italiens afin de les mettre au courant de ses applications d’emploi. Lors la grande
offensive allemande du 15 juillet, et la contre-offensive alliée du 18, avec ses nombreuses missions à très basse altitude de
mitraillage des troupes au sol, l’escadrille apporte de précieux renseignements au commandement italien. Très
éprouvée, la 16 est mise au repos, puis quitte le 2ème Corps italien pour rejoindre le secteur de l’Argonne
le 13 août 1918. Puis l’escadrille est à nouveau rattachée à la Vème Armée le 6 septembre. En octobre, l’escadrille
effectue des missions de reconnaissance au profit de la Xème Armée. Les troupes allemandes se repliant vers la frontière belge,
la 16 suis le mouvement et s’installe dans l’Aisne le 25 octobre. Puis l’escadrille se déplace
vers l’est le 6 novembre, en prévision d’une grande offensive en Lorraine. Cette opération n’aura pas lieu,
l’Allemagne ayant signé l’armistice le 11 novembre 1918. La SAL 16 sera dissoute le 9 juillet 1919.
Pierre GUINARD est proposé pour le grade de sous-lieutenant le 28 avril 1917, par le chef de
bataillon commandant l’Aéronautique avec le motif : Reçu à l’Ecole des Mines de Saint-Etienne ;
engagé volontaire en décembre 1914, a suivi avec succès le cours de la Division d’Instruction des
Grandes Ecoles de juillet à fin octobre 1916. Sous-officier très sérieux, très intelligent et bien élevé. Bon observateur ayant
beaucoup d’allant, mérite d’être nommé officier dans l’intérêt du service. Compte actuellement 15h30 de vol
au-dessus de l’ennemi. Titularisé comme observateur, il est promu sous-lieutenant à titre définitif à compter du 1er
mai 1917 (décret paru au Journal
Officiel le 13 juin).
Pierre GUINARD avait été admis comme élève titulaire à l'
Ecole des Mines de Saint-Etienne, sous le n° 46, par décision ministérielle 16 février 1917, à la suite du
concours de 1914, promotion 1914-1921.
Sous-lieutenant
observateur à l’escadrille AR l6,
il est cité à l’ordre de la 154ème Division, par le général BRETON, par
ordre général n° 280 du 28 mai 1917 :
Jeune observateur courageux, énergique qui a effectué de nombreuses missions d’Artillerie et d’Infanterie.
A survolé très souvent les lignes ennemie à faible altitude dans des conditions particulièrement difficiles. A eu son appareil
plusieurs fois atteints par les projectiles ennemis. Sous-lieutenant au 54ème régimentd’Artillerie,
observateur à l’escadrille SAL 16, il est cité à l’ordre de la 5ème Armée par le général BERTHELOT,
par ordre général n° 356 (page 1,
page 2)du 29 juillet 1918 :
Observateur de 1ère ordre, d’une calme bravoure
réussissant brillamment toutes les missions
qui lui sont confiées quelqu’en soit les difficultés et les dangers. Au
cours de 200 heures sur l’Aisne, la Somme et en Champagne a accompli
presque journellement des réglages délicats, des missions d’Infanterie
à très basse altitude,
des missions photographiques lointaines, rentrant maintes fois avec un
avion gravement atteint par les projectiles ennemis. Dans une liaison
d’Infanterie audacieuse, a soutenu un dur combat contre 12 avions
ennemis et a renouvelé sa mission quelques heures après. Au cours de la
bataille actuelle a volé chaque jour pour suivre la marche de notre
infanterie ; rapportant toujours des
renseignements très précis malgré le feu violent des mitrailleuses
ennemies qui ont chaque atteints son avion.
Le 4 août 1918, il reçoit la médaille de bronze de la Valeur Militaire
italienne. Sous-lieutenant à l’escadrille française SAL 16, il est
décoré de la médaille d’argent de la Valeur
Militaire italienne le 26octobre 1918 : Etant
officier observateur d’un aéroplane qui réglait les tirs d’
une batterie de campagne, a conservé le plus grand sang froid en
présence de violentes attaques de quatre appareils de chasse
ennemis ; a réussi au cours du combat aérien acharné qui a duré
plus de dix minutes à accomplir la difficile mission qui lui était
assignée. Magnifique exemple de courage et d’abnégation. Ciel du Chemin
des Dames 26 octobre 1918.
