Pierre Guinard, héros de guerre en 1918, prisonnier sans combattre en 1940

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Je tiens à remercier Thibault et sa sœur Christine pour les belles photos de Pierre GUINARD qui illustrent cet article. Si vous avez besoin de précisions ou bien si vous avez des éléments à m'apporter, vous pouvez me contacter ici.

Pierre Aimé GUINARD
voit le jour le jeudi 3 février 1894 à Saint-Etienne (42), à 19h00, au domicile parental, 2 Cours Victor Hugo. La déclaration est faite le surlendemain par le père de l'enfant, en présence de Jean Joseph GUINARD, âgé de 25 ans, employé de commerce, demeurant 6 rue de la Bourse, cousin de l'enfant. Il est le fils légitime de Marie Louis Anthelme GUINARD, employé de commerce, âgé de 28 ans et de Aimée PRADOURAT, âgée de 23 ans. Il est un des descendants de la branche cadette des GUINARD de Saint-Etienne.

Il fait ses études à Saint-Etienne, et obtient son baccalauréat en latin-sciences-mathématiques. Faisant partie de la classe 1914, il est inscrit sous le n° 203 de la liste du canton de Saint-Etienne Nord-Est, classé dans la 5ème partie de la liste en 1914, avec la mention  faiblesse. Ajourné en 1914, il a le n° 840 du registre. Il s’engage pour la durée de la guerre le 8 décembre 1914 à Saint-Etienne, au titre du 54ème régiment d’Artillerie de Campagne (dépêche ministérielle n°1166 du 16 novembre 1914) à Fontainebleau (77). Incorporé le même jour, il arrive au corps le 10 décembre, avec le grade de canonnier de 2ème classe, matricule 6368. Il mesurait 1m76, avait les cheveux blonds, les yeux gris-bleu, le front large, le nez rectiligne.

 

Promu sous-lieutenant à titre temporaire par décret du 2 janvier 1915, il part au front le 29 août 1915. Il est détaché le 8 juillet à l’ Ecole militaire d’Artillerie de Fontainebleau, et il est noté : Sérieux. Très bonne tenue, très vigoureux. Monte très bien à cheval, un peu mou. Arrivé avec 1 mois de retard aurait dû cependant avec plus de travail mieux réussir. Fera un bon aspirant, le 30 septembre par le chef d’escadron, président du Conseil d’Instruction. Ayant satisfait à l’examen militaire, classé 4ème sur 6, avec 14345 points, il est promu aspirant à titre temporaire, pour prendre rang au 1er octobre 1916 (Journal Officiel du 6 octobre 1916). Il est classé au 103ème RAC aux armées le 6 octobre, détaché dans l’aviation le 20 octobre 1916, en stage à la division observateurs en avion, placé au Groupe des divisions d’entrainement du 25 octobre au 29 décembre, en stage à l’Ecole de Tir de à Cazaux (33), du 6 au 15 décembre. Il est affecté à l’ escadrille n° 16, le 29 décembre 1916, et dirigé sur Moreuil (80) au titre de la 10ème Armée. Il restera à l’escadrille n° 16 jusqu’au 15 mars 1919.

