Note individuelle
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C'est à la princesse Constance PONIATOWSKI, spécialiste de la presse féminine, qu'échoit la mission de fusionner Version femme et Femina hebdo, pour créer le plus grand magazine féminin européen, Version femina.
Elle n'est pas la fille de Michel PONIATWSKI, ancien ministre de GISCARD, mais l'épouse de son fils, le prince Ladislas, sénateur de l'Eure. Voilà pour la question que tout le monde lui pose. Elle est bien la fille d'Olivier GUICHARD, lui aussi ancien ministre, un baron du gaullisme. La politique n'est d'ailleurs pas absente de l'affaire. À cinquante ans, Constance PONIATWSKI devra déployer un sacré sens tactique pour piloter Version femina qui, avec une diffusion de 3,6 millions d'exemplaires, se présente comme le plus grand magazine féminin européen. La mission est d'autant plus délicate que cet hebdomadaire est issu de la fusion de Femina hebdo, du groupe Hachette Filipacchi Médias, et de Version femme (Socpresse).
Après des mois de tractations, de réorganisation et d'études, le nouveau-né a vu le jour avec trois mois de retard le mercredi 3 avril, dans L'Yonne républicaine. Il sera ensuite distribué ce week-end dans tous les coins de France, avec trente-deux quotidiens régionaux. Seuls Ouest France, le Midi libre et Le Républicain lorrain résistent toujours. « Constance PONIATWSKI a fait l'unanimité pour prendre la direction de la rédaction », lâche Bernard VEREANO, le patron des suppléments du groupe Figaro, qui travaille sur le produit avec elle et son homologue d'Hachette Filipacchi Médias, Philippe ZAGDOUN. Cette journaliste de presse féminine chevronnée est pourtant issue du groupe Hachette, arrivée au début de l'aventure Femina hebdo pour réaliser les huit pages parisiennes du supplément Femina du Journal du dimanche. C'est ensuite pour décliner ce principe d'un cahier local réalisé sur place qu'elle a pris sa valise pour rencontrer un à un les éditeurs de province. « Province ? J'ai oublié le mot », assure-t-elle. Elle préfère parler des régions. La Montagne, Sud-Ouest ou Le Télégramme n'ont pas de meilleure avocate. « Des gens formidables, extrêmement professionnels ».
Mais son meilleur atout réside dans sa parfaite connaissance de la presse féminine, où elle a fait toute sa carrière. Après être entrée, « par hasard », à dix-neuf ans, à Lisette, magazine de Bayard Presse consacré aux filles de 8 à 12 ans, elle participe, chez Aguesseau, à la création d'un nouveau féminin, Jacinthe, sous la houlette de Marie-Claire PAUWELS, qu'elle suit ensuite à Madame Figaro. Quand les éditions Côté Sud créent Biba, elle choisit, comme pigiste, d'écrire des billets, des « J'aime ou J'aime pas » les dîners en ville, les repas en famille, etc. « Ses textes étaient comme elle : très simples, vifs, légers, avec beaucoup de recul et d'humour », se souvient Élisabeth LEFEBVRE, fondatrice du groupe Côté Sud. Douze années plus tard, elle est directrice de la rédaction de Biba. « J'ai adoré ce titre dédié aux femmes qui voulaient tout faire à la fois : boulot, enfants, mec », dit-elle. Fin de l'aventure lorsque le féminin échoit chez Excelsior Publications. « Nous étions deux pour le même poste : je suis partie triste, très triste. » Elle se console alors pendant trois ans à la télévision, sur La Cinquième ou Arte, avant de rejoindre Femina hebdo.
C'est à son tour, désormais, de gérer les départs, « en essayant de faire le moins de mal ». Les effectifs ont été réduits de moitié de chaque côté. Installée rue Danton à Levallois-Perret, à deux pas du siège d'Hachette Filipacchi Médias, elle doit faire fonctionner en symbiose le reste de deux équipes. Mesure d'économie. Femina hebdo accuse 23 millions d'euros de pertes cumulées depuis son lancement. Et Version femme en a perdu quatre en 2001. Aucun des deux suppléments ne prévoyait de retour sur investissement à moyen ou long terme. Dans un contexte aussi délicat, Constance PONIATOWSKI a pour elle un tempérament égal, assorti à son prénom. « Elle avait horreur des conflits, ne savait pas vraiment trancher. C'était plutôt une diplomate, souple et conciliante : elle réglait tout dans un éclat de rire », se souvient Élisabeth LEFEBRE. Ou presque tout. Ses amis le savent : la politique, seule, la fait sortir de ses gonds. Les administrés de Ladislas PONIATOWSKI ne la voient pas souvent. « Je pars du principe que c'est son métier et pas le mien. S'il était dentiste, ce n'est pas moi qui tiendrais la fraise. » Les choses sont claires. Heureusement, Version femina n'aborde pas le sujet.
Information traitée dans Stratégies Magazine n°1231.
(Source : voir fichier Geneanet fraternelle.org).
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