Sous-lieutenant au 54ème régiment d’Artillerie détaché à l’escadrille SAL 16,
il est cité à l’ordre de la 3ème Armée, par le général HUMBERT,
par ordre général n° 577 du 30 novembre 1918 :
Observateur, le 26 septembre 1918, effectuant un réglage
d’artillerie, a livré plusieurs combats au cours desquels son pilote a
été blessé et son appareil sérieusement touché. Le 7 novembre, a
survolé l’ennemi sous la pluie au ras du sol,
provocant des tirs violents de mitrailleuses qui ont renseigné le
commandant sur la position de l’ennemi en retraite. A été obligé, son
avion atteint, d’aterir dans les 1ères lignes.
En campagne contre l’Allemagne du 8 décembre 1914 au 22 septembre 1919, Pierre GUINARD se trouve en Champagne du 1er septembre
au 15 octobre 1915, et a participé à l’attaque de Perthes-les-Hurlus (51) le 25 septembre. Il est ensuite en Alsace,
secteur du canal, du 18 décembre 1915 au 1er février 1916. Du 2 mars au 6 juillet 1916, il est à Verdun (55),
secteurs de Douaumont et de Moulainville. Du 20 décembre 1916 au 1er
janvier 1917, il est dans la Somme à Villers-Carbonnel, puis dans
l’Aisne, à Vic-sur-Aisne, puis de nouveau dans la Somme du 10 au 22
mars 1917, et participe à l’avance du 17 au 17 mars sur Saint-Quentin
(02). Il est au Chemin des Dames (02) du 10 avril au 12 juillet 1917,
secteur de Craonne, à la ferme d’Hurtebise le 16 avril, et participe
aux attaques des 5 et 22 mai. Il est de nouveau en Alsace, secteur du
canal de Cernay (68), du 18 juillet au 10 septembre 1917. Du 12
septembre 1917 au 2 avril 1918, il est en Champagne, secteur de Tahure
(51), puis dans la Somme, secteur de Moreuil, à Hangard (80),
du 4 au 25 avril. Du 11 juin au 25 juillet il est à la Montagne de
Reims, secteur de Champlat-Vrigny (51), participant à l’attaque de
Bligny
(51), le 3 juillet attache boche du 15-17, puis
attaques françaises et anglaises du 18-22 juillet. Du 25 août au 15
septembre,
il est dans le secteur de Varennes-en-Argonne (55), puis dans le
secteur de Bourq-et-Coin (02) le 16 septembre. Du 10 au 15 octobre, il
participe
aux attaques de Soupir (02), et à l’avance sur le Chemin des Dames et
Sissonne (02). Du 15 octobre au 5 novembre, il reste dans le secteur de
Sissonne, puis participe à l’avance de Sissonne à Rozoy-sur-Serre (02)
et Rocroi (08) du 6 au 11 novembre 1918. Il aura totalisé 225 heures de
vol.
Pierre GUINARD entre comme élève titulaire à l’
Ecole des Mines de Saint-Etienne, en première année, le 17 mars 1919.
Selon son dossier,
il obtient 245,38 points sur 370 aux examens de la première période,
449,50 points sur 520 aux examens de la seconde période, puis 403,21
sur 490 aux examens de la troisième période, pour l’année scolaire
1919-1920, classé 16ème sur 51 élèves. Pour l’année 1920-1921, il obtient 328,75 points sur 390
aux examens de la première période, et 557,50 sur 680 points aux examens de la seconde période, classé 13ème sur 50 élèves.
Il est 13ème sur 51 élèves au classement de sortie, obtenant son diplôme
d’ingénieur civil des mines, le 10 février 1921. Il est
nommé aux Houillères de Saint-Etienne, poste qu’il occupera jusqu’en 1925.
Il est affecté pour la mobilisation, au 114ème
régiment d’Artillerie Lourde à Valence (26) le 10 mars 1921, en
exécution de la CM n° 85551/1 du 11 juin 1920, ratifiée par DM du 9
décembre 1921 (Journal Officiel du 13). Puis il est
affecté au 113ème régiment d’Artillerie Lourde
par DM du 1er septembre 1922 (Journal Officiel du 3, pages
9125 et
9126). Il est maintenu au 113ème
RAL à Issoire (63) par DM du 9 février 1924 (
Journal Officiel du 15).