L’ escadrille n° 16 avait été créée au camp de Châlons (51) en novembre 1913, et dotée de 6 avions Farman. Elle prend le nom de MF 16, sous les ordres du capitaine MAUGER de VARENNES. En 1914 elle est, dès le 2 août, mise à disposition de la IIIème Armée comme escadrille d’observation, et rejoint Verdun le 7 août. A partir du 8 août, les reconnaissances sans observateur se font quotidiennement. Des fléchettes sont lancées sur les troupes ennemies qui sont repérées. Après le 15 août, ces projectiles sont remplacés par un obus de 155 jeté par-dessus bord. Le 26 août 1914, la MF 16 est rattachées à la VIème Armée et arrive à Compiègne (80) le 30. A partir de mai 1915, l’escadrille est affectée à la Xème Armée et participe à la fin de la seconde bataille de l’Artois. Fin décembre 1916, elle est rattachée à la 1ère Armée, puis à la IIIème Armé à partir du 28 janvier 1917. A partir du 28 mars 1917, elle est de nouveau rattachée à la Xème Armée, puis passe à la VIIème Armée en juillet 1917, et se trouve à Fontaine (90), période au cours de laquelle elle se transforme et devient AR 16. En octobre 1917, elle passe à la IVème Armée et s’installe dans la Marne, à l’est de Reims. Au cours de l’hiver, l’escadrille change de matériel, dotée dorénavant de Salmson 2A2. C’est en janvier 1918 que le «point d’interrogation» avec les ailes devient son insigne officiel et qu’elle prend le nom de SAL 16, le 22 de ce mois. Les allemands ayant effectué une percée en Picardie, la SAL 16 est rattachée à la Vème Armée et rejoint Amiens (80). Pendant cette bataille de Picardie l’escadrille 16 effectue de longs vols d’observation en arrière des lignes ennemies, sans aucune protection de chasse alliée. Après la bataille de Picardie, l’escadrille est mise à la disposition du 2ème Corps italien, relevant de la Vème Armée, et doit former les régiments italiens afin de les mettre au courant de ses applications d’emploi. Lors la grande offensive allemande du 15 juillet, et la contre-offensive alliée du 18, avec ses nombreuses missions à très basse altitude de mitraillage des troupes au sol, l’escadrille apporte de précieux renseignements au commandement italien. Très éprouvée, la 16 est mise au repos, puis quitte le 2ème Corps italien pour rejoindre le secteur de l’Argonne le 13 août 1918. Puis l’escadrille est à nouveau rattachée à la Vème Armée le 6 septembre. En octobre, l’escadrille effectue des missions de reconnaissance au profit de la Xème Armée. Les troupes allemandes se repliant vers la frontière belge, la 16 suis le mouvement et s’installe dans l’Aisne le 25 octobre. Puis l’escadrille se déplace vers l’est le 6 novembre, en prévision d’une grande offensive en Lorraine. Cette opération n’aura pas lieu, l’Allemagne ayant signé l’armistice le 11 novembre 1918. La SAL 16 sera dissoute le 9 juillet 1919.

Pierre GUINARD est proposé pour le grade de sous-lieutenant le 28 avril 1917, par le chef de bataillon commandant l’Aéronautique avec le motif : Reçu à l’Ecole des Mines de Saint-Etienne ; engagé volontaire en décembre 1914, a suivi avec succès le cours de la Division d’Instruction des Grandes Ecoles de juillet à fin octobre 1916. Sous-officier très sérieux, très intelligent et bien élevé. Bon observateur ayant beaucoup d’allant, mérite d’être nommé officier dans l’intérêt du service. Compte actuellement 15h30 de vol au-dessus de l’ennemi. Titularisé comme observateur, il est promu sous-lieutenant à titre définitif à compter du 1er mai 1917 (décret paru au Journal Officiel le 13 juin).
Pierre GUINARD avait été admis comme élève titulaire à l' Ecole des Mines de Saint-Etienne, sous le n° 46, par décision ministérielle 16 février 1917, à la suite du
concours de 1914, promotion 1914-1921.


Sous-lieutenant observateur à l’escadrille AR l6, il est cité à l’ordre de la 154ème Division, par le général BRETON, par ordre général n° 280 du 28 mai 1917 : Jeune observateur courageux, énergique qui a effectué de nombreuses missions d’Artillerie et d’Infanterie. A survolé très souvent les lignes ennemie à faible altitude dans des conditions particulièrement difficiles. A eu son appareil plusieurs fois atteints par les projectiles ennemis. Sous-lieutenant au 54ème régimentd’Artillerie, observateur à l’escadrille SAL 16, il est cité à l’ordre de la 5ème Armée par le général BERTHELOT, par ordre général n° 356 (page 1, page 2)du 29 juillet 1918 : Observateur de 1ère ordre, d’une calme bravoure réussissant brillamment toutes les missions qui lui sont confiées quelqu’en soit les difficultés et les dangers. Au cours de 200 heures sur l’Aisne, la Somme et en Champagne a accompli presque journellement des réglages délicats, des missions d’Infanterie à très basse altitude, des missions photographiques lointaines, rentrant maintes fois avec un avion gravement atteint par les projectiles ennemis. Dans une liaison d’Infanterie audacieuse, a soutenu un dur combat contre 12 avions ennemis et a renouvelé sa mission quelques heures après. Au cours de la bataille actuelle a volé chaque jour pour suivre la marche de notre infanterie ; rapportant toujours des renseignements très précis malgré le feu violent des mitrailleuses ennemies qui ont chaque atteints son avion.
Le 4 août 1918, il reçoit la médaille de bronze de la Valeur Militaire italienne. Sous-lieutenant à l’escadrille française SAL 16, il est décoré de la médaille d’argent de la Valeur Militaire italienne le 26octobre 1918 : Etant officier observateur d’un aéroplane qui réglait les tirs d’ une batterie de campagne, a conservé le plus grand sang froid en présence de violentes attaques de quatre appareils de chasse ennemis ; a réussi au cours du combat aérien acharné qui a duré plus de dix minutes à accomplir la difficile mission qui lui était assignée. Magnifique exemple de courage et d’abnégation. Ciel du Chemin des Dames 26 octobre 1918. Sous-lieutenant au 54ème régiment d’Artillerie détaché à l’escadrille SAL 16, il est cité à l’ordre de la 3ème Armée, par le général HUMBERT, par ordre général n° 577 du 30 novembre 1918 : Observateur, le 26 septembre 1918, effectuant un réglage d’artillerie, a livré plusieurs combats au cours desquels son pilote a été blessé et son appareil sérieusement touché. Le 7 novembre, a survolé l’ennemi sous la pluie au ras du sol, provocant des tirs violents de mitrailleuses qui ont renseigné le commandant sur la position de l’ennemi en retraite. A été obligé, son avion atteint, d’aterir dans les 1ères lignes.