Pierre GUINARD se marie le dimanche 23 mars 1924
à Montluçon (03), avec Marie Nathalie Suzanne AUGOT (1902-1985). le
couple aura quatre enfants : Jean-Noël (1924-1944), Pascal (1926-1973),
Yves (1930-1991), et Odile née en 1938. Il était domicilié, à
Creutzwald (57), le 21 novembre 1925, ingénieur aux Mines de la Houve, et occupera ce poste jusqu’en 1931.
La tradition familiale veut que sa femme avait réussi à le couper de sa famille.
Il est proposé pour la Légion d’honneur à titre exceptionnel,
le 1er décembre 1926 à Issoire, par le chef d’escadron GLASS commandant le 113ème RAL, avec le motif :
Observateur en avion de premier ordre, d’une calme
bravoure, ayant réussi brillamment toutes les missions qui lui ont été
confiées, quels que soient les difficultés et les dangers. A soutenu
plusieurs combats très durs contre les avions ennemis au cours de
l’accomplissement de ses missions. 3 ans 2 mois 10 jours de front. 3
citations très belles. Il est de nouveau proposé pour la Légion d’honneur à
titre exceptionnel par le colonel GLASS commandant le 113ème RAL en 1927, avec le même motif. Cette même année 1927, il suit les cours de
l’Ecole de Metz (57), noté comme très
assidu, appliqué, intelligent. A obtenu un témoignage de satisfaction à
l’ordre
de la Division. Pendant la guerre observateur en avion de premier
ordre. Trois citations très belles, dont deux à l’ordre de l’Armée.
Proposition très appuyée.
Il est affecté au
Centre de Mobilisation d’Artillerie n° 16,
par Décision Ministérielle du 1er janvier 1928 (
Journal Officiel du 5), mis en position hors cadres en vertu de l’article 18 de la loi du 1er janvier 1925, affecté spécial
tableau 3 de la 6ème Région (DM du 6/11/28, parue au Journal Officiel le
18 novembre 1928),
rayé des contrôles du CMA n° 16, avec le grade de lieutenant de
réserve. La proposition de décoration pour la Légion d’honneur est
renouvelée pour le même motif, le Général PAGÉZY, commandant
l’Artillerie du 16ème CA mentionnant le 24 décembre 1928 : Aviateur de guerre. Très belles citations.
Devrait déjà être décoré. A maintenir. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur par décret du 25 décembre 1929 (Journal Officiel du 28, pages
13885 et
13895).
Il n’effectue aucune période d’instruction en 1929 et 1930. L’Ecole de
Perfectionnement de Metz (57), le note comme très assidu, appliqué,
intelligent, et a obtenu un témoignage de satisfaction à l’ordre de la
division par le général commandant le 6ème CA.
Rayé de l’affectation spéciale, il est réaffecté au CMA n° 6 (avis de la 6ème
Région n° 7116 E/I du 23 octobre 1931.
Il est noté excellent officier, très apte au commandement d’une
batterie. En 1932, il est proposé au grade de capitaine, et ses notes
de l’Ecole de Perfectionnement d’Artillerie de Thionville sont : Assidu,
Très bonnes aptitudes intellectuelles et physiques. Officier sérieux
très consciencieux a de l’autorité. Possède une bonne connaissance de
ses règlements et suit les cours avec beaucoup d’attention. Apte à
commander une batterie. Il effectue une période d’instruction au
61ème RA du 1er au 21 août 1932. Ayant donné toute satisfaction il est
noté : Très bon officier peut faire un bon lieutenant de tir.
Il était alors directeur des Mines d’Angervillers, domicilié 8 rue de
Londres à Algrange (57), mines de fer d’Angervillers. Il est proposé en
1933 pour le grade de capitaine (article 33),
recevant un témoignage de satisfaction à l’ordre de la Région, avec
comme notes de l’Ecole de Perfectionnement de Thionville :
Très assidu. Très bonnes aptitudes intellectuelles et
physiques. Beaucoup d’autorité. Possède une bonne connaissance des
règles de tir,
a fourni d’excellents travaux écrits. Aptitude à l’emploi de
mobilisation : commandant d’une batterie à pied ou hippo. Aptitude
au grade supérieur : Très apte au grade de capitaine. En 1934, il est de nouveau proposé au grade de capitaine, noté : Très
assidu. TB aptitudes intellectuelles et physiques. Excellent O.R.,
possède de l’autorité, connait T.B ses règlements. 3 TB travaux écrits.
Apte comme Cdt de batterie.
Pierre GUINARD est promu capitaine de réserve par décret du 14 juin
1935 (Journal Officiel du 25), pour prendre rang au 25 juin 1935, et
accompli une période
d’instruction de 14 jours au 39ème RA, au
camp de
Mailly (10), du 25 août au 7 septembre
1935, et est noté : Brillant
officier de réservé à tous points de vue. Son affectation dans une
batterie de
passage est une déchéance dont souffre l’intéressé qui mérite d’être
affecté au plus vite au commandement d’une batterie hippo ou comme
capitaine adjoint au Cdt de groupe. Ses notes de l’Ecole de Perfectionnement d’Artillerie de
Thionville sont : Assidu. Très bonnes aptitudes intellectuelles et physiques. Sérieux. Possède une bonne connaissance des règlements.
Apte aux fonctions d’officier de Bie. Apte au commandement d’une batterie. En 1936, il n’effectue pas de
période d’instruction, mais est cependant noté : Officier de réserve assidu. Assez vigoureux, intelligence vive, très
sérieux. Bonne connaissance des règlements. Apte aux fonctions de son grade.
Il n’accomplit pas non plus de période d’instruction en 1937, mais est noté : O.
R. intelligent, très
assidu, calme et énergique ; Esprit très militaire. Bien au
courant des règlements. Très apte physiquement. Très apte à ses
fonctions de
mobilisation : observateur en avion. Il reçoit la croix des volontaires de 3ème classe par arrêté ministériel du 25 septembre 1937
(Journal Officiel du 14 octobre, pages 11526 et
11551). Il est
affecté au CMA n° 26, par D.M. n° 781 P 1/3 en date du 15 janvier 1938. De nouveau placé en affectation spéciale, position hors cadres,
6ème Région, tableau 3, par D. M. n° 1624 P 1/3 du 3 août 1938 (CM 206, un mois non renouvelable), il participe à un exercice
de cadres de la 56ème DI de 3 jours, du 3 au 6 août, comme commandant de batterie, et a été noté : Capitaine hors de pair,
apportant à l’arme, toute son intelligence, sa culture, esprit calme et réfléchi. A suivi cette
période d’instruction avec le souci méthodique de ne rien négliger des plus
petits détails ; offre par la haute situation et la responsabilité qu’il a
dans la sté civile, la garantie qu’il est un chef dans la haute conception du
mot. A montré qu’il possédait à fond la connaissance des règlements. A proposer
pour le grade de chef d’escadron pour lequel il est tout particulièrement désigné. Parfaitement apte à tous points de vue. L’Ecole de
Perfectionnement de Thionville le note : Caractère
énergique, travailleur zélé. Intelligence vaste et vive. Ingénieur
civil des
Mines. Directeur des mines d’Angervillers à Algrange. Très bonne
connaissance des règlements. Excellent travaux et résultats. Très bonne
santé.
Aptitude à l’emploi de mobilisation : Très apte aux fonctions de
Cdt de battrie de 75. A beaucoup de commandement. Aptitude à
un autre emploi éventuel : Capitaine adjoint. Aptitude au grade supérieur : Apte. En 1939, ses notes de l’Ecole de
Perfectionnement de Thionville sont : Energique,
travailleur, zélé. Intelligence vive. Ingénieur civil des mines. Très
bonne
connaissance des règlements qu’il a encore perfectionné cette année.
Conduit ses tirs avec aisance et autorité. Peut faire un très bon Cdt
de
batterie. Aptitudes : Commandant de brie. Capitaine adjoint.
Mobilisé
le 2 septembre 1939, dépendant du centre mobilisateur de l’Artillerie de Thionville,
Pierre GUINARD est rappelé sous les drapeaux du 27 septembre au 1er octobre, en exécution de la mesure n° 99, et est placé dans la position
hors cadres, affectation spéciale 6ème Région, tableau 3, par décision n° 16124 P1/3 du 3 août 1939 (CM 206, un mois non
renouvelable). Il rejoint l’Etat-Major de l’Artillerie du Secteur Fortifié de Thionville (SFT), et
prend les fonctions de commandant de la 1ère Compagnie de Destruction Minière.