Il est muté au 15ème régiment d’Artillerie le 1er janvier 1919, matricule 40128, et promu lieutenant de réserve à titre définitif àcompter du 1er mai de la même année. Passé dans la Réserve le 8 décembre 1917 (CM n° 12519 du 24 septembre 1919), il est mis en congé illimité de démobilisation, 9ème échelon, par le 54ème RAC le 22 septembre à Lyon. Il se retire à Saint-Etienne, 8 place Marengo. Il était décoré de la croix de guerre, avec 1 étoile de vermeil, et 2 palmes, de la médaille de la Victoire, de la médaille commémorative de la Grande Guerre


En campagne contre l’Allemagne du 8 décembre 1914 au 22 septembre 1919, Pierre GUINARD se trouve en Champagne du 1er septembre au 15 octobre 1915, et a participé à l’attaque de Perthes-les-Hurlus (51) le 25 septembre. Il est ensuite en Alsace, secteur  du canal, du 18 décembre 1915 au 1er février 1916. Du 2 mars au 6 juillet 1916, il est à Verdun (55), secteurs de Douaumont et de Moulainville. Du 20 décembre 1916 au 1er janvier 1917, il est dans la Somme à Villers-Carbonnel, puis dans l’Aisne, à Vic-sur-Aisne, puis de nouveau dans la Somme du 10 au 22 mars 1917, et participe à l’avance du 17 au 17 mars sur Saint-Quentin (02). Il est au Chemin des Dames (02) du 10 avril au 12 juillet 1917, secteur de Craonne, à la ferme d’Hurtebise le 16 avril, et participe aux attaques des 5 et 22 mai. Il est de nouveau en Alsace, secteur du canal de Cernay (68), du 18 juillet au 10 septembre 1917. Du 12 septembre 1917 au 2 avril 1918, il est en Champagne, secteur de Tahure (51), puis dans la Somme, secteur de Moreuil, à Hangard (80), du 4 au 25 avril. Du 11 juin au 25 juillet il est à la Montagne de Reims, secteur de Champlat-Vrigny (51), participant à l’attaque de Bligny (51), le 3 juillet attache boche du 15-17, puis attaques françaises et anglaises du 18-22 juillet. Du 25 août au 15 septembre, il est dans le secteur de Varennes-en-Argonne (55), puis dans le secteur de Bourq-et-Coin (02) le 16 septembre. Du 10 au 15 octobre, il participe aux attaques de Soupir (02), et à l’avance sur le Chemin des Dames et Sissonne (02). Du 15 octobre au 5 novembre, il reste dans le secteur de Sissonne, puis participe à l’avance de Sissonne à Rozoy-sur-Serre (02) et Rocroi (08) du 6 au 11 novembre 1918. Il aura totalisé 225 heures de vol.

 
Pierre GUINARD entre comme élève titulaire à l’ Ecole des Mines de Saint-Etienne, en première année, le 17 mars 1919. Selon son dossier, il obtient 245,38 points sur 370 aux examens de la première période, 449,50 points sur 520 aux examens de la seconde période, puis 403,21 sur 490 aux examens de la troisième période, pour l’année scolaire 1919-1920, classé 16ème sur 51 élèves. Pour l’année 1920-1921, il obtient 328,75 points sur 390 aux examens de la première période, et 557,50 sur 680 points aux examens de la seconde période, classé 13ème sur 50 élèves. Il est 13ème sur 51 élèves au classement de sortie, obtenant son diplôme d’ingénieur civil des mines, le 10 février 1921. Il est nommé aux Houillères de Saint-Etienne, poste qu’il occupera jusqu’en 1925.