Le SFT est sous le commandement de la 6ème Région militaire, dont le QG
est à Metz. A la déclaration de la guerre en 1939, il passe sous
commandement de la 3ème Armée. Dès la mobilisation générale, il était
prévu d'évacuer les civils de la zone comprise entre la frontière etle
ligne principale de défense, ce qui pose un problème de sauvegarde des
installations des sociétés minières, dont nombre d'entre elles sont
situées en zone évacuée. Au milieu des années 30, les sociétés
concessionnaires onr demandé à ce qu'un munimom de leur personnel soit
maintenu sur place, dans le but d'éviter l'ennoyage des galeries et les
dégradations des équipements, du fait de l'absence d'un minimum de
personnel chargé d'assurer le maintien en service des installations
vitales. Consciente de ce problème, l'autorité militaire accorda la
possibilité de maintenir sur place des équipes composées d'affectés
spéciaux issus de ces sociétés et chargées du maintien des
installations.
A partir de février 1939, une note ministérielle précise donc la
formation, la constitution et les missions des ces équipes, les
Compagnies Auxiliaires de Destruction Minières (CADM). Les missions
comprennent la destruction des installations, après récupération du
matériel, de l'outillage et des stocks (Charbon, bois, huile, outils)
en cas d'avancée de l'ennemi. Unités non combattantes, les CADM
n'étaient pas armées (sauf les officiers, probablement), mais portaient
l'uniforme. Pour la Région Fortifiée de Metz, il y eut ainsi 3 CADM,
qui furent mises sur pied à partir du 24 août 1939 par le Centre
Mobilisateur du Génie de Metz (CMG 2). Elles étaient composées de
personnels locaux des sociétés concessionnaires qui n'ont pas effectué
de service militaire, mobilisés sur place, encadrés par des
sous-officiers pris parmi les chefs d'équipes, et d'officiers choisis
parmi les ingénieurs, et qui sont par ailleurs officiers de réserve.
Fortes de 300 personnes au début, elle sont réduites au personnels
nécessaires au maintien et à la destruction des installations, une fois
les matériels et outillages évacués.
La 1ère CADM est mise sur pied par le CMG 2 de Metz, en vertu de la Décision
Ministérielle n° 1872 I/E.M.A. du 25 février 1939. Elle est constituée de personnel
local en affectation spéciale. Elle doit récupérer le matériel et
l'outillage des mines du secteur de Thionville, et procéder sur ordre
aux destructions nécessaires, afin d'éviter l'utilisation des
installations par l'ennemi. La compagnie, placée sous l'autorité
directe du commandant du génie su SFT, compte
9 officiers, 13 sous-officiers ou caporaux, et 121 hommes de troupe, comme prévu
par la DM du 25 février 1939, répartis en 4 sections (voir site wikimaginot.eu pour plusde précisions sur la composition et la zone de compétence des sections). Elle confiée au
commandement du capitaine Pierre GUINARD, réserviste, occupant des
fonctions de direction dans les mines du secteur de Thionville avant la
guerre, qui a été désigné par le commandant du Génie du SFT.
Le 30 janvier 1940 par
ordre n° 9, Pierre GUINARD fait l’objet d’un témoignage
de satisfaction mis à l’ordre de la Région pour le motif : S’est montré continuellement assidu et zélé au cours des séances
des Ecoles de Perfectionnement, y a fourni un travail soutenu et a été pour ses camarades d’un excellent exemple.
Le 10 juin 1940, il rejoint l’Etat-Major d'Artillerie (E.M.A.) du secteur fortifié de Thionville à Forcelles-Saint-Gorgon (54).
Rappel
historique :
le 12 juin 1940 à 13h15, le général Weygand signe l’ordre de repli
général préparé la veille. Il entend ainsi éviter l’encerclement de ces
troupes, et y maintenir la cohésion des armées. Le retarit doit
s’effectuer sur
une ligne allant de la Suisse à la mer, par Les Rousses, Champagnole,
Dole, la Côte d’Or, le Morvan, la Loire de Briare à Tours, Alençon et
Caen. Pour ce qui est de la Ligne Maginot, il est décidé de
l’abandonner le plus vite possible, avec un retrait sur l’axe
Sarrebourg, Epinal, Dijon, les équipages des ouvrages devant couvrir la
retraite avant e rejoindre le gros des troupes. En Lorraine, en Alsace
et en Franche-Comté, les essaient d’exécuter l’ordre de repli pour se
regrouper dans la région de Dijon, distant de 250 kilomètres. Or, dès
le 11 juin, Guderian s’était ouvert une brèche entre les IIIème et
IVème Armées, comme Manteuffel l’avait fait en 1870 contre Bourbaki,
coupant ainsi la
retraite, rendant effectif l’encerclement de la Ligne Maginot.