Il est affecté pour la mobilisation, au 114ème régiment d’Artillerie Lourde à Valence (26) le 10 mars 1921, en exécution de la CM n° 85551/1 du 11 juin 1920, ratifiée par DM du 9 décembre 1921 (Journal Officiel du 13). Puis il est affecté au 113ème régiment d’Artillerie Lourde par DM du 1er septembre 1922 (Journal Officiel du 3, pages 9125 et 9126). Il est maintenu au 113ème RAL à Issoire (63) par DM du 9 février 1924 ( Journal Officiel du 15).

 
Pierre GUINARD se marie le dimanche 23 mars 1924 à Montluçon (03), avec Marie Nathalie Suzanne AUGOT (1902-1985). le couple aura quatre enfants : Jean-Noël (1924-1944), Pascal (1926-1973), Yves (1930-1991), et Odile née en 1938. Il était domicilié, à Creutzwald (57), le 21 novembre 1925, ingénieur aux Mines de la Houve, et occupera ce poste jusqu’en 1931. La tradition familiale veut que sa femme avait réussi à le couper de sa famille.

Il est proposé pour la Légion d’honneur à titre exceptionnel, le 1er décembre 1926 à Issoire, par le chef d’escadron GLASS commandant le 113ème RAL, avec le motif : Observateur en avion de premier ordre, d’une calme bravoure, ayant réussi brillamment toutes les missions qui lui ont été confiées, quels que soient les difficultés et les dangers. A soutenu plusieurs combats très durs contre les avions ennemis au cours de l’accomplissement de ses missions. 3 ans 2 mois 10 jours de front. 3 citations très belles. Il est de nouveau proposé pour la Légion d’honneur à titre exceptionnel par le colonel GLASS commandant le 113ème RAL en 1927, avec le même motif. Cette même année 1927, il suit les cours de l’Ecole de Metz (57), noté comme très assidu, appliqué, intelligent. A obtenu un témoignage de satisfaction à l’ordre de la Division. Pendant la guerre observateur en avion de premier ordre. Trois citations très belles, dont deux à l’ordre de l’Armée. Proposition très appuyée.

Il est affecté au Centre de Mobilisation d’Artillerie n° 16, par Décision Ministérielle du 1er janvier 1928 ( Journal Officiel du 5), mis en position hors cadres en vertu de l’article 18 de la loi du 1er janvier 1925, affecté spécial tableau 3 de la 6ème Région (DM du 6/11/28, parue au Journal Officiel le 18 novembre 1928), rayé des contrôles du CMA n° 16, avec le grade de lieutenant de réserve. La proposition de décoration pour la Légion d’honneur est renouvelée pour le même motif, le Général PAGÉZY, commandant l’Artillerie du 16ème CA mentionnant le 24 décembre 1928 : Aviateur de guerre. Très belles citations. Devrait déjà être décoré. A maintenir. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur par décret du 25 décembre 1929 (Journal Officiel du 28, pages 13885 et 13895).

Il n’effectue aucune période d’instruction en 1929 et 1930. L’Ecole de Perfectionnement de Metz (57), le note comme très assidu, appliqué, intelligent, et a obtenu un témoignage de satisfaction à l’ordre de la division par le général commandant le 6ème CA. Rayé de l’affectation spéciale, il est réaffecté au CMA n° 6 (avis de la 6ème Région n° 7116 E/I du 23 octobre 1931. Il est noté excellent officier, très apte au commandement d’une batterie. En 1932, il est proposé au grade de capitaine, et ses notes de l’Ecole de Perfectionnement d’Artillerie de Thionville sont : Assidu, Très bonnes aptitudes intellectuelles et physiques. Officier sérieux très consciencieux a de l’autorité. Possède une bonne connaissance de ses règlements et suit les cours avec beaucoup d’attention. Apte à commander une batterie. Il effectue une période d’instruction au 61ème RA du 1er au 21 août 1932. Ayant donné toute satisfaction il est  noté : Très bon officier peut faire un bon lieutenant de tir. Il était alors directeur des Mines d’Angervillers, domicilié 8 rue de Londres à Algrange (57), mines de fer d’Angervillers. Il est proposé en 1933 pour le grade de capitaine (article 33), recevant un témoignage de satisfaction à l’ordre de la Région, avec comme notes de l’Ecole de Perfectionnement de Thionville :  Très assidu. Très bonnes aptitudes intellectuelles et physiques. Beaucoup d’autorité. Possède une bonne connaissance des règles de tir, a fourni d’excellents travaux écrits. Aptitude à l’emploi de mobilisation : commandant d’une batterie à pied ou hippo. Aptitude au grade supérieur : Très apte au grade de capitaine. En 1934, il est de nouveau proposé au grade de capitaine, noté : Très assidu. TB aptitudes intellectuelles et physiques. Excellent O.R., possède de l’autorité, connait T.B ses règlements. 3 TB travaux écrits. Apte comme Cdt de batterie.