Pierre GUINARD, capitaine à l'Etat-Major de l'Artillerie du Secteur
Fortifié de Thionville (57), matricule 840, résidant alors au 16 Bd
Carnot à Montluçon (03) est fait prisonnier le 19 juin 1940 (ou le 21,
selon les documents) à Forcelles-Saint-Gorgon, en même temps qu'un
collègue, capitaine lui aussi à l'E.M.A. du SF Thionville. Il est tout
d’abord interné à l’école de la Malgrange à Nancy (54) le 25 juin, et
jusqu’à
la suppression de ce camp le 14 août 1940, puis à l’Oflag VI D à
Münster (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), sous le n° 624 (voir bordereau de
libération
n°105 de l'Oflag VI D). Ce camp était une caserne neuve qui avait été
construite pour les cadets de l’armée allemande. Dès février 1940, des
officiers français faits
prisonniers pendant la campagne de France y furent détenus. Cet oflag
sera dissout après le parachutage des troupes alliées sur Nimègue et
Arnhem les 18 et 19 septembre, et les prisonniers transférés au camp de
Soest, dans une caserne située à 4 kilomètre au nord de Münster (oflag
VIA). Au début le camp a accueilli des officiers venus de Nancy qui
furent renforcés par des officiers venant du camp VI C et ensuite du VI
D. Les aspirants en furent exclus en novembre 1940, puis les sanitaires
en février 1941 partirent et les pères de quatre enfants en avril et
les anciens combattants en août de la même année. Il y eut aussi des
départs de malades et autres rapatriés mais les effectifs augmentèrent
pour commencer à mille en 1940 et finir à trois mille en 1944. Les
officiers désœuvrés de l'Oflag VI-D montèrent une troupe de théâtre
extrêmement active :
entre octobre 1940 et mai 1942, elle donna plus de 230 représentations
de 47 pièces différentes. Dans la salle du théâtre sont aussi jouées
des
œuvres de musique symphonique, de chant ou de chambre; elle accueille
aussi des formations de jazz, de musette ou tzigane.
D’après
le dossier de prisonnier de Pierre GUINARD, la personne à prévenir est
Mr SAINT-FRISON, demeurant 3 rue d’Amboise à Clermont-Ferrand (63).
Dans ce camp de prisonniers, il n’a pas fait partie des «cercles
Pétain», et a donné une conférence sur les mines de Lorraine en mai
1941. Le 6 juin 1941, après un an de captivité, il est libéré, en
qualité d’ancien combattant de la Guerre 1914-1918 et père de 4
enfants. Il quitte Münster, et transite par le Stalag XII/A à
Limburg-an-der-Lahn dans le land du Hesse. Il arrive au
centre de triage de Chalon-sur-Saône (71) par le train numéro 100031 du 15 juin 1941. Le
16 juin 1941 par le train de 8h10, il est dirigé sur le Camp de
Sathonay (69) où il est démobilisé par le centre de Lyon-Vitriolerie, selon la liste numéro 102758 du
CT de Sathonay.
Pierre GUINARD est rappelé à l’activité le 10 novembre 1944, et mis à
la disposition du Grand Quartier Général Interallié, et est affecté au
SHAEF (Supreme Headquater Allied Expeditionary Force) - Solid fuel
section, à Aix-la-Chapelle (Allemagne), en qualité
d'ingénieur, envoyé pour une mission d'expertise dans les mines de la Sarre afin de vérifier leur état de fonctionnement au
début de la débâcle des allemands. Le 1er
mai 1945, il est nommé officier de contrôle de 3ème classe (assimilé à
commandant) auprès de la Mission française de contrôle des mines de la
Ruhr (Allemagne). Démobilisé le 15 septembre 1945, il est renvoyé dans
ses foyers.