Pierre GUINARD est promu capitaine de réserve par décret du 14 juin 1935 (Journal Officiel du 25), pour prendre rang au 25 juin 1935, et accompli une période d’instruction de 14 jours au 39ème RA, au camp de Mailly (10), du 25 août au 7 septembre 1935, et est noté : Brillant officier de réservé à tous points de vue. Son affectation dans une batterie de passage est une déchéance dont souffre l’intéressé qui mérite d’être affecté au plus vite au commandement d’une batterie hippo ou comme capitaine adjoint au Cdt de groupe. Ses notes de l’Ecole de Perfectionnement d’Artillerie de Thionville sont : Assidu. Très bonnes aptitudes intellectuelles et physiques. Sérieux. Possède une bonne connaissance des règlements. Apte aux fonctions d’officier de Bie. Apte au commandement d’une batterie. En 1936, il n’effectue pas de période d’instruction, mais est cependant noté : Officier de réserve assidu. Assez vigoureux, intelligence vive, très sérieux. Bonne connaissance des règlements. Apte aux fonctions de son grade. Il n’accomplit pas non plus de période d’instruction en 1937, mais est noté : O. R. intelligent, très assidu, calme et énergique ; Esprit très militaire. Bien au courant des règlements. Très apte physiquement. Très apte à ses fonctions de mobilisation : observateur en avion. Il reçoit la croix des volontaires de 3ème classe par arrêté ministériel du 25 septembre 1937 (Journal Officiel du 14 octobre, pages 11526 et 11551). Il est affecté au CMA n° 26, par D.M. n° 781 P 1/3 en date du 15 janvier 1938. De nouveau placé en affectation spéciale, position hors cadres, 6ème Région, tableau 3, par D. M. n° 1624 P 1/3 du 3 août 1938 (CM 206, un mois non renouvelable), il participe à un exercice de cadres de la 56ème DI de 3 jours, du 3 au 6 août, comme commandant de batterie, et a été noté : Capitaine hors de pair, apportant à l’arme, toute son intelligence, sa culture, esprit calme et réfléchi. A suivi cette période d’instruction avec le souci méthodique de ne rien négliger des plus petits détails ; offre par la haute situation et la responsabilité qu’il a dans la sté civile, la garantie qu’il est un chef dans la haute conception du mot. A montré qu’il possédait à fond la connaissance des règlements. A proposer pour le grade de chef d’escadron pour lequel il est tout particulièrement désigné. Parfaitement apte à tous points de vue. L’Ecole de Perfectionnement de Thionville le note : Caractère énergique, travailleur zélé. Intelligence vaste et vive. Ingénieur civil des Mines. Directeur des mines d’Angervillers à Algrange. Très bonne connaissance des règlements. Excellent travaux et résultats. Très bonne santé. Aptitude à l’emploi de mobilisation : Très apte aux fonctions de Cdt de battrie de 75. A beaucoup de commandement. Aptitude à un autre emploi éventuel : Capitaine adjoint. Aptitude au grade supérieur : Apte. En 1939, ses notes de l’Ecole de Perfectionnement de Thionville sont : Energique, travailleur, zélé. Intelligence vive. Ingénieur civil des mines. Très bonne connaissance des règlements qu’il a encore perfectionné cette année. Conduit ses tirs avec aisance et autorité. Peut faire un très bon Cdt de batterie. Aptitudes : Commandant de brie. Capitaine adjoint.

Mobilisé le 2 septembre 1939, dépendant du centre mobilisateur de l’Artillerie de Thionville, Pierre GUINARD est rappelé sous les drapeaux du 27 septembre au 1er octobre, en exécution de la mesure n° 99, et est placé dans la position hors cadres, affectation spéciale 6ème Région, tableau 3, par décision n° 16124 P1/3 du 3 août 1939 (CM 206, un mois non renouvelable). Il rejoint l’Etat-Major de l’Artillerie du Secteur Fortifié de Thionville (SFT), et prend les fonctions de commandant de la 1ère Compagnie de Destruction Minière.
Le SFT est sous le commandement de la 6ème Région militaire, dont le QG est à Metz. A la déclaration de la guerre en 1939, il passe sous commandement de la 3ème Armée. Dès la mobilisation générale, il était prévu d'évacuer les civils de la zone comprise entre la frontière etle ligne principale de défense, ce qui pose un problème de sauvegarde des installations des sociétés minières, dont nombre d'entre elles sont situées en zone évacuée. Au milieu des années 30, les sociétés concessionnaires onr demandé à ce qu'un munimom de leur personnel soit maintenu sur place, dans le but d'éviter l'ennoyage des galeries et les dégradations des équipements, du fait de l'absence d'un minimum de personnel chargé d'assurer le maintien en service des installations vitales. Consciente de ce problème, l'autorité militaire accorda la possibilité de maintenir sur place des équipes composées d'affectés spéciaux issus de ces sociétés et chargées du maintien des installations.
A partir de février 1939, une note ministérielle précise donc la formation, la constitution et les missions des ces équipes, les Compagnies Auxiliaires de Destruction Minières (CADM). Les missions comprennent la destruction des installations, après récupération du matériel, de l'outillage et des stocks (Charbon, bois, huile, outils) en cas d'avancée de l'ennemi. Unités non combattantes, les CADM n'étaient pas armées (sauf les officiers, probablement), mais portaient l'uniforme. Pour la Région Fortifiée de Metz, il y eut ainsi 3 CADM, qui furent mises sur pied à partir du 24 août 1939 par le Centre Mobilisateur du Génie de Metz (CMG 2). Elles étaient composées de personnels locaux des sociétés concessionnaires qui n'ont pas effectué de service militaire, mobilisés sur place, encadrés par des sous-officiers pris parmi les chefs d'équipes, et d'officiers choisis parmi les ingénieurs, et qui sont par ailleurs officiers de réserve. Fortes de 300 personnes au début, elle sont réduites au personnels nécessaires au maintien et à la destruction des installations, une fois les matériels et outillages évacués.
La 1ère CADM est mise sur pied par le CMG 2 de Metz, en vertu de la Décision Ministérielle n° 1872 I/E.M.A. du 25 février 1939. Elle est constituée de personnel local en affectation spéciale. Elle doit récupérer le matériel et l'outillage des mines du secteur de Thionville, et procéder sur ordre aux destructions nécessaires, afin d'éviter l'utilisation des installations par l'ennemi. La compagnie, placée sous l'autorité directe du commandant du génie su SFT,
compte 9 officiers, 13 sous-officiers ou caporaux, et 121 hommes de troupe, comme prévu par la DM du 25 février 1939, répartis en 4 sections (voir site wikimaginot.eu pour plusde précisions sur la composition et la zone de compétence des sections). Elle confiée au commandement du capitaine Pierre GUINARD, réserviste, occupant des fonctions de direction dans les mines du secteur de Thionville avant la guerre, qui a été désigné par le commandant du Génie du SFT. 
Le 30 janvier 1940 par ordre n° 9, Pierre GUINARD fait l’objet d’un témoignage de satisfaction mis à l’ordre de la Région pour le motif : S’est montré continuellement assidu et zélé au cours des séances des Ecoles de Perfectionnement, y a fourni un travail soutenu et a été pour ses camarades d’un excellent exemple. Le 10 juin 1940, il rejoint l’Etat-Major d'Artillerie (E.M.A.) du secteur fortifié de Thionville à Forcelles-Saint-Gorgon (54).