Directeur des mines de la Société des
Aciéries de Longwy, employant 2000 ouvriers,
une fiche de renseignements (page 1,
page 2,
page 3,
page 4) d’officier de réserve de juin 1948 mentionne ses
différents domiciles depuis le 1er septembre 1939 : Jusqu’au 1er janvier 1941, chez Mr AUGOT, parc des Privales
à Néris-les-Bains (03), du 1er septembre 1941 au 15 septembre 1942, 1 rue Penavayre à Rodez (12), du 15 septembre 1942 au 1er
novembre 1945, 7 rue du Colonel Moll à Paris (17e), depuis le 1er novembre 1945, la
Roseraie, à
Mont-Saint-Martin (54). Cette maison était l’ancienne maison
de Jean-Baptiste CLÉMENT, l’auteur du Temps des Cerises. Le colonel ROUCAUD, commandant la subdivision de Nancy le note ainsi
le 7 août 1948 : Officier de réserve trop âgé pour être promu.
Atteint par la limite d’âge de son grade, Pierre GUINARD est
rayé des cadres
à compter du 3 février 1949, par décret du 25 avril, en application de
l’article 12 de la loi du 8 janvier 1925 sur l’organisation des cadres
des réserves de l’Armée de Terre, et par décision ministérielle du même
jour, et admis à l’honorariat de son grade de capitaine de réserve. Il
est promu officier de la Légion d’honneur, par décret du 31 juillet
1959. Le 15 novembre 1971, il avisait l’Armée qu’il transférait sa
résidence de l’Avenue de la Gare à
Mont-Saint-Martin (54), aux Glaïeuls, 16 Avenue Scuderi à Nice (06).
Pierre Aimé GUINARD est décédé le jeudi
8 août 1991 à 6h30, à l'âge de 97 ans, Bd du
Général Leclerc, à Neuilly-sur-Seine (92).
-
Registres
d’état-civil de Saint-Etienne (42), Montluçon (03), Neuilly-sur-Seine
(92),
- Service
Historique de la Défense, département de l’Armée de Terre, 4Ye 59603,
dossier
d’officier,
- Service
Historique de la Défense, département de l’Armée de l’Air, 2A102/6 à
13,
Carnets de comptabilité en campagne,
- Service
Historique de la Défense, département de l’Armée de l’Air, G/2086/1,
Historiques d’escadrilles françaises, 1914 à nos jours, colonel Blech,
tome 1,
1993,
- Service
Historique de la Défense, département de l’Armée de l’Air, U53/6,
L’aviation
Française 1914-1940, ses escadrilles ses insignes, commandant E.
Moreau-Bérillon, Paris,
- Service
Historique de la Défense, département de l’Armée de Terre, 562 GRA, Les
Grandes
Unités Françaises, Historiques succincts, Etat-major de l’Armée de
Terre, Paris
1967, tome 3, pages 653-662,
- Registres
Matricules Militaires, AD Loire 1R1671,
- Bureau des
Archives des Victimes des Conflits Contemporains à Caen, dossier de
prisonnier,
- Archives de
l’Ecole des Mines de Saint-Etienne, AD Loire 6ETP503,
- Archives
Municipales de Saint-Etienne, Histoires stéphanoises, Ecola Nationale
Supérieure des Mines,
- Grande
Chancellerie de la Légion d’honneur,
- Archives
Nationales, site de Fontainebleau (77),
- Journal Officiel
de la République Française,
- https://www.mines-stetienne.fr,
-
http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/article.php?laref=1,
- La Seconde
Guerre Mondiale, par Raymond Cartier, tome 1 1939-1942, Paris Presses
de la
Cité, 1965, pages 200-201 et 212,
- https://fracademic.com/dic.nsf/frwiki/2064876
- http://memoiresdeguerre.com/article-oflag-vi-d-117539616.html
- site web wikimaginot.eu.
Crédits
photographiques :
- Photos famille
GUINARD,
- www.crdp-strasbourg.fr,
- L’aviation
Française 1914-1940, ses escadrilles ses insignes, commandant E.
Moreau-Bérillon, Paris,
- https://imgv2-1-f.scribdassets.com,
- http://www.en-noir-et-blanc.com/camp-de-mailly-p1-1341.html,
- https://www.hdmedia.fr/photos360/fr-gt-media-54-retonfey/360/cbpQepdzh/prints/photo93314_6.jpg,
- http://danielsaillant.blogspot.com,
-
http://warnepieces.blogspot.com/2014/05/a-hard-rains-gonna-fall-flechette-use_24.html,
- https://www.geneanet.org/forum/viewtopic.php?t=494218,
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