Rappel historique : le 12 juin 1940 à 13h15, le général Weygand signe l’ordre de repli général préparé la veille. Il entend ainsi éviter l’encerclement de ces troupes, et y maintenir la cohésion des armées. Le retarit doit s’effectuer sur une ligne allant de la Suisse à la mer, par Les Rousses, Champagnole, Dole, la Côte d’Or, le Morvan, la Loire de Briare à Tours, Alençon et Caen. Pour ce qui est de la Ligne Maginot, il est décidé de l’abandonner le plus vite possible, avec un retrait sur l’axe Sarrebourg, Epinal, Dijon, les équipages des ouvrages devant couvrir la retraite avant e rejoindre le gros des troupes. En Lorraine, en Alsace et en Franche-Comté, les essaient d’exécuter l’ordre de repli pour se regrouper dans la région de Dijon, distant de 250 kilomètres. Or, dès le 11 juin, Guderian s’était ouvert une brèche entre les IIIème et IVème Armées, comme Manteuffel l’avait fait en 1870 contre Bourbaki, coupant ainsi la retraite, rendant effectif  l’encerclement de la Ligne Maginot. 

Pierre GUINARD, capitaine à l'Etat-Major de l'Artillerie du Secteur Fortifié de Thionville (57), matricule 840, résidant alors au 16 Bd Carnot à Montluçon (03) est fait prisonnier le 19 juin 1940 (ou le 21, selon les documents) à Forcelles-Saint-Gorgon, en même temps qu'un collègue, capitaine lui aussi à l'E.M.A. du SF Thionville. Il est tout d’abord interné à l’école de la Malgrange à Nancy (54) le 25 juin, et jusqu’à la suppression de ce camp le 14 août 1940, puis à l’Oflag VI D à Münster (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), sous le n° 624 (voir bordereau de libération n°105 de l'Oflag VI D). Ce camp était une caserne neuve qui avait été construite pour les cadets de l’armée allemande. Dès février 1940, des officiers français faits prisonniers pendant la campagne de France y furent détenus. Cet oflag sera dissout après le parachutage des troupes alliées sur Nimègue et Arnhem les 18 et 19 septembre, et les prisonniers transférés au camp de Soest, dans une caserne située à 4 kilomètre au nord de Münster (oflag VIA). Au début le camp a accueilli des officiers venus de Nancy qui furent renforcés par des officiers venant du camp VI C et ensuite du VI D. Les aspirants en furent exclus en novembre 1940, puis les sanitaires en février 1941 partirent et les pères de quatre enfants en avril et les anciens combattants en août de la même année. Il y eut aussi des départs de malades et autres rapatriés mais les effectifs augmentèrent pour commencer à mille en 1940 et finir à trois mille en 1944. Les officiers désœuvrés de l'Oflag VI-D montèrent une troupe de théâtre extrêmement active : entre octobre 1940 et mai 1942, elle donna plus de 230 représentations de 47 pièces différentes. Dans la salle du théâtre sont aussi jouées des œuvres de musique symphonique, de chant ou de chambre; elle accueille aussi des formations de jazz, de musette ou tzigane.


D’après le dossier de prisonnier de Pierre GUINARD, la personne à prévenir est Mr SAINT-FRISON, demeurant 3 rue d’Amboise à Clermont-Ferrand (63). Dans ce camp de prisonniers, il n’a pas fait partie des «cercles Pétain», et a donné une conférence sur les mines de Lorraine en mai 1941. Le 6 juin 1941, après un an de captivité, il est libéré, en qualité d’ancien combattant de la Guerre 1914-1918 et père de 4 enfants. Il quitte Münster, et transite par le Stalag XII/A à Limburg-an-der-Lahn dans le land du Hesse. Il arrive au centre de triage de Chalon-sur-Saône (71) par le train numéro 100031 du 15 juin 1941. Le 16 juin 1941 par le train de 8h10, il est dirigé sur le Camp de Sathonay (69) où il est démobilisé par le centre de Lyon-Vitriolerie, selon la liste numéro 102758 du CT de Sathonay.

Pierre GUINARD est rappelé à l’activité le 10 novembre 1944, et mis à la disposition du Grand Quartier Général Interallié, et est affecté au SHAEF (Supreme Headquater Allied Expeditionary Force) - Solid fuel section, à Aix-la-Chapelle (Allemagne), en qualité d'ingénieur, envoyé pour une mission d'expertise dans les mines de la Sarre afin de vérifier leur état de fonctionnement au début de la débâcle des allemands. Le 1er mai 1945, il est nommé officier de contrôle de 3ème classe (assimilé à commandant) auprès de la Mission française de contrôle des mines de la Ruhr (Allemagne). Démobilisé le 15 septembre 1945, il est renvoyé dans ses foyers.

Directeur des mines de la Société des Aciéries de Longwy, employant 2000 ouvriers, une fiche de renseignements (page 1, page 2, page 3, page 4) d’officier de réserve de juin 1948 mentionne ses différents domiciles depuis le 1er septembre 1939 : Jusqu’au 1er janvier 1941, chez Mr AUGOT, parc des Privales à Néris-les-Bains (03), du 1er septembre 1941 au 15 septembre 1942, 1 rue Penavayre à Rodez (12), du 15 septembre 1942 au 1er novembre 1945, 7 rue du Colonel Moll à Paris (17e), depuis le 1er novembre 1945, la Roseraie, à Mont-Saint-Martin (54). Cette maison était l’ancienne maison de Jean-Baptiste CLÉMENT, l’auteur du Temps des Cerises. Le colonel ROUCAUD, commandant la subdivision de Nancy le note ainsi  le 7 août 1948 : Officier de réserve trop âgé pour être promu.

Atteint par la limite d’âge de son grade, Pierre GUINARD est rayé des cadres à compter du 3 février 1949, par décret du 25 avril, en application de l’article 12 de la loi du 8 janvier 1925 sur l’organisation des cadres des réserves de l’Armée de Terre, et par décision ministérielle du même jour, et admis à l’honorariat de son grade de capitaine de réserve. Il est promu officier de la Légion d’honneur, par décret du 31 juillet 1959. Le 15 novembre 1971, il avisait l’Armée qu’il transférait sa résidence de l’Avenue de la Gare à Mont-Saint-Martin (54), aux Glaïeuls, 16 Avenue Scuderi à Nice (06).

Pierre Aimé GUINARD est décédé le jeudi 8 août 1991 à 6h30, à l'âge de 97 ans, Bd du Général Leclerc, à Neuilly-sur-Seine (92).


Sources :
- Registres d’état-civil de Saint-Etienne (42), Montluçon (03), Neuilly-sur-Seine (92),
- Service Historique de la Défense, département de l’Armée de Terre, 4Ye 59603, dossier d’officier,
- Service Historique de la Défense, département de l’Armée de l’Air, 2A102/6 à 13, Carnets de comptabilité en campagne,
- Service Historique de la Défense, département de l’Armée de l’Air, G/2086/1, Historiques d’escadrilles françaises, 1914 à nos jours, colonel Blech, tome 1, 1993,
- Service Historique de la Défense, département de l’Armée de l’Air, U53/6, L’aviation Française 1914-1940, ses escadrilles ses insignes, commandant E. Moreau-Bérillon, Paris,
- Service Historique de la Défense, département de l’Armée de Terre, 562 GRA, Les Grandes Unités Françaises, Historiques succincts, Etat-major de l’Armée de Terre, Paris 1967, tome 3, pages 653-662,
- Registres Matricules Militaires, AD Loire 1R1671,
- Bureau des Archives des Victimes des Conflits Contemporains à Caen, dossier de prisonnier,
- Archives de l’Ecole des Mines de Saint-Etienne, AD Loire 6ETP503,
- Archives Municipales de Saint-Etienne, Histoires stéphanoises, Ecola Nationale Supérieure des Mines,
- Grande Chancellerie de la Légion d’honneur,
- Archives Nationales, site de Fontainebleau (77),
- Journal Officiel de la République Française,
- https://www.mines-stetienne.fr,
- http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/article.php?laref=1,
- La Seconde Guerre Mondiale, par Raymond Cartier, tome 1 1939-1942, Paris Presses de la Cité, 1965, pages 200-201 et 212,
- https://fracademic.com/dic.nsf/frwiki/2064876
- http://memoiresdeguerre.com/article-oflag-vi-d-117539616.html

- site web wikimaginot.eu.

Crédits photographiques :
- Photos famille GUINARD,
- www.crdp-strasbourg.fr,
- L’aviation Française 1914-1940, ses escadrilles ses insignes, commandant E. Moreau-Bérillon, Paris,
- https://imgv2-1-f.scribdassets.com,
- http://www.en-noir-et-blanc.com/camp-de-mailly-p1-1341.html,
- https://www.hdmedia.fr/photos360/fr-gt-media-54-retonfey/360/cbpQepdzh/prints/photo93314_6.jpg,  
- http://danielsaillant.blogspot.com,
- http://warnepieces.blogspot.com/2014/05/a-hard-rains-gonna-fall-flechette-use_24.html,
- https://www.geneanet.org/forum/viewtopic.php?t=494218,

- https://www.geneanet.org/forum/posting.php?mode=quote&f=130&p=866314.

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